LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 03 23/
Mes analyses prévisionnelles sont souvent justifiées par l’évolution de l’actualité. Mais ici mon analyse d’hier l’est immédiatement. Depuis hier soir, les positions de l’Armée arabe syrienne à Alep visées par les Turcos-djihadistes …
À peine dix jours après la conquête d’Afrin, où les hordes takfiristes continuent à piller les maisons et les biens des Kurdes en fuite, le président Erdogan promet de diriger ses troupes et mercenaires vers Manbij puis Idlib. Ce vendredi pour la première fois depuis le début de l’offensive turque, les terroristes djihadistes à la solde d’Ankara ont tiré sur les positions de l’Armée arabe syrienne et de leurs alliés dans la grande banlieue d’Alep.
* Voir mon analyse d’hier sur
‘ERDOGAN CHEVAL DE TROIE DE L’OTAN EN SYRIE’
(PRESSE IRANIENNE)
I –
AU NORD D’ALEP :
L’ARMEE TURCO-DJIHADISTES AU COMBAT CONTRE L’ARMEE ARABE SYRIENNE
« L’Artillerie de l’armée turque a pilonné, ce 23 mars, les positions de l’Armée arabe syrienne dans le district de Tell Jabin au nord de la province syrienne d’Alep », rapporte la télévision libanaise ‘al-Mayadeen’. Épaulée par les groupes armés terroristes djihadistes, avec à leur tête l’ASL essentiellement djihadiste, l’armée turque s’est infiltrée dans trois villages de la région et avance vers les frontières administratives des deux cités de Nubl et d’al-Zahra.
Avec la progression des troupes d’Ankara dans la région d’Alep, les combats meurtriers qui opposaient, au départ, les militaires turcs et les groupes armés kurdes, se sont transformés en des affrontements entre l’Armée arabe syrienne et ses alliés qui tentent de bloquer l’offensive de la Turquie en Syrie. Depuis le 20 janvier 2018, les militaires turcs mènent une opération militaire à Afrin, dans le nord de la Syrie, qui vise, prétend Ankara, « à lutter contre les groupes kurdes » liés aux « terroristes » actifs sur ses frontières. Ankara mène sa soi-disant « offensive anti-terroriste » avec … l’ASL dont es forces sont essentiellement terroristes, et dont une part est issue du ‘Jabbaat al-Nosra’, c’est-à-dire ‘al-Qaida en Syrie’ ! Les Kurdes ayant quitté la ville après sa chute, Ankara refuse toujours d’en remettre le contrôle à l’État syrien.
L’armée d’Erdogan étend maintenant son offensive à Alep alors que cette province est assez loin d’Afrin. La Turquie n’a pas écarté non plus une invasion de Sinjar, située au nord-ouest de l’Irak près de la frontière syrienne. Des informations en provenance de Sinjar ont fait par ailleurs état « des mouvements d’exode qui ont commencé dans la ville après les menaces formulées par la Turquie ».
ERDOGAN ET TRUMP SOULIGNENT CE 22 MARS « L’IMPORTANCE DES COOPERATIONS STRATEGIQUES ENTRE ANKARA ET WASHINGTON »
Simultanément « à l’aventurisme militaire turc sur le sol syrien » (dixit les médias d’Etat iranien), le président turc Recep Tayyib Erdogan s’est entretenu, ce jeudi 22 mars, au téléphone avec son homologue américain, Donald Trump. La conversation des deux hommes était axée sur des questions régionales et bilatérales. La Turquie et les États-Unis sont membres de l’OTAN. Les deux hommes ont évoqué, lors de cet entretien, « l’importance des coopérations stratégiques entre Ankara et Washington ».
LA NOUVELLE BATAILLE POUR SINJAR
Parallèlement, le PKK, via sa branche irakienne le ‘Parti des travailleurs du Kurdistan irakien’, a annoncé vouloir « se retirer de la ville de Sinjar ». Les membres du Parti, traités par la Turquie de « terroristes », prétendaient « protéger les populations yézidies de Sinjar contre Daech », ce qui est loin d’être vrai : cette population, lâchée en pâture aux terroristes de Daech, a été décimée avant d’être libérée par les forces armées irakiennes et les forces des ‘Unités de mobilisation populaire’ irakiennes , les ‘Hachd al-Chaabi’.
La Turquie a affirmé « qu’elle ne permettrait pas que Sinjar se transforme en une seconde Qandil » (région montagneuse située entre l’Iran, l’Irak et la Turquie où sont retranchés les membres du PKK) : « Si Bagdad ne nettoie pas Sinjar de la présence du PKK, c’est la Turquie qui le fera à sa place », a menacé Erdogan.
Pour de nombreux analystes, dont moi-même, le PKK, tout comme sa branche syrienne les YPG, sont un prétexte dont se sert la Turquie pour justifier sa conquête néo-ottomane. Laquelle ne se réduirait pas à la Syrie et viserait à s’étendre jusqu’ l’Irak. Les troupes turques sont toujours positionnées dans le nord de Mossoul, des mois après sa libération des griffes de Daech.
