LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 04 23/
« La Maison Blanche a affirmé aujourd’hui que l’alliance entre les Etats-Unis et la France restait « aussi forte » qu’auparavant après la victoire du socialiste François Hollande la veille sur le président sortant Nicolas Sarkozy. Evoquant les relations entre Paris et Washington, le porte-parole du président américain Barack Obama, Jay Carney, a affirmé que « cette alliance est aussi forte aujourd’hui qu’elle l’était la semaine dernière »… »
– Le Figaro (7 mai 2012)
« Avant de répondre aux questions de la presse, Donald Trump et Emmanuel Macron se sont donné une franche accolade, accompagnée d’une bise qui a provoqué les rires d’une partie de l’assemblée. « Je l’aime beaucoup », a ensuite souri le président américain, comme pour se justifier de ce geste d’affection assez inhabituel de l’autre côté de l’Atlantique »
– Le Figaro (24 avril 2018).
Le voyage du président Macron aux USA révèle la vassalisation profonde de la France à l’impérialisme américain. Dans la première Partie de mon analyse, j’avais expliqué comment la France « rebelle » du général de Gaulle était devenue en cinq décennies le meilleur vassal de Washington.
Voir la Partie I de cette analyse/
FRANCE 2008-2018 (I) : COMMENT LA FRANCE REBELLE DU GENERAL DE GAULLE EST DEVENUE LA FRANCE VASSALE SOUMISE AUX USA DES SARKOZY-HOLLANDE-MACRON !?
Mais la France n’est pas tombée par hasard dans les mains américaines ! C’est une opération très réussie de ‘soft power’ (bien avant que le terme soit défini par le professeur américain Joseph Nye en 1990) (1) (2), mêlant influence politique et culturelle, qui a été menée à partir de 1976. Et dont les figures emblématiques sont les présidents Hollande et Macron, tous deux « young leaders » de la Fondation …
COMPRENDRE CE QUI S’EST PASSE EN FRANCE:
LA ‘FRENCH-AMERICAN FOUNDATION’ MATRICE DE LA COLLABORATION FRANCAISE
La ‘French-American Foundation – France’ est la matrice de la collaboration française avec Washington. C’est la principale organisation en France qui se consacre à « renforcer les liens entre la France et les États-Unis ».
« Depuis sa création en 1976, elle se consacre à encourager un dialogue actif entre les deux nations. L’objectif de cette fondation est d’œuvrer à une meilleure compréhension mutuelle entre les deux pays et à la recherche de solutions partagées (…) En 1975, plusieurs personnalités politiques, universitaires et économiques décidèrent de créer un environnement d’échanges et de débats afin d’approfondir la relation entre la France et les États-Unis. La naissance de la French-American Foundation fut officialisée en 1976 à Washington par les présidents Valéry Giscard d’Estaing et Gerald Ford, lors des célébrations du bicentenaire de la Déclaration d’indépendance américaine. »
Le Figaro, à l’occasioin du Dîner 2017 de la Fondation, révélait, avec une fierté honteuse, la vassalisation des élites françaises : « Des patrons à la pelle, de la nouvelle comme de l’ancienne économie, qui, pour certains, avaient acheté des tables: Xavier Niel (Iliad), Yannick Bolloré (Havas), Jean-Paul Agon (L’Oréal), Patrick Pouyanné (Total), Augustin de Romanet (Aéroports de Paris), Laurent Solly (Facebook France), Delphine Arnault (Louis Vuitton), Sébastien Missoffe (Google France). Des diplomates comme Jean-David Levitte, ancien ambassadeur de France aux États-Unis et ancien conseiller de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ou Bernard Emié, ancien ambassadeur de France en Algérie aujourd’hui à la tête de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Des militaires comme l’amiral Philippe Coindreau, major-général des armées. Des écrivains comme Philippe Labro ou Mathieu Laine, des galeristes comme Emmanuelle et Jérôme de Noirmont, quelques politiques comme Louis Giscard d’Estaing, Virginie Calmels, Jean-François Copé et Jérôme Chartier et même un spationaute, «le» héros positif du moment, Thomas Pesquet, qui s’est exprimé dans un anglais parfait, après que l’octuor de la garde républicaine eut joué l’hymne américain puis La Marseillaise… Le Trianon, salle de concert branchée du boulevard de Rochechouart, à Paris, avait rarement reçu une assistance aussi chic. Lundi 27 novembre, en effet, s’y pressaient la fine fleur du monde » (sic) (3) …
L’OUTIL DE VASSALISATION DES ELITES FRANÇAISES :
LE PROGRAMME ‘YOUNG LEADERS’
L’outil de vassalisation des élites française est l’organisation de « séminaires pour des jeunes dirigeants (Young Leaders) français et américains issus de la politique, de la finance, de la presse », « à fort potentiel de leadership et appelés à jouer un rôle important dans leur pays et dans les relations franco-américaines ».
