LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 09 21/
L’actualité, qui conduit sans cesse aux commentaires sur des événements éphémères, mais aussi le gouvernement par la « théâtralité » (Macron, Trump, Erdogan, etc), font oublier que la Géopolitique, conçue comme une science, LA science du XXIe siècle, n’a rien à voir avec une pseudo « géopolitique de l’émotion », mais repose sur des fondamentaux, des grilles d’analyses et des cycles longs.
Je viens de traiter pour AFRIQUE MEDIA et EODE-TV une longue analyse de 45 minutes, où je rappelle ces fondamentaux et de façon prospective, prévisionnelle, pourquoi ils vont déterminer le XXIe siècle …
* Voir sur EODE-TV/
LUC MICHEL: TERRE ET MER AU XXIe SIÈCLE (I).
L’AXE MOSCOU-PEKIN AU CŒUR DE LA CONFRONTATION GEOPOLITIQUE FONDAMENTALE
Sur https://vimeo.com/290231638
# I-
ROME VS CARTHAGE OU LA GUERRE ETERNELLE :
POURQUOI LE CONFLIT EURASIE-USA, DEPUIS 1917, EST LA QUATRIEME GUERRE PUNIQUE ?
Je peste souvent depuis 35 ans, mes lecteurs le savent bien, contre une absurdité historique et géopolitique sans nom : assimiler les USA à l’Empire romain, stupidement appelé « l’empire », alors que Washington et Wall-street sont la version contemporaine de Carthage !
Beaucoup d’écrivains aujourd’hui à l’extrême-gauche commettent un contresens de même nature que celui des Spartakistes allemands en 1916-19, se déclarant « spartakistes », et qui relève de la même erreur d’analyse sur l’Empire romain. Parce qu’ils ne connaissent mal l’Histoire et la géopolitique. Et parce que le Gauchisme (d(où est issu cette vision idéologique et non géopolitique) développe, singulièrement depuis Mai 1968 en France, Italie ou Belgique, un discours anti-étatique et anti-jacobin. Notamment, des gens comme l’idéologue italien Toni NEGRI, qui parlent des Etats-Unis comme « d’un nouvel Empire romain » (sic). Contresens copié-collé, via les Altermondialistes par certains idéologues néofascistes ou pro islamistes français et italiens.
LES USA C’EST LA NOUVELLE CARTHAGE !
Les Américains, c’est Carthage !!! Avec l’impérialisme carthaginois, ils partagent le recours à des armées de mercenaires, la domination par une oligarchie, non pas politique, mais économique, et une vision qui consiste non pas à diffuser une culture, mais à piller la planète.
Cela n’a rien de nouveau.
Dès 1967, le géopoliticien de l’unification du continent eurasiatique THIRIART (1) pouvait déjà s’emporter: « Nous avons lu, sous la plume d’un journaliste du régime, que les Etats-Unis semblaient devenir la « nouvelle Rome ». C’est là un échantillon de l’inculture historique – crasse –. Les Etats-Unis sont essentiellement un Empire maritime, comme le fut longtemps l’Angleterre, comme tenta de l’être le Japon, entre Tsushima et Hiroshima. Le modèle parfait d’empire maritime demeure Carthage et le modèle parfait d’Empire continental reste Rome » …
Sur ce sujet capital, Jean THIRIART écrivait encore (dans « USA : un empire de mercantis. Carthago delenda est », in LA NATION EUROPEENNE, n° 21, Bruxelles & Paris, octobre 1967) : « Actuellement la lutte titanesque qui se profile en filigrane et qui s’inscrira dans le siècle à venir, sera la lutte pour l’hégémonie, entre une puissance maritime étalée et une puissance terrestre compacte, entre les Etats-Unis et la Grande-Europe (ndla : on dit en 2018 : l’Eurasie). Les conditions continentales et maritimes ont fait naître des styles extrêmement opposés. Rome a été, malgré ses duretés et ses cruautés (…) une puissance civilisatrice tandis que Carthage n’a été qu’une puissance mercantile. De Rome partaient des hommes qui allaient pacifier, organiser, construire, unifier. De Carthage partaient des marchands, des représentants de commerce ; ils partaient pour aller rapidement s’enrichir (…) De Carthage, il ne reste rien : littérature, style architectural, pensée philosophique, pensée politique : c’est le vide. On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec les Etats-Unis où s’observe aujourd’hui ce même phénomène d’une civilisation sans culture. Le navigateur revient toujours chez lui, le continental s’implante. On peut, sans exagération, affirmer que la géographie ou la géopolitique a créé un style politique ».
