Luc MICHEL pour
AFRIQUE.MEDIA.WEBTV/ 2018 07 20/
Qui en veut vraiment à la paix civile au Togo ? Qui veut y répandre le chaos ?
En novembre 2017, je posais les questions qui dérangent sur la crise au Togo, sur les origines réelles de la crise qui secoue le Togo depuis l’été dernier. Dans une interview accordée à la chaine d’information iranienne ‘Press TV’, et dans plusieurs débats sur ‘Afrique Media’, j’indiquais analyses à l’appui que les réelles origines de la crise politique au Togo étaient externes. La situation de crise est le résultat d’un « diktat » que veulent imposer au peuple togolais les Etats-Unis …
* Voir sur PANAFRICOM-TV/
LUC MICHEL SUR PRESS TV (IRAN)/ DANS ‘REPORTAGE’ (19 OCTOBRE 2017) : QUI VEUT EMBRASER LE TOGO ?
sur https://vimeo.com/238964549
* Voir aussi sur PANAFRICOM-TV/
LE ‘ZOOM AFRIQUE’ DE PRESS TV (2 MARS 2018) AVEC LUC MICHEL: LE TOGO TRAHI ET DESTABILISE PAR LES USA
sur https://vimeo.com/258417043
J’expliquais alors qu’ « En 2014, lorsqu’il y a eu le fameux sommet USA-African leaders à Washington il y a une série de régime africain qui ont accepté le diktat de Washington et le régime de Faure Gnassingbé en faisait partie. Ils ont donc accepté de mettre en route une reforme progressive de la politique, l’association de l’opposition par exemple dans un gouvernement d’union national dans une optique de main forcée par les occidentaux. On a introduit une série de de thématiques comme les reformes de la Constitution, la limitation de mandat et autres dans ces discussions ». Les USA, via leur amabassadeur à Lomé, ont alors engagé un jeu de bascule entre gouvernement et opposition, empêchant la stabilisation et un véritable dialogue. Mes analyses avaient été largement rediffusées et discutées au Togo (1).
LA GÉOPOLITIQUE MONDIALE ET AFRICAINE A CHANGÉ
La situation ne s’est depuis jamais véritablement débloquée …
L’opposition, surtout les jeunes, où s’exercent les manipulations des Réseaux Sorös, voit le Togo dans l’angle du passé : « Faure Gnassingbé est le fils de son père et son régime est la continuation de celui de son père, au service de la Françafrique ». Simplement les temps ont changé, la géopolitique mondiale et africaine a changé, profondément. L’Afrique vit au temps du néocolonialisme, qui se manifeste dans l’opération de changements de régimes, dites du soi-disant « printemps africain ». Nous en sommes à la « nouvelle Françafrique 2.0 » de Macron et Faure Gnassingbé s’éloigne de Paris. Il en va de même, par exemple, au Gabon, où la présidence d’Ali Bongo a tourné le dos à celui de son père.
« Faure Gnassingbé a choisi depuis sa prise de pouvoir de refroidir les liens avec la France », explique un expert togolais. Même s’il n’est pas en brouille avec la France, le chef de l’État togolais ne marche pas dans les pas de son défunt père qui était « un ami de la France » (…) La coopération entre les deux pays évolue, mais en quinze ans, Faure Gnassingbé a effectué six voyages officiels en France à de grandes occasions ». Un ancien ministre togolais confie que « le président n’a pas digéré le fait que Jacques Chirac soit hostile à sa candidature en 2005 et que Nicolas Sarkozy qualifie son élection de mascarade ». Avec François Hollande, les « relations étaient froides (…) Le socialiste qui l’avait appelé pour que la justice togolaise libère Loïc Le Flock Prigent emprisonné à Lomé n’a pas apprécié le fait que sa demande soit rejetée ». Avec Emmanuel Macron, il a échangé quelques mots en décembre dernier à Abidjan lors du sommet UA-UE. Mais Faure Gnassingbé estime « ne pas être demandeur d’une audience à l’Élysée ». « En se « détournant » de la France, Faure Gnassingbé préfère courtiser d’autres puissances. (2) »
LA CHINE A REMPLACE LA FRANCE COMME PRINCIPAL PARTENAIRE ECONOMIQUE DU TOGO
En dix ans, le Togo a signé de nombreuses conventions économiques avec la Chine.
« Le gouvernement togolais a d’ailleurs obtenu des accords de prêts et des remises de dettes de la part de l’empire du milieu. Le nouveau palais de la Présidence togolaise a été construit par la Chine. Il y a deux ans, Faure Gnassingbé s’était rendu en Chine pour obtenir l’annulation partielle de la dette extérieure du Togo au 31 décembre 2015. Ce voyage avait aussi permis au numéro 1 togolais d’avoir près de 75 milliards de FCFA de financements de projets. La Chine a largement contribué à la construction de la nouvelle aérogare de Lomé et de ses deux terminaux ».
« À ces travaux s’ajoutent ceux du grand contournement d’Aledjo. Le Togo bénéficie aussi de l’appui chinois dans le projet de construction du barrage d’Adjarala. Cet appui est estimé à 36 milliards de FCFA grâce à un prêt de la Banque chinoise d’import-export, China EximBank. Les travaux de construction de cette infrastructure énergétique sont même confiés à l’opérateur chinois Sinohydro Africa. En juillet prochain, un nouveau siège de l’Assemblée nationale devrait être inauguré au Togo. Il est financé par la Chine. Les travaux qui ont commencé depuis 2016 sont effectués par l’entreprise chinoise Jiangsung Natong Group (…) L’édifice est en construction sur un site d’une superficie de près de 12 hectares. Le coût des travaux est estimé à 11 milliards de FCFA ».
