LM DAILY / 2018 04 08/
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
« Ankara est un membre actif de l’OTAN (…) Il va sans dire que la Turquie entretient d’étroits liens avec des groupes armés en Syrie (…) Tout cela n’incite pas la Russie à voir en la Turquie un allié et ce n’est pas uniquement en raison de sa présence active au sein de l’OTAN. Depuis le début de la guerre, l’Iran et la Russie se sont battus dans le même camp, ce qui n’a jamais été réellement le cas des Turcs »
– RBK Daily (Moscou, 6 avril).
Après une divergence d’opinion avec un correspondant russe sur Afrique Media, ce samedi, j’ai été violemment agressé (1) sur mon analyse sur la Sommet d’Ankara et le rôle d’Erdogan, agression qui a continué sur certains réseaux sociaux. Visiblement je dérange les réseaux d’influence turcs en Russie ! Le public ne doit pas se laisser abuser, ce n’est pas parce qu’un analyste parle depuis Moscou qu’il représente l’opinion russe. Ou que parce que j’interviens depuis Bruxelles, je prônerais « les positions de l’UE ». Je suis un partisan de Moscou depuis 35 ans, les médias de l’OTAN me disent (avec raison) « omniprésent dans la Russosphère internationale » (2), ma position est celle du Néoeurasisme le plus radical. J’ai aussi affronté directement l’OTAN et l’UE en Mars 2014 en organisant le monitoring du Référendum d’auto-détermination de la Crimée et de Sébastopol (3). Qui peut dire mieux ???
MAIS QUE DIT LA PRESSE RUSSE SUR CE DOSSIER ?
Le journal russe RBK Daily revient sur ce sommet et écrit :
« La libération de la Ghouta reste à cet égard un grand tournant, car elle ouvre la voie à l’effondrement des groupes terroristes dans le sud-ouest et le nord de Hama. Tout porte à croire que les fronts de combat se divisent désormais en plusieurs parties : 1) le centre culturel et commercial de la Syrie contrôlé par l’État, soit 60 pour cent du territoire qui abrite 80 pour cent de la population ; 2) les régions placées sous l’emprise turque ; 3) celles que contrôlent les Kurdes de Syrie ; 4) et enfin une zone située sur la rive est de l’Euphrate et à proximité de Raqqa sur lesquelles les Américains imposent leur contrôle.
Pour l’État syrien, ces trois zones sont sous occupation étrangère et devront être libérées. Et justement c’est en raison de cette situation particulière que le partenariat de la Turquie avec la Russie et l’Iran est bien moins transparent que l’alliance irano-russe. À vrai dire, l’Iran et la Russie pourront ne pas être d’accord dans de nombreux dossiers comme celui des relations avec Riyad ou Tel-Aviv, mais en Syrie, leurs relations vont au-delà d’un simple partenariat et sont devenues une réelle alliance stratégique. Ce qui n’est pas le cas des liens que les deux puissances entretiennent avec la Turquie, dans la mesure où Ankara est un membre actif de l’OTAN.
Il va sans dire que la Turquie entretient d’étroits liens avec des groupes armés en Syrie. Et puis le poids d’Ankara ne cesse de s’accroître à mesure que l’Arabie saoudite perd du terrain. TOUT CELA N’INCITE PAS LA RUSSIE A VOIR EN TURQUIE UN ALLIE ET CE N’EST PAS UNIQUEMENT EN RAISON DE SA PRESENCE ACTIVE AU SEIN DE L’OTAN. DEPUIS LE DEBUT DE LA GUERRE, L’IRAN ET LA RUSSIE SE SONT BATTUS DANS LE MEME CAMP, CE QUI N’A JAMAIS ETE REELLEMENT LE CAS DES TURCS.