COMMENT LES JACOBINS DE FRANÇAIS DE 1792 FURENT PLUS LUCIDES QUE LES MARXISTES ALLEMANDS DE 1918
Les révolutionnaires allemands Karl LIEBKNECHT et Rosa LUXEMBOURG – dont LENINE jugeait les vues étroites, et qui ont politiquement échoué là où les Bolchéviques ont triomphé, ont eu une vision historique complètement faussée en choisissant Spartacus et la « Révolte des esclaves » pour emblème. Les esclaves révoltés n’étaient nullement le prolétariat antique. Celui-ci, c’est précisément la plèbe, dont les intérêts s’exprimaient dans le Parti populaire et qui formaient l’ossature des Légions de Marius à César. Le légionnaire est obligatoirement un citoyen romain sous la République, héritage de l’ancienne Démocratie directe des origines romaines. La vision des révolutionnaires français de 1789, imprégnés de l’Histoire romaine, a été plus claire. Ce n’est pas sans raison que BABEUF, le « premier communiste de l’Histoire moderne » selon Marx, avait choisi comme prénom révolutionnaire celui de « Gracchus » ! Précisément les Gracques, les deux leaders martyrs du parti populaire, les tribuns de la plèbe assassinés par l’oligarchie de la République romaine.
La Géopolitique néoeurasiste (2) (3) ne fait qu’exprimer une vision globale, politique, éthique, de civilisation que l’on peut résumer par la formule lapidaire « Rome contre Carthage » ! Une formule par laquelle les théoriciens du Jacobinisme dès 1792 – encore eux – exposaient déjà le combat – lui aussi de civilisation, celui de l’Europe révolutionnaire contre l’Ancien régime des Rois, et surtout contre leur ennemi principal : l’impérialisme anglo-saxon … Sur l’utilisation du thème « Rome contre Carthage » par la France jacobine de 1792 à 1815, à propos du conflit contre la Grande-Bretagne, illustration du conflit classique géopolitique typique de la Terre – Rome – contre la Mer – Carthage – , il faut lire Louis MADELIN et son remarquable livre LE CONSULAT ET L’EMPIRE ! (4)
DES TROIS GUERRES PUNIQUES A LA QUATRIEME …
Les trois guerres puniques opposèrent durant près d’un siècle la Rome antique et Carthage (civilisation punique et pas « africaine », les africains sont les voisins numides de Carthage, alliés de Rome). La cause initiale des guerres puniques fut le heurt des deux empires en Sicile, qui était en partie contrôlée par les Carthaginois. Au début de la première guerre punique, Carthage avait formé un vaste empire maritime (thalassocratie) et dominait la mer Méditerranée, alors que Rome avait conquis l’Italie péninsulaire (puissance continentale). À la fin de la troisième guerre punique, Rome parvint à conquérir les territoires carthaginois et à détruire Carthage, devenant ainsi la plus grande puissance de la Méditerranée.
En 1917, avec l’irruption des USA dans la première guerre mondiale (contre Berlin), puis de 1943 où Washington succède à Londres comme hégémon de la Thalassocratie dite anglo-saxonne (cette fois contre Moscou), nous sommes entré dans la 4e guerre punique. Qui est aujourd’hui comme jadis le conflit de la Mer (Washington) contre la Terre (en 2018, l’Axe Moscou-Pékin). Les deux Guerres froide, celle de 1943-1991, et la « nouvelle Guerre froide 2.0 », sont les deux épicentres modernes de ce conflit géopolitique classique …
# II-
MOSCOU : DE LA « TROISIEME ROME » MESSIANIQUE A LA « QUATRIEME ROME » GEOIDEOLOGIQUE EURASIENNE …
Notre Ecole géopolitique conçoit l’Empire eurasiatique comme une nouvelle Rome, la « Quatrième Rome », qui fait écho au concept messianique russe de la « Troisième Rome » (Moscou après Rome et Byzanze) (5).
C’est avec le tsar Pierre le Grand, que la Russie est devenue une grande puissance intégrée dans le jeu des puissances européennes. Jusqu’à devenir LA grande puissance continentale dominante entre 1941 et 1943 (sous sa forme de puissance maximale, la Soviétique de Staline, nouveau Pierre le Grand), qu’elle est toujours aujourd’hui, diminuée mais résiliente, malgré l’implosion de l’URSS …
Et le conflit de Cartage contre Rome reprend :
– Empire britannique vs Empire des Tsars (c’est le premier « Grand Jeu ») et Reich allemand (les deux empires se disputant le rôle géopolitique de la puissance continentale) de 1815 à 1942 (échec définitif du IIIe Reich devant Moscou et à Stalingrad).
