LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2019 02 15/
« Nous pensons que c’est le peuple syrien qui doit décider de l’avenir de son pays, et il n’y a pas d’autre alternative »
– Vladimir Poutine (ce 14 février à Sotchi).
La dernière conférence du Processus d’Astana-Sotchi entre Moscou, Téhéran et Ankara s’est déroulée ce 14 février 2019. Elle a marqué la double impasse du Processus et ses limites : Agenda incompatible entre Ankara et ses partenaires russe et iranien, seconde impasse entre Ankara et Damas. Il convient de mentionner que Poutine a accueilli à Sotchi le président Hassan Rohani ainsi que Erdogan dans le cadre des pourparlers d’Astana.
« ZONE TAMPON EN SYRIE : ERDOGAN SE PREND UNE DOUCHE FROIDE A SOTCHI » (PARS TODAY, IRAN)
Le président Vladimir Poutine a souligné ce jeudi lors d’une conférence de presse conjointe avec les présidents iranien et turc que « c’était le peuple syrien qui devait enfin décider de son sort et que la Turquie n’avait pas raison de créer une zone de sécurité sur le terrain sans le consentement du président syrien Bachar al-Assad ». « Les trois pays garants [Russie, Turquie et Iran] du processus d’Astana pour la paix en Syrie sont déterminés à poursuivre avec sérieux les coopérations trilatérales », a confirmé Poutine.
Qualifiant de « très positive » l’ambiance des discussions visant à régler la crise en Syrie, le Président Poutine a assuré que le trio est confiant que « la crise sera résolue par le processus politique et les négociations ». « Nous pensons que c’est le peuple syrien qui doit décider de l’avenir de son pays, et il n’y a pas d’autre alternative », a insisté Poutine.
Le président Poutine, qui venait de discuter avec ses homologues iranien et turc du sort de la province d’Idlib, dernier fief des terroristes et des extrémistes armés soutenus par Ankara dans le nord-est de la Syrie ce jeudi, avait également rappelé lors d’une réunion bilatérale avec Recep Tayyip Erdogan que « la Turquie n’avait pas le droit de rétablir une zone tampon en Syrie sans l’aval de Damas et le feu vert du président syrien ». Le Premier ministre syrien Imad Khamis a annoncé ce jeudi que « la libération de la province d’Idlib des mains des terroristes est très proche ».
L’avertissement de Poutine a été lancé alors qu’Erdogan, avant son arrivée à une réunion bilatérale avec Poutine, avait souhaité devant les journalistes d’obtenir la permission de Moscou pour coordonner la création d’une zone sécurisée dans le nord de la Syrie. Évoquant le retrait américain de Syrie, le président Poutine a indiqué que cette question avait fait également l’objet de discussions entre les trois parties, avant de qualifier de « pas très positif » toute diminution de la présence militaire en Syrie.
Prenant la parole lors de cette conférence aux côtés de Poutine et de Rohani, le président turc s’est attardé sur le retrait américain et a évoqué son incertitude quant à la décision annoncée par Washington. « Si le retrait des troupes américaines de Syrie se réalise, cette décision aurait de nombreux impacts dans la région », a-t-il déclaré. Lisant sa déclaration après celle du président Rohani, M. Erdogan a condamné à cette occasion l’attentat terroriste perpétré hier, mercredi 13 février, dans le sud-est de l’Iran et a présenté ses condoléances au peuple et au gouvernement iraniens.
RENCONTRE DE SOTCHI :
LES POINTS SUR LES I DE POUTINE A ERDOGAN, SUR LE RETRAIT AMERICAIN ET IDLEB
Poutine se devait de mettre les points sur les i, en s’adressant tout particulièrement son homologue turc. Et pour cause, les deux thèmes qui étaient au menu de la rencontre touchent la Turquie, plus que quiconque d’autre : le retrait des troupes américaines de Syrie annoncé par Donald Trump le 19 décembre du nord-est syrien frontalier avec elle, et le sort de la province d’Idleb, où elle est la seule à entretenir des liens avec les groupes terroristes opposés à Damas.
