REVUE DE PRESSE
Avec LE TEMPS/ 2020 04 06/

« Il y a des cas où il faut mettre, pour un moment, un voile sur la liberté comme on cache les statues des dieux »
– Montesquieu (le philosophe des démocraties occidentales).

« Il y a un vrai danger que la pandémie de Covid-19 devienne notre nouvelle guerre contre le terrorisme, une excuse pour divers gouvernements pour saper les droits fondamentaux en exploitant les peurs des gens (…) Une fois que les gouvernements ont acquis de nouveaux pouvoirs, il est difficile pour les citoyens d’exiger de retrouver leurs droits, analyse-t-il. Prenez les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Certaines des mesures d’exception prises par le gouvernement américain sont toujours en place. La prison de Guantanamo est toujours ouverte. Les assassinats ciblés sont toujours pratiqués et la surveillance de masse continue »
– Le Temps (ce 3 avril).

Je ne suis pas l’inventeur, ni le premier utilisateur, du terme « corona-dictature ». Les inventeurs ce sont le parti flamand NVA, premier parti de Flandre et de Belgique, au pouvoir dans la Région flamande de l’Etat fédéral belge. Parti qui s’est vu écarté du pouvoir fédéral par une coalition de partis minoritaires belgicains, dont les libéraux francophones et flamands du MR et de l’OPEN VLD, les perdants des dernières élections. Un « coup d’état constitutionnel » sous prétexte de lutte contre la pandémie disent avec raison les nationalistes flamands !
C’est ce 3 avril un grand quotidien du Système suisse, Le Temps de Genève, qui dénonce les coups de force constitutionnel dans tout le Bloc occidental. Un constat sans appel …
LM

* Voir sur LUC-MICHEL-TV/
LUC MICHEL/ LE DEBAT PANAFRICAIN 2020 03 22 :
VOICI VENIR LE TEMPS DES ‘CORONADICTATURES’
sur https://vimeo.com/399472517

# « LE CORONAVIRUS REBAT LES CARTES, TOUTES LES CARTES »
(LE TEMPS, GENEVE, 3 AVRIL 2020)

Extrait 1 : « Vous vous en êtes à coup sûr rendu compte: l’épisode que nous vivons en ce moment change nos vies. Et il y a de fortes chances que plusieurs de ces changements perdurent, bien après la crise.
En politique d’abord, certains Etats exploitent la situation actuelle pour museler toute opposition et mieux contrôler leur population. Historiquement, on sait que les lois d’urgence survivent en général bien après les causes qui avaient servi à les justifier (…)
Au niveau administratif également. La crise actuelle dope les partisans d’une transformation rapide de nos institutions et une adoption massive des nouvelles technologies. E-gouvernement, identité numérique, parlement virtuel… sont plébiscités pour éviter le blocage du pays ». Ce qui réduira en fait le contrôle démocratique ;;;

# «LE COVID-19 POURRAIT DEVENIR NOTRE NOUVELLE GUERRE CONTRE LE TERRORISME» (LE TEMPS, GENEVE, 3 AVRIL 2020)

Extrait 2 : « Les restrictions imposées pour combattre la crise sanitaire due au coronavirus inquiètent les défenseurs des droits fondamentaux. Elles pourraient durer bien au-delà de la fin de la pandémie (…) et rappelle les effets encore durables de telles mesures aux Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001
Le Covid-19 est-il l’occasion rêvée pour les autocrates en puissance de renforcer leur pouvoir? Certains scientifiques voient une corrélation entre une plus forte prévalence de maladies au sein d’une population et un surcroît de politiques autoritaires (…) Le prolongement des confinements, l’engagement de l’armée et de la police pour les faire respecter, la suspension apparemment temporaire des parlements au profit du pouvoir exécutif sont des mesures sans doute nécessaires. Mais leurs effets à long terme inquiètent. Des mesures d’exception sont nécessaires face à l’urgence sanitaire de la pandémie de SARS-CoV-2 (…) Selon les défenseurs des droits fondamentaux toutefois, nombre de libertés qui sont au cœur des démocraties, liberté d’expression, d’association, de manifestation, de la presse, etc. sont en danger. Ils tirent la sonnette d’alarme (…) Le Patriot Act américain a laissé des traces. »

