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LUC MICHEL: BENIN. LE DESSOUS DES CARTES DE LA CRISE DES LEGISLATIVES
(SUR LE ‘ZOOM AFRIQUE’ DE PRESS TV, IRAN, 28 AVRIL 2019)
* La présentation de PRESS TV:
« Bénin. Le 11 avril dernier, le président béninois, Patrice Talon, a mis les points sur les i : et a souligné que les élections législatives auront bien lieu le dimanche 28 avril sans les partis d’opposition. Mais pour les élections béninoises du 28 avril, sur les dix partis désireux de se lancer dans la bataille, seulement sept ont déposé leur dossier de candidature, dont quatre de la mouvance présidentielle. Les autres n’ont pas déposé leur dossier dans le délai annoncé. Mais quelques jours plus tard, une délégation de six leaders de l’opposition s’est rendue au palais présidentiel pour y rencontrer Patrice Talon. Les représentants de l’opposition ont tenté, en vain, de plaider leur cause auprès du président de la République et d’obtenir une exemption ou un délai supplémentaire. « Je ne peux pas, pour le plaisir des uns, accepter de tordre le cou à la loi. Mettez-vous à jour pour participer au scrutin », leur a répondu Patrice Talon. Depuis, l’opposition béninoise ne cesse alors de contester les élections législatives.
Mais que se passe-t-il réellement au Bénin ? Luc Michel, géopoliticien, nous l’explique. »
# COMMENT SE SONT DEROULEES LES ELECTIONS LEGISLATIVES BENINOISES CE 28 AVRIL ?
Avec AFP – Reuters – RFI/
Au Bénin, pays réputé pour être un exemple de démocratie en Afrique de l’Ouest, les électeurs étaient appelés aux urnes dimanche 28 avril pour élire leurs députés lors d’un scrutin historique où l’opposition n’a pas été autorisée à se présenter. Une situation inédite qui s’est ressentie dans les bureaux de vote.
A Cotonou, comme à Porto Novo, il n’y a pas eu affluence dimanche pour les élections législatives, ont pu constater nos journalistes sur le terrain. Un constat que le dépouillement a confirmé par endroits. Les estimations nationales des observateurs et de la Commission électorale nationale autonome (Cena) sont toujours attendues. Ni l’opposition ni le pouvoir ne diffusent encore de résultats mais on s’attend à une guerre des chiffres sur le taux de participation, un des enjeux majeurs de ce scrutin. Malgré les incidents, « le vote s’est globalement bien déroulé », estiment les autorités. Dans une courte déclaration dimanche soir, le ministre de l’Intérieur a affirmé que malgré des incidents enregistrés dans sept villes du pays, « le vote s’est globalement bien déroulé ».
Sur les violences, Sacca Lafia a indiqué que « les auteurs et les commanditaires des troubles et des actes de violence seront poursuivis ». Si à Cotonou, il n’y a pas eu d’incidents majeurs, en revanche, la journée a été chaude au Nord, avec de violentes manifestations qui ont empêché le déroulement du vote à Tchaourou-centre, ville natale de l’ancien président Boni Yayi. A Parakou, la plus importante ville du Nord, des jeunes très mobiles sont passés dans plusieurs bureaux de vote pour saccager les urnes ou les brûler. Glazoué et Savè, deux villes des Collines, ont également été secouées par des violences. Six personnes auraient été arrêtées à Glazoué, selon des sources. Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs admis la faible affluence observée et expliqué que les menaces proférées contre les citoyens qui se rendaient aux urnes via les réseaux sociaux ont eu un effet de dissuasion. Même constat du côté du président de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Pour lui, malgré les violences, le bilan de cette journée de vote est néanmoins plutôt positif. A part ces localités où il y a eu des incidents, sur le reste du territoire national le vote s’est bien passé.
Tous les leaders de l’opposition qui ont appelé au boycott ont boudé le vote. Aucun d’eux ne s’est déplacé. Pour Donklam Abalo, le porte-parole de l’Union sociale libérale (USL), un parti d’opposition, il s’agit d’« une parodie d’élection ». Et pour lui, « le peuple l’a compris puisque l’appel lancé au boycott lancé par toute l’opposition a été largement suivi ». Désormais, explique-t-il, l’opposition attend de voir comment le pouvoir va gérer cette situation. « Même si des députés venaient à sortir de ces élections, ce serait des députés illégitimes, insiste-t-il, parce que le peuple n’a pas validé cette élection. »
Dès la veille du scrutin, des problèmes d’accès à Internet avaient été constatés réseaux sociaux ou services de messageries quasiment inaccessibles. Des dysfonctionnements qui se sont transformés en blocage complet le jour du vote, sans préavis ni message des autorités. La crainte de troubles est-elle à l’origine de cette coupure ? L’organisation Internet sans frontières a en tout cas confirmé que les deux opérateurs téléphoniques du pays avaient reçu l’ordre des autorités de couper l’accès aux données mobiles. Dimanche soir, même les communications téléphoniques à l’international n’étaient plus possibles. Eric Houessou, président de l’Association béninoise pour la défense du consommateur se dit choqué par cette coupure inédite.
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