LM DAILY / 2018 06 02/
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
« Les États-Unis cherchent aussi à mettre au pas l’Europe aussi grand que soit son atlantisme. Il s’agit de la neutralisation préventive d’un bloc géostratégique qui contient en soi et malgré toutes les tentatives de stérilisation des USA, les germes de l’antiaméricanisme »
– Press TV (Iran, ce 2 juin 2018).
Dans un précédent Quotidien géopolitique (le 26 novembre 2017), j’avais expliqué comment les guerres faites par les politiciens atlantistes de l’Union Européeenne sont en fait des guerres américaines faites « contre les intérêts de la Grande-Europe », selon l’analyse classique du regretté Général Jordis Von Lohausen (disciple de Jean Thiriart) (1). Ce qu’analysait le géopoliticien autrichien pour la 1ère Guerre du Golfe et les guerres des Balkans (pour la destruction des IIe – Tito – et IIIe Yougoslavie – Milosevic -) est entièrement valable pour les guerres américaines suivantes.
Dans les « guerres de Yougoslavie » les USA, servilement suivi par les politiciens de l’OTAN, se sont engagés dans une série de guerre contre les intérêts de la Grande-Europe (2). Après la Yougoslavie, il y aura l’Afghanistan, l’Irak, le soi-disant « printemps arabe ». Où les valets européens de Washington ont contribué directement à la destruction de leurs alliés géopolitiques potentiels, aux systèmes socio-politiques les plus proches d’eux. Les guerres des USA sont en effet des guerres contre la « Grande-Europe » (de Vladivostok à Reykjavik, le concept géopolitique d’où est issu le Néoeurasisme) et pour la domination de l’Eurasie au XXIe siècle. Ce qui implique aussi le contrôle des sources d’énergie (Pétrole, Gaz, Uranium) et de leurs voies d’acheminement.
# « LA DESTABILISATION DU MOYEN-ORIENT VISE AUSSI L’AFFAIBLISSEMENT DE L’EUROPE »
(PRESS TV, 2 JUIN 2018)
Ce que je développais pour les Balkans vaut «évidemment pour le Proche-Orient et le soi-disant « printemps arabe » :
« Ceux des analystes qui croient qu’une Amérique en déclin se contenterait de démembrer la Syrie, d’encercler l’Iran, de mener la guerre à la Russie et à la Chine, sont fort optimistes. La guerre dans la partie centrale du monde vise la Russie à moyen terme et la Chine à long terme. Mais elle cible également le démantèlement de l’espace européen. Et les tensions transatlantiques n’en sont que les prémices. En Syrie, les Américains ne se contentent pas moins d’un démembrement de l’État syrien et son remplacement par un régime plus ou moins inféodé, et ce, dans le strict sens de démanteler l’alliance Damas-Téhéran-Hezbollah et préparer le terrain à un plus grand encerclement de l’Iran.
Une fois la Syrie et l’Iran « maîtrisés », la voie est grande ouverte à la Grande conquête de l’OTAN en Asie centrale. L’objectif consiste à déstabiliser l’ensemble du flanc méridional de la Russie. C’est cela l’objectif avoué du rapprochement et de l’extension militaire de l’OTAN en Pologne, en Ukraine, dans les pays baltes et en Roumanie.
Pour faire plus de pression sur l’Iran, Washington exerce un chantage sur l’Europe.
Mais pourquoi déstabiliser la Russie ?
Car une Russie déstabilisée permettra de prendre en tenaille la Chine sur son flanc occidental surtout qu’il y a cette province chinoise du Xinjiang, peuplée de turcophones musulmans, où des cellules takfiristes, largement présentes en Syrie, projettent de s’étendre à la Mongolie, voire à la péninsule coréenne et au Japon, et enfin à la Mer de Chine. C’est trop ambitieux comme projet, mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. À vrai dire, les objectifs de ce plan dépassent l’Iran, la Russie ou la Chine. Les États-Unis cherchent aussi à mettre au pas l’Europe aussi grand que soit son atlantisme. Il s’agit de la neutralisation préventive d’un bloc géostratégique qui contient en soi et malgré toutes les tentatives de stérilisation des USA, les germes de l’antiaméricanisme.