Mais pourquoi la Russie a-t-elle fait preuve d’une extrême tolérance envers la Turquie au cours de son offensive à Afrin ? La Russie espère que cette tolérance pourra déboucher sur une victoire stratégique. Comment cela ? Après avoir été violemment défaits à Afrin, les Kurdes devraient finir par entendre raison et accepter de négocier avec Damas. Dans ce cas, ils n’auront plus besoin des Américains. L’aile sud de l’OTAN ne saura résister à un tel choc et c’est sur cela que misent l’Iran et la Russie. »
QUE DISENT LES MEDIAS D’ETAT IRANIEN ?
En rappelant que Téhéran est un des états du processus d’Astana (Conférences d’Astana, Sotchi et Ankara) :
« Il y a certes à travers ce projet une envie de résurrection de l’empire ottoman, mais surtout la volonté de faire partie du Grand Moyen Orient non pas comme proie des Américains mais surtout comme l’un des prédateurs »
– Fars (Agence d’Etat iranienne, 8 mars 2018).
« En Syrie, la Turquie sert de cheval de Troie à l’OTAN. D’ailleurs, depuis la normalisation de ses liens avec la Russie, Ankara n’a cessé de s’orienter en ce sens : à mesure qu’elle progresse, l’OTAN avance aussi »
– Agence ‘Fars’ (Iran, 22 mars 2018).
ET QUE DISENT LES GENERAUX AMERICAINS ?
« Ankara est un allié fiable de Washington au sein de l’OTAN et ses inquiétudes en ce qui concerne la sécurité de ses frontières-sud sont parfaitement fondées », a dit le Général George Vottel, commandant du CentCom US !
Dans le cas du dossier syrien, depuis le mois d’août 2016, je parle de « gesticulations diplomatiques opportunistes » à propos des critiques d’Erdogan contre les USA et du soi-disant « rapprochement avec la Russie » avancée par les « géopolitologues de l’émotion immédiate » (qui est tout sauf de la Géopolitique !) de certains médias russes ou français. La diplomatie d’Erdogan (car c’est bien d’un pouvoir personnel qu’il s’agit) n’est ni atlantiste ni eurasiste (sic), elle est foncièrement opportuniste. Et l’actualité le démontre chaque jour. La diplomatie néo-ottomane d’Erdogan ce ne sont plus des « tournants » mais le « grand 8 » des parcs d’attraction !
ANALYSE DE REFERENCE :
* Lire sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
QUELLE ANALYSE DU SOMMET TRIPARTITE D’ANKARA SUR LA SYRIE ?
EMISSION DE REFERENCE :
* Voir sur PCN-TV/
PRESS TV (IRAN) DEBAT AVEC FABRICE BEAUR & LUC MICHEL :
LE SOMMET TRIPARTITE IRAN/TURQUIE/RUSSIE SUR LA SYRIE.
QUE FAUT-IL EN PENSER ?
(6 AVRIL 2018)
sur https://vimeo.com/263623970
LM
NOTES :
(1) Il faut noter que les conditions du multiplex avec Douala ne me permettent pas de répliquer. Et donc que cette agression unilatérale se double d’une totale lâcheté, puisque mon agresseur sait que je ne pourrai pas lui répondre !
(2) « Luc Michel est omniprésent dans la ‘russosphère’ internationale », Le Vif-L’Express (édition belge du magazine français) dans « Russie-Belgique : Moscou avance ses pions » (n° 3413, 2 au 8 décembre 2016).
Cfr. LE VIF-L’EXPRESS CITE LUC MICHEL ‘OMNIPRESENT DANS LA ‘RUSSOSPHERE’ INTERNATIONALE’
(3) « Au moment où il bloquait les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Poutine en faisait venir d’autres via le Eurasian Observatory for Democracy and Elections (EODE), organisation non gouvernementale créée et administrée par (…) Luc Michel, afin de tenter de légitimer le référendum du 16 mars 2014 en Crimée » dit la revue de l’IFRI.
Cfr. « Crimée : les contradictions du discours russe », par Jean-Baptiste Jeangène Vilmerin, in POLITIQUE ETRANGERE, 2015/1 (Printemps), éditée par l’IFRI (Paris).
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* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/