Le programme « Young Leaders » a été lancé en 1981. « Il s’agissait de la première grande initiative transatlantique visant à renforcer les liens entre les deux pays en encourageant la rencontre et l’échange entre futurs leaders français et américains (…) Plus de 30 ans après, il continue de jouer un rôle-clé dans le développement des liens transatlantiques, rassemblant aujourd’hui plus de 400 dirigeants issus du monde de la haute fonction publique, de l’entreprise, des médias, de l’armée et de la recherche ».
Parmi les Young Leaders de précédentes sélections : François Hollande et Emmanuel Macron, Présidents de la République …
PARMI LES PERSONNALITES FRANÇAISES AYANT PARTICIPE AU PROGRAMME «YOUNG LEADERS » :
Henri de Castries (1994, président du directoire du groupe Axa)
Emmanuel Chain (1999, journaliste)
Jérôme Clément (1982, président d’ARTE)
Laurent Cohen-Tanugi (1996, ancien vice-président de Sanofi-Synthélabo)
Annick Cojean (2000, journaliste au Monde)
Jean-Marie Colombani (1983, fondateur de Slate et ancien directeur du Monde)
Matthieu Croissandeau (2002, rédacteur en chef adjoint du Nouvel Observateur)
Jean-Louis Gergorin (1994, complexe militaro-industriel)
Nicolas Gaume (1999, PDG de Mimesis Republic et président du Syndicat national du jeu vidéo)
Bernard Guetta (1981, journaliste à France Inter)
François Hollande (1996, président de la République française)
Erik Izraelewicz (1994, directeur du Monde)
Laurent Joffrin (1994, PDG de Libération)
Jean-Noël Jeanneney (1983, président de la Bibliothèque nationale de France)
Alain Juppé (1981, maire de Bordeaux)
Sylvie Kauffmann (1998, journaliste au Monde)
Yves de Kerdrel (2005, éditorialiste au Figaro)
Anne Lauvergeon (1996, ancienne présidente d’AREVA)
François Léotard (1981, ancien ministre de la Défense)
Bruno Le Roux (1998, ex président du groupe PS à l’Assemblée nationale)
Alain Minc (1981, conseiller politique, économiste, essayiste et dirigeant d’entreprise)
Arnaud Montebourg (2000, ex ministre du Redressement productif)
Aquilino Morelle (1998, conseiller politique au cabinet du président de la République François Hollande)
Pierre Moscovici (1996, ex ministre de l’Économie et des Finances, commissaire européen)
Olivier Nora (1995, président des Éditions Fayard)
Christine Ockrent (1983, journaliste)
Denis Olivennes (1996, président d’Europe 1)
Valérie Pécresse (2002, ancienne ministre de l’Éducation nationale)
Alain Richard (1981, ancien ministre de la Défense)
Jacques Toubon (1983, député UMP)
Marisol Touraine (1998, ex ministre des Affaires sociales et de la Santé)
Najat Vallaud-Belkacem (2006, ex ministre des Droits des femmes)
Henri de Castries (AXA),
Franck Gervais (Thalys),
Alexis Morel (Thalès),
Hélène Huby (Airbus)
« Si les nominés des promotions les plus anciennes sont bien installés, les membres les plus jeunes commencent déjà à percer. Il n’y a pas que les grands pontes de l’économie française qui se pressent dans les rangs de la Fondation » :
Frédéric Mazzella (fondateur et PDG de BlablaCar, promotion 2015)
Clothilde L’Angevin (promo 2015, directrice de la stratégie du Crédit Agricole depuis 2015)
Fatima Hadj (promo 2014, directrice associée à Standard & Poor’s)
Renaud Guidée (promo 2013, directeur exécutif de Goldman Sachs)
Matthieu Pigasse (promo 2005, Banque Lazard & actionnaire du Monde)
Édouard Philippe (promo 2011, Premier ministre)
Cédric Villani (le célèbre mathématicien à l’Assemblée nationale)
Julia Minkowski (associée du célèbre Cabinet Temime et Associés, a fait partie du groupe de travail « Justice » d’En Marche ! au lancement de la campagne présidentielle, promotion 2014)
Fanny Letier (promotion 2016, a commencé sa carrière à la direction générale du Trésor, puis, après avoir été directrice-adjointe du cabinet d’Arnaud Montebourg, aujourd’hui directrice exécutive de BPIFrance, Banque Publique d’Investissement)
Nicolas Hazard (2016, fondateur et président du Comptoir de l’Innovation/Calso)
