LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 07 05/
« Les Chinois n’ont aucun problème à cohabiter avec les Occidentaux à Djibouti, à condition qu’on ne vienne pas constamment espionner leurs installations. Les Américains, en revanche, font une fixation sur la Chine. Ils répètent sans cesse que cette présence chinoise les gêne dans leurs opérations. Les Chinois ont de vastes projets pour l’Afrique. Ils cherchent à l’heure actuelle un corridor d’accès maritime fiable pour l’est du continent »
– Press TV (‘Zoom Afrique’, 14 février 2018).
Djibouti c’est un pivot géostratégique dont le contrôle est vital pour le Bloc américano-occidental. Comme en témoigne les bases voisines des USA (la principale base en Afrique de l’Armée américaine) et de la France (là aussi la base militaire principale de l’allié privilégié de Washington en Afrique).
Mais Djibouti c’est aussi la première base chinoise en Afrique. Et surtout le pivot géo-économique de Pékin pour le volet africain de son projet des « nouvelles routes de la Soie » (OBOR, « One Road One Belt »).
ESQUISSE DE LA GEOPOLITIQUE DE DJIBOUTI
En février dernier, j’analysais pour le ZOOM AFRIQUE de PRESS TV (Iran) la question de Djibouti, ses enjeux pour la Chine et pourquoi Djibouti est un « pivot géopolitique » en Afrique. « La zone n’est pas aisée pour faire du commerce, mais elle reste vitale pour le transit des matières premières — et surtout du pétrole. Situé en face du détroit de Bab el-Mandeb, quatrième passage maritime mondial pour l’approvisionnement énergétique, il dispose aussi d’un positionnement géographique sans équivalent ».
Voir sur PANAFRICOM-TV/
LE ‘ZOOM AFRIQUE’ DE PRESS TV (14 FEVR. 2018) AVEC LUC MICHEL:
GEOPOLITIQUE AFRICAINE. LE PIVOT DE DJIBOUTI
sur https://vimeo.com/256237382
DJIBOUTI INAUGURE LA FUTURE PLUS GRANDE ZONE FRANCHE D’AFRIQUE : LA GEOECONOMIE VA-T-ELLE EMANCIPER OU ASSUJETTIR DJIBOUTI ?
Djibouti a inauguré ce qui doit devenir à terme la plus grande zone franche sur le continent africain, destinée à lui permettre de tirer pleinement profit de sa situation stratégique à l’entrée de la mer Rouge. Lors d’une cérémonie dans la capitale, Djibouti-ville, le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh a vanté les mérites d’un « projet phare », point culminant de plusieurs récents projets d’infrastructures allant « dans le sens du renforcement de la place de Djibouti dans le commerce et les échanges internationaux ». Situé le long d’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, entre océan Indien et canal de Suez, Djibouti a inauguré en 2017 trois nouveaux ports et une ligne ferroviaire le reliant à l’Éthiopie, dans le cadre de son projet visant à devenir la plateforme commerciale de la région.
Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed « Farmajo » a parlé avec cette zone franche d’une « victoire pour l’Afrique de l’Est ». Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, le président rwandais Paul Kagame et le président soudanais Omar el-Béchir ont fait écho à ses propos. La zone franche, connectée aux principaux ports de Djibouti, est destinée à diversifier l’économie djiboutienne, créer des emplois et attirer des investissements, en permettant aux compagnies étrangères d’être exonérées de taxes et de bénéficier d’un soutien logistique de qualité.
La première phase de ce projet lancée jeudi comprend une zone de 240 hectares. Une fois terminé, ce projet de 3,5 milliards de dollars (3 milliards d’euros), dont la construction est prévue pour durer 10 ans, devrait s’étendre sur 4.800 hectares, ce qui en ferait la plus grande zone franche en Afrique. Le projet vise à permettre à des sociétés étrangères d’installer des industries de transformation dans la zone franche, pour ajouter de la plus-value aux produits plutôt que simplement importer ou exporter des matières premières. « Le volume de produits arrivant en Afrique de l’Est ne cesse d’augmenter. A chaque fois qu’un produit (quitte) le continent sans avoir été transformé, c’est une opportunité manquée pour l’Afrique », a estimé Aboubaker Omar Hadi, président de l’Autorité des ports et zones franches de Djibouti (DPFZA).
COMMENT LA CHINE USE DE SES IMMENSES CAPACITES D’INVESTISSEMENT ET DE LA DETTE DE DJIBOUTI POUR S’IMPOSER
Une rangée de drapeaux djiboutiens et chinois flottant au-dessus des murs d’enceinte de la zone, fraîchement peints en jaune, témoigne des liens étroits unissant le petit État de la Corne de l’Afrique au géant asiatique, dont les prêts ont permis de financer les récents projets d’infrastructures. Djibouti, qui accueille également la seule base militaire chinoise à l’étranger, est situé le long de la route maritime censée permettre à la Chine de rejoindre l’Afrique et l’Europe par la mer de Chine et l’océan Indien, dans le cadre du projet de nouvelles routes de la Soie, connu sous le nom de « One belt, one Road » (« La ceinture et la route »).
Cette initiative majeure a vu Pékin prêter des sommes importantes à plusieurs pays en développement d’Asie ou d’Afrique pour améliorer leurs infrastructures et faciliter le commerce. Mais des experts ont mis en garde ces pays sur leur capacité à rembourser leur dette à la Chine. Le Fonds monétaire international (au tropisme pro-américain prononcé) a « sonné l’alarme » concernant la hausse de la dette publique de Djibouti, passée de 50 % du PIB en 2014 à 85 % en 2017.
Selon le programme d’études ‘China Africa Research Initiative’, basé aux États-Unis, la dette de Djibouti envers la Chine s’établit à 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros). Mais, dans une interview avec l’AFP, M. Hadi a balayé ces inquiétudes, se disant confiant que les profits tirés des ports et de la nouvelle ligne de chemin de fer permettront de couvrir la dette. « Nous ne sommes pas du tout inquiets de notre niveau d’endettement. Ce ne sont pas les contribuables qui paieront la dette, ce sont ceux qui utilisent les services: les navires, les commerçants ».
Les autorités arguent que la multiplication d’infrastructures nouvelles est le seul moyen d’assurer la croissance de Djibouti et de sortir sa population de la misère. Selon le président Guelleh, la zone franche, dans sa phase initiale, pourrait permettre de faire croître le PIB de 11 %. Les noms de 21 compagnies ayant déjà accepté d’emménager dans cette zone ont été dévoilés jeudi. Le gouvernement dijboutien est l’actionnaire majoritaire de la zone franche, aux côtés de trois groupes chinois: China Merchants Group, Dalian Port Corporation et IZP Technologies.
(Sources : AFP – Press TV – EODE Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
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