La déstabilisation de l’Afrique du Nord et du Levant vise également l’affaiblissement progressif de l’Europe. Cela nous amène à la prochaine phase qui se prépare et dont le théâtre sera le flanc sud de l’Europe occidentale. Les lignes d’approvisionnement en énergie fossile de pays comme la France, l’Espagne et l’Italie sont en ligne de mire. L’Algérie et le Maroc sont les seuls deux pays d’Afrique du Nord dont la déstabilisation pourrait porter un coup fatal à l’Union européenne. Quel que soit le niveau d’intégration de ces deux pays à l’ordre mondial ou quel que soit leur niveau de développement ou de coopération, ils ne sont plus à l’abri des velléités US/OTAN. La déstabilisation de cette région très proche de l’Europe peut prendre diverses formes: elle profiterait aux clivages internes et externes déjà existants. Mais l’objectif est l’Europe.
Les pays de l’Union européenne n’ont aucun moyen de faire face à un éventuel effondrement stratégique en Méditerranée occidentale. Surtout quand un État comme la France fait le choix conscient ou inconscient de s’engager militairement aux côtés des États-Unis pour accélérer la destruction du premier maillon de la chaîne de résistance qu’est la Syrie et ce, en ramant à contre-courant d’une Allemagne qui, elle, semble s’être tournée vers l’Eurasie. »
NOTES :
(1) Le général et géopolitologue autrichien Lohausen (1907-2002), ancien membre de l’Etat major du Maréchal Rommel, proche des patriotes anti-nazis du 20 juillet 1944, s’inscrit dans la suite des thèses géopolitiques de Jean Thiriart sur « l’Europe de Vladivostok à Dublin ». Jordis VON LOHAUSEN a écrit des pages élogieuses sur le projet européen de THIRIART dans les Années 1960-75, sous le titre « REICH EUROPA », en Français « L’EMPIRE D’EUROPE ». Nous avons largement diffusé cette longue analyse publiée en Allemand et l’avons traduite en Français, Anglais, Italien, Espagnol et Russe.
(2) Le livre principal de géopolitique du général, « MUT ZUR MACHT. DENKEN IN KONTINENTEN » (Vowinckel, Berg am See, 1979), traduit pour la petite histoire en Français par une des secrétaires de THIRIART, s’inscrit dans l’Ecole d’HAUSOFER, mais reprend aussi de nombreuses conceptions de THIRIART. LOHAUSEN parle notamment de « l’Europe de Madrid à Vladivostok ». Dans l’exemplaire offert par LOHAUSEN à THIRIART en 1983 (et qui m’a été légué avec sa bibliothèque en 1999) figure la dédicace suivante : « En respectueux hommage à un grand Européen ».
LOHAUSEN a aussi visiblement été influencé par le concept du « Grand Espace continental de Flessingue à Vladivostok » de Ernst NIEKISCH. Dont on méconnaît profondément l’influence sur les jeunes officiers allemands des Années 1930-34, qui recherchaient une alternative au Nazisme (notamment avec les initiatives du Général SCHLEICHER, le « général rouge » qui voulait barrer la route à HITLER avec un Front uni des syndicats, de la Reichwehr et des nationalistes à la gauche du NSDAP », le « Quer front », le Front Transversal).
Pour Lohausen, « l’Europe puissance passe par la réunion de la grande communauté de peuples européens au sein d’un espace continental allant de ‘Cadix à Vladivostok’, il s’agit donc de construire une ‘Europe grand-eurasienne’. »
# L’ANALYSE DE REFERENCE :
* LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOPOLITIQUE RETROSPECTIVE : LES GUERRES DES USA SONT DES GUERRES CONTRE LA ‘GRANDE-EUROPE’ ET POUR LA DOMINATION DE L’EURASIE AU XXIe SIECLE. OU COMMENT LES POLITICIENS DE L’UE ET DE L’OTAN FONT CES GUERRES CONTRE LES INTERETS VITAUX DE LEURS PEUPLES … (LES GUERRES DE YOUGOSLAVIE III)
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* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
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