LA PRESIDENCE MACRON :
LE CHOIX ET LE SCENARIO DE LA FONDATION
« Ces derniers mois, Macron a fait plusieurs voyages emblématiques aux Etats-Unis, informe un blog Mediapart (3). Dès le début de l’année 2016, Emmanuel Macron passe ses troupes et ses soutiens en revue, de l’autre côté de l’Atlantique. Alors ministre de l’Économie, il passe notamment par Las Vegas. Cet événement organisé par Business France, dont l’ancienne présidente est aujourd’hui ministre du Travail, a mené à des perquisitions mardi 20 juin 2017 au siège du groupe publicitaire Havas et de l’agence nationale Business France sur ordre de l’Inspection Générale des Finances, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « favoritisme, complicité et recel de favoritisme ». Quasiment un an plus tard, Emmanuel Macron, cette fois candidat officiel, visite New York car « la démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût. » Entre deux levées de fonds traditionnelles aux sommes astronomiques, Emmanuel Macron participe à un petit déjeuner anodin mais fondamental pourtant passé quelque peu inaperçu dans la presse française. Un article de Libération daté du 6 décembre 2016 nous indique sans plus d’analyse que Macron y a rencontré « une trentaine d’invités de la French-American Foundation lors d’un petit-déjeuner au Links Club de l’Upper East Side, un club de gentlemen golfeurs traditionnellement issus de l’ancienne élite bancaire de la ville. Emmanuel Macron est un « Young Leader » de la French-American Foundation, promotion 2012. »
VOUS COMPRENEZ MAINTENANT ?
Tout est sans doute maintenant plus clair. Nul besoin de la théorie du complot – incapacitante et qui détourne de l’action politique – ou des élucubrations antisémites pour disséquer la nature du Régime français. Il suffit d’analyser les rapports de domination impérialiste en France et ses outils de vassalisation.
Vous comprenez-mieux maintenant comment s’exerce la domination des USA en France ? Comment l’Axe Washington-Paris domine médias, affaires et monde politique ? Comment, renforcé encore par divers lobbies, fondations et réseaux – dont le lobby pro-israélien, le CRIF, ou encore les réseaux atlantistes ou neocons en France (revue de BHL ‘La Règle du jeu’, etc) -, il impose à la France une politique au service de l’étranger et contraire à ses intérêts fondamentaux et à ceux de la Grande-Europe ?
Vous savez aussi pourquoi Paris, avec Sarkozy, Hollande et Macron, s’est détourné de la véritable politique de la France, celle de l’Axe Paris-Moscou, celle du général de Gaulle. Avec son « Europe de l’Altantique à l’Oural », sa « Grande politique arabe », son opposition à l’OTAN et au « parti américain » (dixit de gaulle lui-même).
Et bien entendu la situation est la même partout en Europe. Ce qui existe en France existe à Bruxelles, Rome, Berlin ou Madrid. Ou encore au sein du Parlement européen ou de l’OSCE …
NOTES ET RENVOIS :
(1) Sur le ‘soft power » US voir :
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
SOFT POWER (III): LE ‘SOFT POWER’ AMERICAIN ‘BRAS CULTUREL’ DU PENTAGONE ET DU STATE DEPARTMENT
Et SOFT POWER (V):
LA ‘GUERRE CULTURELLE’ OU LE COTE OBSCUR DU ‘SOFT POWER’ AMERICAIN
(2) Voir sur EODE-TV/ LUC MICHEL:
SUR LE ‘SOFT POWER AMERICAIN’
– (SOFT POWER PARTIE 3)
sur https://vimeo.com/242648562
(3) Cfr. « La French-American Foundation, un pont entre deux rives », http://www.lefigaro.fr/international/2017/12/01/01003-20171201ARTFIG00292-la-french-american-foundation-un-pont-entre-deux-rives.php
(4) Cfr. « Le programme « Young Leaders », incubateur d’oligarchie »,
Photo :
La French-American Foundation organisait son dîner de gala annuel 2017, au Trianon, à Paris, avec pour invité d’honneur Evan Spiegel, le milliardaire américain créateur de Snapchat.
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie –
Néoeurasisme – Néopanafricanisme (Vu de Moscou et Malabo) :
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