“À ce jour, la Chine compte octroyer un don de 18 milliards de FCFA au Togo pour financer son agriculture. L’entreprise chinoise Poly Group devrait construire près de 10000 logements sociaux pour le pays. Il y a quelques mois, le ministère des Sports a aussi annoncé la rénovation du stade de Kégué qui accueille les matches de l’équipe nationale. Les travaux de rénovation seront pris en charge par la Chine qui avait déjà assuré la construction de cet édifice sportif ».
L’EXEMPLE DU « MODELE EQUATO-GUINEEN »
Le dialogue national entamé à Malabo par le président Obiang Nguema Mbasogo, accompagné d’une large amnistie, est un modèle en Afrique. Ainsi une partie de l’opposition togolaise voit dan ce dialogue un exemple à suivre, à commencer par l’amnistie :
« Libération et amnistie des prisonniers politiques en Guinée Equatoriale : Selon l’opposition Togolaise, le Président Obiang montre la voie aux autres ! (…)
Pour être politique, il faut absolument connaître l’esprit de son époque, les données géopolitiques et géostratégiques. Le Togo ne saurait être une sale exception sous-régionale dans la normalité démocratique acquise. Si le régime veut la table des négociations, il appartient à la médiation, aux leaders sous-régionaux d’exiger la libération de tous les prisonniers politiques. En Colombie, pour aller à la table ronde, tous les prisonniers de la guérilla, tous les otages ont été libérés sans conditions jusqu’aux poseurs de bombe. Aujourd’hui, le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a choisi la voie du dialogue avec l’Opposition et s’est résolu à libérer tous les prisonniers et à les amnistier. (3) »
UNE MISSION DE LA CÉDÉAO RENCONTRE LES PROTAGONISTES DE LA CRISE
La clé du dialogue national au Togo (comme ailleurs), c’est qu’il se tienne au Togo même, entre togolais, sans influence occidentale, extra-africaine. L’action de la CEDEAO, union régionale dont le siège est à Lomé, entend aider à ce processus.
Une mission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a précisément rencontré les protagonistes de la crise togolaise ce jeudi 19 juillet à Lomé. La coalition des 14 partis de l’opposition et une délégation du pouvoir se sont entretenues avec la mission qui devrait évaluer les recommandations faites par les facilitateurs lors du dernier round du dialogue, c’était le 27 juin. C’est en sorte une revue des recommandations que la mission est venue faire. Pour Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition togolaise, à l’heure de cette revue, tout reste à faire : « Tout reste à faire. Il y a en réalité sept personnes qui ont été libérées depuis le passage des chefs d’Etat ici. Donc, il y a une volonté de ne pas respecter les recommandations de la facilitation. » Jusque-là, on est toujours aux mesures d’apaisement, la question de fond reste entière, précise Jean-Pierre Fabre à RFI. La délégation du pouvoir s’est abstenue de dire ses préoccupations à la presse. Un participant du gouvernement au dialogue, Gilbert Bawara, s’est contenté de lancer aux journalistes : « La sagesse continue de nous habiter ».
Pour autant, le commissaire aux Affaires politiques, paix et sécurité, de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, le général Francis Béhanzin, chef de la mission et sa délégation ont tout écouté. Francis Béhanzin constate à la fin de la journée que la dynamique de dialogue continue d’exister : « On n’a pas la force d’évaluer. On a la force de venir exécuter une revue de ce qui a été recommandé par les facilitateurs, à savoir si cette dynamique de poursuite du dialogue continue d’exister. Je peux affirmer que cette dynamique continue. » Sur la base de cette revue et des recommandations de la dernière session du dialogue, la commission de la Cédéao soumettra un plan d’action à la conférence des chefs d’Etat de la communauté sous régionale qui se réunira en sommet le 31 juillet prochain.
LUC MICHEL / AFRIQUE.MEDIA.WEBTV
https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel/
NOTES :
(1) Voir par exemple : « Révélation d’un journaliste belge sur un complot contre le régime de Faure Gnassingbé [Vidéo] »,
(2) Cfr. « Le Togo, première colonie chinoise en Afrique de l’Ouest? », Afrotribune, sur https://afrotribune.com/togo-premiere-colonie-chinoise-officielle-afrique-de-louest/
(3) « Libération et amnistie des prisonniers politiques en Guinée Equatoriale : Selon l’opposition Togolaise, le Président Obiang montre la voie aux autres ! », La Otra Voz, 12 juillet 2018.
_______________
# WebTV AFRIQUE MEDIA
* La WebTV sur
http://www.afriquemedia-webtv.org/
* sur Vimeo toutes les videos et émissions
https://vimeo.com/afriquemediawebtv/
# AFRIQUEMEDIA.pageofficielle sur
https://www.facebook.com/AFRIQUE.MEDIA.TV
* GROUPE OFFICIEL AFRIQUE MEDIA TV
(Plus de 123.600 membres ! Administré par
les COMITES AFRIQUE MEDIA et Luc Michel) sur https://www.facebook.com/groups/afrique.media.groupe.officiel/