Karel Huybrechts pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2023 10 16/ Série V/

Pour le Nagorno-Karabagh c’est terminé,
le conflit s’est déplacé vers
l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan :

POUR LE NAGORNO-KARABAGH C’EST TERMINE,

Cette enclave peuplée d’Arméniens chrétiens, mais située en Azerbaïdjan turcophone et musulman, a fait l’objet d’une attaque éclair des forces azéries le 19 septembre. La République du Haut-Karabakh a été dissoute et en 10 jours seulement, cette petite région indépendantiste s’est totalement vidée de ses habitants.

Les Arméniens du Haut-Karabakh ont tout quitté pour se réfugier en Arménie. Comment un tel exode a-t-il pu se produire ? C’est la conséquence d’un conflit centenaire. Le Haut-Karabakh, territoire montagneux du Caucase pour lequel se sont battus deux pays voisins, l’Arménie et l’Azerbaïdjan et où la guerre est revenue à chaque fois que la situation internationale se tendait.


ARMENIE-AZERBAÏDJAN: LA PROPOSITION IRANIENNE SUR L’ENCLAVE AZERBAÏDJANAISE DU NAKHITCHEVAN

L’Azerbaïdjan a donc repris – fin septembre – le contrôle total sur sa région sécessionniste du Haut-Karabakh, trois décennies après l’avoir perdue. Les 100 000 Arméniens de l’enclave fuyaient aussitôt la région, pour se réfugier dans l’Arménie voisine. Fort de cette victoire historique, l’Azerbaïdjan, a rappelé à Erevan son engagement à ouvrir une route vers le Nakhitchevan. Et cela a fait craindre une nouvelle crise dans la région, voire une guerre.

L’Arménie s’était engagée à ouvrir une route vers le Nakhitchevan, une route très problématique, puisqu’elle est censée être ouverte au profit des deux pays avec qui l’Arménie est en conflit, l’Azerbaïdjan et la Turquie.

LE NAKHITCHEVAN, ENCLAVE DE 15 KILOMETRES CARRES

Cette obligation était née de la signature par le Premier ministre arménien Nikol Pachinian de la déclaration de cessation des hostilités de la guerre de l’automne 2020, négociée par le président russe Vladimir Poutine. En son article 9, cette déclaration prévoyait que l’Arménie, perdante de cette guerre pour le Haut-Karabakh, devait permettre à l’Azerbaïdjan d’avoir une voie terrestre directe le reliant à sa province du Nakhitchevan, enclavée entre l’Arménie, la Turquie et l’Iran.

La déclaration de 2020 a été largement ignorée par l’Azerbaïdjan qui a repris le Haut-Karabakh, contre sa lettre et son esprit. On peut donc penser que le texte est caduc. Mais c’est surtout la décision surprise de l’Iran qui a coupé court aux spéculations, en proposant que la liaison terrestre entre l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan passe par son territoire. Et cela a été accepté par les présidents azerbaïdjanais et turc, Ilham Aliev et Recep Tayyip Erdogan. Sur fond, semble-t-il, de pressions internationales pour défendre l’intégrité territoriale arménienne.

LES CRAINTES DE TEHERAN

L’Iran veut éviter un nouveau coup de force de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie. Téhéran avait exprimé sa vive inquiétude, puis proposé d’envoyer des observateurs pour prévenir une attaque armée.

La République islamique préfère une route qu’elle contrôle plutôt qu’une route passant par l’Arménie, afin de ne pas risquer de perdre sa frontière avec cette dernière et de voir l’Azerbaïdjan être son principal voisin du Nord-Ouest. Téhéran et Bakou ont en effet des relations historiquement tendues, l’Azerbaïdjan ayant, via ses franges nationalistes, des revendications territoriales sur le nord de l’Iran, qui est habité par une population azérie, turcophone, qui représente autour de 25% de la population iranienne.

L’IRAN MET EN GARDE CONTRE TOUT «CHANGEMENT GEOPOLITIQUE» DANS LE CAUCASE

L’Iran a mis en garde lundi 1ᵉʳ octobre contre « tout changement géopolitique » dans le Caucase, tout en reconnaissant la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh.

Face au conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, l’Iran, frontalier avec les deux pays, a opté lundi 2 octobre pour une position médiane. « Nous sommes opposés à la modification des frontières internationales et aux changements géopolitiques dans la région », a déclaré Nasser Kanani, porte-parole de la diplomatie iranienne.

D’un côté, l’Iran soutient l’annexion du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan. Mais de l’autre, Téhéran rejette une éventuelle attaque et occupation du sud de l’Arménie par l’Azerbaïdjan, qui couperait l’accès de l’Iran à l’Arménie.

Selon certains médias, l’Azerbaïdjan pourrait tenter d’attaquer le sud de l’Arménie pour permettre d’avoir une continuité territoriale avec l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan et la Turquie.

M. Kanani a par ailleurs rappelé que l’Iran soutenait l’intégrité territoriale de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan et était favorable au développement des routes de transit entre les différents pays de la région. Téhéran a soutenu ces dernières années l’Arménie, en développant des liens économiques et politiques avec ce pays.

Les médias iraniens dénoncent par ailleurs les relations entre l’Azerbaïdjan et Israël, en soutenant notamment que cela représentait une menace pour la sécurité de l’Iran. Bakou achète en effet des armes à Israël, ennemi juré de l’Iran.


Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire – Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
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