PCN-SPO/ 2020 03 07/
Une excellente analyse de nos camarades du Québec – le très influent site québecquois (une gauche marxiste, mais ouverte) -, qui démonte l’imposture des présidentielles américaines et en particulier celle de la « gauche américaine » …
L’INNOCUITÉ DES ÉLECTIONS BIDON
Poser la question de la futilité des élections présidentielles américaines (française, russe, chinoise, allemande, canadienne, etc.) c’est poser la question de : «Qui gouverne ce pays – ou plutôt qui gouverne l’économie mondialisée financiarisée ?».
Un lecteur propose une réponse qui va comme suit : «Gouverne l’Amérique, les lobbyistes qui ont acheté le Congrès : ceux qui financent les campagnes électorales américaines exigent en retour de placer leurs hommes aux postent clés. C’est pour cela qu’ils financent à la fois les Républicains ET les Démocrates, ainsi ils sont surs de gagner à tous les coups. Cela est tellement évident que je me demande quel degré de naïveté il faut atteindre pour croire que Sanders va changer quelque chose à la gouvernance de l’Amérique.» (1)
Pourtant, ce lecteur idéaliste se laisse berner par Bernie et par tous les médias bourgeois et par les acteurs de la scène politique américaine. Ce n’est pas un comité secret – de lobbyistes comploteurs – qui dirige l’économie capitaliste mondiale. Le mode de production capitaliste est régi par des lois impératives – intrinsèques au système économique et tous les comités secrets – tous les politiciens – toutes les institutions bourgeoises nationales et/ou internationales ont pour mandat d’appliquer ces lois incontournables. Ils et elles le font avec plus ou moins de talent et de succès, c’est l’unique critère qui différencie un gouvernement de gauche d’un gouvernement de droite. L’un proposera de libéraliser le crédit et d’imprimer de l’argent à vau-l’eau pour stimuler artificiellement la consommation bidon, jusqu’à ce que le pays, croulant sous l’endettement, un parti d’opposition s’empare du contrôle de l’appareil d’État – à l’occasion d’une mascarade électorale bancale – et impose une politique d’austérité afin de forcer les salariés à rembourser les créanciers de l’État endetté. Et ainsi, oscille de gauche à droite le balancier d’alternance politique du grand capital financier (2). C’est la raison pour laquelle nous, prolétaires révolutionnaires nous déconseillons aux prolétaires de participer à ces mascarades électorales, où une faction de la bourgeoisie (de droite) affronte une faction de la bourgeoisie (de gauche), et où le prolétariat est invité à se soumettre et à renoncer à ses droits de classe, Bernie Sanders n’étant qu’un polichinelle de gauche dans cette mascarade misérable (3).
LA MASCARADE ÉLECTORALE AMÉRICAINE EST À L’IMAGE CHAOTIQUE DE L’ÉCONOMIE YANKEE
Les États-Unis, le centre hégémonique de l’empire en déclin, vivent une nouvelle période de frénésie électoraliste comme tous les quatre ans depuis plus de deux-cents ans. Cette période d’apoplexie démocratique n’apportera rien de neuf, pas plus que les dizaines de mascarades électorales présidentielles qui ont précédé. Quand je dis, les «États-Unis» vivent sous l’hystérique «démocratie», vous aurez compris que je ne considère que l’Amérique dirigeante – l’Amérique du capital, – l’Amérique de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie – les hommes de main et les sous-fifres des précédents. Pour ce qui concerne le salariat, le prolétariat et son fer de lance la classe ouvrière américaine, si ce n’étaient des syndicats proformats il y a belle lurette que l’infime minorité qui s’adonne encore à l’exercice de «voter par devoir citoyen» aurait cessé ce genre d’absurdité. Il est totalement erroné de prétendre que cette Nième mascarade électorale américaine «brosse un tableau de la guerre des classes aux États-Unis d’Amérique» (4).
Les meneurs de claques de cette kermesse redondante sont constitués des petits-bourgeois professionnels, cléricaux, des communications, de l’éducation, des services gouvernementaux et de la florissante industrie des ONG. Bref, une large couche de salariés non producteurs de plus-value, mais vivant de la rémunération de l’État «providence», financé par les impôts des salariés; État, qui justement est aujourd’hui forcé à l’austérité suite à un endettement endémique qui annonce la faillite étatique imminente. Ce que nous expliquions dans notre dernier éditorial «La crise du capitalisme s’approfondit » (5). L’origine des emplois de ces petits-bourgeois explique leur attachement agressif en faveur des services publics et de la propriété étatique des moyens de reproduction de la force de travail. Pour le prolétariat ouvrier, que l’employeur soit l’entreprise privée ou l’État bourgeois stipendié, ne change rien à son statut de salarié exploité.
