2024 01 23

De plus en plus de dirigeants en Europe osent désormais le sous-entendre : une victoire russe en Ukraine aurait des conséquences directes sur la stabilité de toute l’Europe. L’inquiétude se concentre notamment autour la région de l’enclave russe qui se trouve entre la Pologne et les pays baltes.

Tout comme les pays baltes, la Pologne a construit en 2022 une clôture à sa frontière avec la Russie, ici dans l’oblast de Kaliningrad.

Emmanuel Macron l’a réaffirmé mardi 16 janvier lors d’une conférence de presse : « Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner ». Comme d’autres dirigeants, le président français voit la sécurité de l’Europe, notamment celle de tout le voisinage russe, dépendre de l’issue du conflit en Ukraine.

Alors que pendant longtemps, personne (sauf nous !) n’évoquait le scénario d’une victoire russe, il est aujourd’hui sérieusement envisagé un peu partout en Europe.

Il y a quelques semaines, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, évoquait une victoire « lourde de menaces », sous-entendant qu’une victoire de la Russie encouragerait Vladimir Poutine à lâcher ses troupes plus à l’Ouest pour installer un conflit au cœur de l’Europe. Cette petite musique angoissante revient de plus en plus et l’on a du mal à savoir si ce discours alarmiste sert avant tout à bousculer l’opinion, ou si le risque est bien réel.

MOUVEMENT DE PANIQUE EN SUÈDE

On s’inquiète surtout à l’est de l’Europe. La Pologne, les États baltes et, depuis la semaine dernière, les autorités suédoises, envisagent une invasion russe. En Suède, le ministre de la Défense civile et le chef d’État-major des armées ont publiquement affirmé que la menace d’une guerre « sur le territoire suédois » était bien réelle. S’est ensuivie une panique dans tout le pays. Des magasins ont même été pris d’assaut pour se procurer du matériel de survie.

L’opposition a alors accusé le gouvernement de « propager la peur » sans raison concrète. Le ministre de la Sécurité civile, Carl-Oskar Bohlin, a donc trouvé nécessaire de faire une petite mise au point : « Personne n’a dit que la guerre était imminente, mais ce que nous voulons dire, c’est que nous avons maintenant l’occasion de renforcer la préparation de la Suède. L’incertitude qui règne dans le monde qui nous entoure n’a pas été aussi grande depuis très, très longtemps. »

Il faut dire que rien ne justifiait vraiment les premières déclarations des autorités suédoises. Depuis le début du conflit en Ukraine, l’indicateur de menace n’a pas évolué pour le pays. Bien sûr, anticiper un conflit, organiser la défense, tout cela fait partie des responsabilités des dirigeants, mais aller jusqu’à en informer la population peut mettre en péril la stabilité du pays.

EN ALLEMAGNE

La presse allemande fait aussi référence à une possible percée de la Russie vers l’Europe. Attention, un seul article paru dans le tabloïd Bild prétend s’appuyer sur un document classé secret défense – une seule et même source – décrivant une escalade entre l’Otan et la Russie. Cette source prétend que des troupes russes envisagent dès 2024 de relier leur enclave de Kaliningrad par le corridor de Suwalki, entre la Pologne et la Biélorussie.

La fuite de tels détails stratégiques, dans un contexte aussi brûlant, ne semble pas très sérieux. Ce contenu, désormais accessible à tous, alimente la paranoïa, mais rappelle surtout l’importance d’une victoire ukrainienne sur la Russie, à une période où les Occidentaux commencent à se désintéresser de la guerre en Ukraine.


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