« ABUS DE L’ÉTAT D’URGENCE EN FRANCE »

Extrait 3 : « Les organisations de défense des droits humains ont dénoncé à l’époque les abus de l’état d’urgence en France au lendemain des attentats terroristes de novembre 2015. Les dispositions d’exception prises à cette période appartiennent désormais au droit commun. Quand le président Emmanuel Macron déclare que «nous sommes en guerre» contre le coronavirus, la métaphore est forte et susceptible de sensibiliser un public au vrai danger de la pandémie. Mais un tel vocabulaire guerrier pourrait justifier des mesures répressives «et transformer une crise sanitaire en crise sécuritaire», prévient Florian Bieber dans Foreign Policy. »

Extrait 4 : « Les démocraties limitent elles aussi ces libertés au nom du combat justifié contre la pandémie. Tout est question de proportionnalité. Ces jours-ci, la Corée du Sud est montrée en exemple pour son dépistage systématique qui a permis de contenir la propagation du Covid-19. Séoul «a transmis des informations détaillées et très claires sur le mouvement de personnes à tout individu qui aurait pu avoir des contacts avec eux», nuance toutefois le directeur de HRW. Le Covid-19 est un prétexte tout trouvé pour renforcer de façon massive la surveillance digitale des citoyens.

« L’OPINION:
LA SURVEILLANCE, À MANIER AVEC UNE EXTRÊME PRÉCAUTION »

Extrait 5 : « L’une des libertés qui préoccupent les tenants de la démocratie, ce sont les élections. A commencer par les Etats-Unis. Donald Trump laisse planer le doute bien que la Constitution soit claire à ce sujet, obligeant le président sortant, s’il n’est pas réélu, à quitter la Maison-Blanche en janvier 2021. En Serbie et en Macédoine du Nord, les élections d’avril sont repoussées, comme les élections locales de mai au Royaume-Uni. Florian Bieber est catégorique: «Renvoyer des élections pendant des mois est susceptible de priver lesdits gouvernements de leur légitimité et de permettre à des autocrates d’exploiter ces retards pour renforcer leur pouvoir» … »

« FACE AU VIRUS, LA TENTATION DE LA MANIÈRE FORTE »

Extrait 6 : « Le monde est «en guerre». Une guerre qui fait des ravages économiques, qui cloue les avions au sol mais qui commence aussi à déployer un peu partout ses effets politiques: de la Hongrie à l’Inde, d’Israël au Chili, des Philippines à l’Irak, le recours à la manière forte est devenu tentant, un peu partout. Pandémie et autoritarisme ne semblent pas, à première vue, faire bon ménage, tant les appels à la raison et à la science sont aujourd’hui prédominants. Pourtant, autant les régimes «illibéraux» semblent accuser le coup face à leur propre incompétence, autant il ne leur a fallu qu’une toute petite période pour se ressaisir et relever la tête.
Au cœur même de l’Europe, la Hongrie est devenue, une fois encore, l’emblème de ce mouvement. En début de semaine, le premier ministre Viktor Orban a obtenu du parlement le droit de légiférer par décrets grâce à l’instauration d’un «état d’urgence» proclamé pour une durée indéterminée. Des mesures d’«exception» – fortement critiquées par l’opposition hongroise mais aussi par les partenaires de l’Union européenne – qui non seulement suspendent les droits du parlement mais qui rendent également possibles de lourdes sanctions contre ceux qui propagent de «fausses nouvelles» (5 ans de prison) ou ceux qui tentent d’échapper au confinement (jusqu’à 8 ans d’emprisonnement). Voilà dix ans que le dirigeant hongrois est accusé de multiplier les atteintes aux droits de l’homme et à l’indépendance de la justice. La «loi coronavirus» donne à Viktor Orban de nouvelles prérogatives dont, selon les partis d’opposition, il rêvait depuis longtemps. «La crainte, c’est que l’administration Orban se transforme aujourd’hui en une vraie dictature», écrit le juriste hongrois Daniel Karsai. »

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