BERNIE LE VA-T-EN-GUERRE
Nous ne croyons pas que l’oligarchie yankee, le grand capital international enfirouapé avec d’autres capitaux mondiaux, soit le moindrement effrayée par le larbin politicien Bernie Sanders, que nous avons critiqué vertement après qu’il se soit prosterné devant l’autel du New York Times (6).
Dans ce sondage, Bernie le socialiste, se couche et atteste de sa soumission au grand capital yankee. OUI, il envisagerait une intervention militaire humanitaire (comme Kouchner mentor socialiste) et, OUI, il pourrait envisager un bombardement préventif contre la population de l’Iran et/ou de la Corée du Nord. Ce en quoi ce social-démocrate bourgeois – millionnaire – reste fidèle aux socialistes de la IIe Internationale qui ont voté les crédits de guerre impérialistes pour la Première Guerre mondiale et aux communistes de la 3e Internationale qui ont participé à l’effort de guerre de la Seconde Guerre mondiale et avec la gauche qui espère la 3e guerre mondiale.
Pour le reste du programme social-démocrate, Bernie présente du réchauffé comme le collège gratuit pour les lycéens; le système d’assurance maladie pour tous; des investissements sociaux de capitaux qui n’existent pas (la dette publique étasunienne est de 24 000 milliards USD); des programmes que l’oligarchie n’aura aucune peine à bloquer au Congrès comme le jour où Obama voulut fermer le bagne de Guantanamo.
De toute manière Bernie ne s’approchera jamais du trône impérial yankee, pas parce que l’oligarchie a peur des réformistes socialistes collaborationnistes (qu’elle supporte de sa propagande médiatique et de ses crédits), mais parce que la situation préinsurrectionnelle aux États-Unis – le niveau de tension sociale entre le grand capital et les masses prolétariennes – ne requiert pas encore de faire grimper d’un cran la fumisterie populiste réformiste pour sauver le mode de production capitaliste. Ça viendra peut-être, mais l’Amérique n’en est pas encore là. Et le New Deal vert suffit amplement à berner les petits bourgeois et la jeunesse enfumée.
LE PROLÉTARIAT NE DOIT PAS SE COMPROMETTRE DANS CES GALIPETTES SOCIALISTES
Sanders participe à cette vaste mascarade électorale bourgeoise en laissant croire que ce mode de production et ses rapports sociaux de production sont soumis à la fumisterie démocratique, c’est-à-dire à l’aimable dictature des riches au Congrès et à la Maison Blanche. Les militants révolutionnaires prolétariens – ne devraient pas se compromettre en accréditant et en propageant ces balivernes électoralistes comme le firent avant eux : Allende, Chavez, Morales, Maduro, Ortega et tant d’autres populistes qui bercèrent d’illusions le sommeil du prolétariat qui aujourd’hui, après 70 ans de somnolence communiste-socialiste-gauchiste, revêt le gilet jaune et rejette tout ce qui pue la gauche réformiste-électoraliste.
Bernie Sanders est la pomme de tantale et le défi que la petite-bourgeoisie paupérisée – saquée – précarisée lance au grand capital en contrepartie de sa soumission si l’État peut la maintenir à flot et lui assurer des jobs bureaucratiques. Dans ce véritable «accord du siècle» le prolétariat sert de faire valoir et devrait rejeter cette mise aux enchères de ses intérêts de classe qui se résument à la révolution sociale et en l’abolition du capitalisme moribond. Deux objectifs qui ne seront jamais accessibles via les mascarades électorales bourgeoises comme nous l’écrivions en 2018 dans le livre « La démocratie aux États-Unis » (7).
LES 7 DU QUEBEC
NOTES
1- https://www.legrandsoir.info/pourquoi-je-ne-crois-pas-en-bernie-sanders.html
2- https://lesakerfrancophone.fr/les-primaires-du-new-hampshire-brossent-un-tableau-de-la-guerre-des-classes-contemporaine-aux-etats-unis
3- https://www.legrandsoir.info/pourquoi-je-ne-crois-pas-en-bernie-sanders.html
4- https://lesakerfrancophone.fr/les-primaires-du-new-hampshire-brossent-un-tableau-de-la-guerre-des-classes-contemporaine-aux-etats-unis
5- https://les7duquebec.net/archives/251206
6- https://les7duquebec.net/archives/252707
7- https://les7duquebec.net/archives/231044 et une brève analyse des causes profondes du phénomène Sanders https://les7duquebec.net/archives/252853
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