– Plus loin encore dans le temps, Empire britannique vs France révolutionnaire et napoléonienne (1792-1815). Dans la Postface à la 3e édition de mon livre LE PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE (1993, 1ère ère édition en 1984), j’écrivais à propos de ce conflit gagné par la Thalassocratie anglo-saxonne : « Il y a peu de batailles décisives pour orienter le cours de l’Histoire. Moscou (fin 1941, début 1942), puis Stalingrad scellent la défaite du IIIe Reich et empêchent un XXe siècle dominé par Hitler. Waterloo consacre elle un siècle de domination britannique mondiale, celle de la Finance, suivi d’un siècle de domination américaine, celle de Wall-Street. Le règne géopolitique et économique des cousins néo-carthaginois anglo-saxons !
NOTES ET RENVOIS :
(1) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU NEOEURASISME (I) :
LES CONCEPTIONS GEOPOLITIQUES DE JEAN THIRIART, LE THEORICIEN DE LA ‘NOUVELLE ROME’
(2) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU NEOEURASISME (II) :
L’ECOLE EURO-SOVIETIQUE DE GEOPOLITIQUE (1982-1991)
(3) Voir aussi sur EODE-TV & AFRIQUE MEDIA/
LE GRAND JEU (Saison I-3).
AU CŒUR DE LA GEOPOLITIQUE MONDIALE:
POUTINE A VALDAI DECRYPTE
sur https://vimeo.com/111845727
(4) Voir sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
ENCORE ET TOUJOURS L’IMPERIALISME ANGLO-SAXON
(5) Sur ces thèmes et thèses géoidéologiques, lire les ouvrages précurseurs (et bien étouffés aujourd’hui par les mafias universitaires françaises) du professeur Agursky :
Cfr. M. Agursky , IDEOLOQIA NATSIONAL-BOLSHEVIZMA, Moscou, 1980;
- Agursky , L’IDEOLOQIE NATIONALE-BOLCHEVIQUE, Thèse, Ecole des Hautes Etudes, Paris, 1983;
- Agursky , THE THIRD ROME. NATIONAL BOLCHEVISM IN THE USSR, Westview Press, Boulder, 1987;
- Agursky , LA TERZA ROMA. IL NAZIONALBOLSCEVISMO IN UNIONE SOVIETICA, Il Mulino, Bologne, 1989.
- AGURSKY est le fils de Samuel AGURSKY (1889-1947) qui fut secrétaire général de la section juive du Parti Communiste de l’URSS, puis directeur de l’lntitut d’histoire de ce parti.
LA « TROISIENE ROME » : LE NATIONAL-BOLCHEVISNE EN UNION SOVIETIQUE , c’est sous ce titre de qu’ AGURSKY réunit les différentes formes de National-bolchevisme en Russie puis en Union soviétique, du milieu du XIXe siècle au triomphe du Stalinisme et du socialisme dans un seul pays en 1927. La thèse centrale d’ AGURSKY est que la Révolution d’octobre fut éminemment et principalement russe et nationaliste avant tout et qu’elle rejoignait ainsi la mission messianique de Moscou et de la Russie, se voulant la « Troisième Rome » succédant à Rome et à Constantinople et le centre d’unification du monde. La volonté de révolution mondiale et l’internationalisme du Komintern étant placés au service implicite de cette mission.
AGURSKY étudie longuement les fondements historiques et culturels en Russie de ceux qui attribuent à ce peuple un rôle salvateur et révolutionnaire dans le monde, notamment les courants panslaviste, populiste et socialiste-révolutionnaire. L’une des thèses d’ AGURSKY est que LENINE a révisé le Marxisme en le nationalisant et en le russifiant et que STALINE a accompli et porté à son terme ce processus. Avec la victoire des bolcheviques, Moscou, la « Troisième Rome », devient donc le centre du mouvement révolutionnaire mondial et rejoint par là la mission traditionnelle de la Russie. AGURSKY définit d’ailleurs le Bolchevisme comme l’ « association du Communisme et de la Nation russe ».
Son livre (non édité en français, alors que la thèse a été soutenue en français à Paris !), bien qu’hostile au National-bolchevisme et au Stalinisme, est aujourd’hui incontournable dans l’étude des différentes formes russes du National-bolchevisme et il est particulièrement dommage que les universitaires qui étudient le National-bolchevisme en France et en Allemagne lui attribuent, volontairement sans doute, peu d’intérêt. Il est vrai qu’il remet fondamentalement en cause leur thèse centrale qui fait du National-bolchevisme une excroissance de la « Révolution conservatrice » et de l’extrême-droite. Mettre en parallèle la thèse du professeur AGURSKY, qui présente un National-bolchevisme issu de la gauche la plus extrême, met évidemment à néant les thèses de DUPEUX (et de ses suiveurs français et britanniques) sur le National-bolchevisme germanique, qui lui est apparenté idéologiquement.
(Sources : EODE-TV – Eode Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
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