S’agissant du retrait américain, le numéro un russe a réitéré ses soupçons. Tout en estimant que, « la réalisation de cette étape serait un point positif qui aiderait à stabiliser la situation dans la région », il a dit « appréhender un complot américain à l’est de l’Euphrate, compte tenu de l’ambiguïté qui accompagne cette décision de retrait ». « Là-dessus, Recep Tayyep Erdogan a semblé être d’accord avec lui. Mais pas tant que ça lorsqu’il va stipuler sa condition: en cas de retrait, la Turquie n’avait pas le droit de rétablir une zone tampon en Syrie sans l’aval de Damas et le feu vert du président syrien », commente Al Manar.
Poutine déboutait de la sorte la demande formulée par Erdogan, avant son arrivée à une réunion bilatérale avec lui. Il avait souhaité devant les journalistes obtenir la permission de Moscou pour coordonner la création d’une zone sécurisée dans le nord de la Syrie. Dans ce dossier, le sujet qui tient le plus au cœur du dirigeant turc, est celui des combattants kurdes, qui devraient d’après lui quitter le nord-est de la Syrie, faute de quoi « l’intégrité territoriale de la Syrie ne pourra pas être assurée et la région rendue à ses vrais propriétaires » tant qu’ils seront dans la région.
IDLEB : LA PRESENCE DES GROUPES TERRORISTES SOUTENU PAR ANKARA NE PEUT PLUS ETRE TOLEREE
La situation dans la province d’Idleb a nécessité elle aussi que le numéro un russe lui mettre les points sur les i : le maintien du cessez-le-feu « ne veut pas dire que nous devons tolérer la présence de groupes terroristes à Idleb », a-t-il objecté. Selon lui, il faut étudier « les mesures concrètes que la Russie, la Turquie et l’Iran pourraient prendre ensemble pour éliminer définitivement ce foyer terroriste », soulignant la nécessité de s’entendre sur ces mesures pour assurer une « désescalade définitive » à Idleb.
Poutine désignait par « foyer terroriste » la coalition jihadiste takfiriste Hayat Tahrir al-Cham (ex Jabbat al Nosra, Al Qaida en Syrie) qui a conquis la totalité de la province, sous les yeux de la Turquie qui l’a laissé faire. Alors qu’il était convenu d’y instaurer une «zone démilitarisée de 15 à 20 kilomètres de large », au terme d’un accord conclu avec Moscou le mois de septembre dernier.
La réponse d’Erdogan a été qu’il ne veut pas « que de nouvelles crises humanitaires et de nouvelles catastrophes surviennent à Idleb ou ailleurs en Syrie ». Il a fait état de d’un accord avec Moscou sur des « patrouilles communes » afin de contenir les « groupes radicaux » dans la province d’Idleb, sans donner plus de détails. Dans les propos du chef de l’Etat turc, il en ressort deux impératifs: « Damas – qu’il qualifie encore « de régime » – devrait respecter le cessez-le-feu conclu », à Idleb et ailleurs, et la nécessité de former au plus vite la commission constitutionnelle, chargée de rédiger la nouvelle constitution, comme « introduction à la stabilité en Syrie».
Pour les observateurs, ils ont pressenti des efforts assidus déployés pour lancer le dialogue entre Damas et Ankara, coupé depuis le début de la crise syrienne, lorsque la Turquie a soutenu les groupes qualifiés de terroristes par le pouvoir syrien. « Il a été convenu que les accords et les lois internationales régiront les relations entre la Turquie et la Syrie », a révélé le correspondant de la télévision libanaise al-Mayadeen Tv, qui était sur place.
(Sources: Press TV – Al-Mayadeen TV – Fars Today – Al Manar – Interfax – EODE Think Tank)
Photo :
Un homme brandit un drapeau syrien lors des pourparlers de Sotchi, le 30 janvier 2018.
# LIRE LE DOSSIER « IDLIB » SUR
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY :
DEBAT : IDLIB AU COEUR DU QUESTIONNEMENT SUR LE ROLE DE LA TURQUIE ET LE REDPLOIEMENT DES USA EN SYRIE
* DUPLICITE TURQUE EN SYRIE :
DAMAS DEMANDE LE RETRAIT IMMEDIAT DES TROUPES TURQUES DE LA VILLE D’IDLIB
* DUPLICITE TURQUE EN SYRIE (II) :
LA PRESSE D’ETAT IRANIENNE S’INTERROGE SUR LE ‘GRAND JEU SYRIEN’ D’ERDOGAN
* DUPLICITE TURQUE EN SYRIE (III) :
LE DOUBLE JEU D’ERDOGAN EN SYRIE CONTINUE DE PLUS BELLE
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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