VERS UN RETOUR AUX FONDAMENTAUX GEOSTRATEGIQUES EN SYRIE : UNE COALITION IRANO-RUSSE POUR CONTRER L’AXE AMERICANO-TURC
Selon l’agence de presse ‘Sputnik’ (qui semble revenir de ses errements philo-turcs dictés par ses analystes « émotifs »), « en réaction aux dernières évolutions en Syrie, le général Safavi, haut conseiller du Leader de la Révolution islamique d’Iran, a proposé devant une assemblée d’experts la création d’une coalition composée de l’Iran, de la Russie, du Pakistan, de l’Irak et de la Syrie pour pouvoir faire face à celle constituée par la Turquie, les États-Unis et Israël ».
Ce qui est la réalité de la confrontation en Syrie, telle qu’elle est clivée depuis la fin 2011, loin des rêves de « tournant géopolitique turc » des « géopolitologues de l’émotion » (qui est tout sauf de la Géopolitique !) …
Ce responsable militaire iranien rappelle que « les Russes ont signé un traité en matière de défense avec la Syrie en vertu duquel Damas met à la disposition de ces derniers, en vertu d’un bail de 49 ans, la base maritime de Tartous et la base aérienne de Hmeimim ».
Selon un autre expert iranien des questions du Moyen-Orient, Seyyed Hadi Afqahi, qui a été dans le passé un des diplomates de la République islamique d’Iran au Liban, « la mise en place de la coalition précitée est une chose tout à fait réalisable et serait extrêmement bénéfique ».
Selon Afqahi, « la proposition du conseiller du Leader est très intéressante en ce qu’elle cherche à établir un équilibre des forces dans la région. Si le Pakistan (qui s’éloigne rapidement de Washington et se tourne vers l’OCS) (1) « décidait de devenir l’allié de l’Iran, cela porterait un grand coup à Washington. C’est ainsi qu’un grand nombre d’équations politiques et stratégiques dans notre région se résoudraient en faveur de la Russie et de ses alliés (…) Cela constituerait également un véritable frein à l’intrusion américaine dans les affaires des pays du Moyen-Orient. Cette coalition permettrait non seulement des coopérations en matière militaire mais aussi en matière économique. Les pays qui la composent pourraient ainsi prendre le contrôle des détroits et des eaux libres de la région ».
Avec l’aide de Moscou, l’Iran et le Pakistan « pourraient pleinement prendre en main la lutte contre les terroristes soutenus par les États-Unis, Israël et l’Arabie saoudite ». Dans un tel scénario, « les États-Unis se verraient incapables d’imposer leurs décisions malsaines aux pays de la région, à l’instar du transfert de l’ambassade américaine dans la sainte ville de Qods ».
II –
LA GEOPOLITIQUE NEO-OTTOMANE AU CŒUR DE L’ACTION D’ERDOGAN AU LEVANT …
Parallèlement à ses agissements militaires au nord de l’Irak, la Turquie poursuit donc son offensive à Afrin et au-delà vers Alep. La Turquie a lancé, ce 20 janvier, une offensive terrestre et aérienne contre le nord de la Syrie, baptisée « Rameau d’olivier », et ce, sous prétexte de combattre les kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), branche militaire du Parti de l’Union démocratique (PYD-PKK).
PROJETS D’EXPANSION NEO-OTTOMANE EN IRAK :
LA TURQUIE PROJETTE DE CONSTRUIRE UNE BASE MILITAIRE AU NORD DE L’IRAK
« La Turquie projette de construire une base militaire dans le nord de l’Irak », dit ‘Sky News’. « La sécurité de la Turquie implique que nous prenons sous contrôle certaines régions septentrionales en Irak et en Syrie », a récemment déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Selon ‘Sky News’ citant certains médias turcs, « Ankara chercherait à construire une base militaire temporaire dans la région montagneuse de Hakurk au nord irakien. Cette zone frontalière avec la Turquie abriterait des bases militaires appartenant au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qu’Ankara qualifie de terroriste », selon la chaîne. « Compte tenu des agissements précédents de la Turquie sur le sol irakien, les dirigeants et le peuple irakiens redoutent que le déploiement temporaire des militaires turcs dans le nord de l’Irak ne se transforme en une présence permanente ».
En même temps que la Turquie cherche à concrétiser son projet militaire à Hakurk, l’armée turque ne cesse d’attaquer les régions frontalières avec l’Irak. Dans ce cadre, l’aviation turque a récemment bombardé plusieurs villages irakiens à population kurde. 4 civils ont perdu la vie dans ces attaques. La Turquie continue à maintenir ses troupes dans la base militaire de Bachiqa à 25 km de Mossoul. Ankara prétend que l’objectif de ce déploiement militaire consiste « à lutter contre Daech », et ce, bien que Daech soit désormais quasi inexistant en Irak.
En réaction aux récents actes de la Turquie dans le nord de son pays, le ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim al-Jaafari a notifié au vice-ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Yildiz, « que toute action militaire de la Turquie sur le territoire irakien était inadmissible pour Bagdad ».
PROJETS D’EXPANSION NEO-OTTOMANE EN SYRIE
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé ce 18 mars que les forces turques avaient pris le contrôle du centre-ville d’Afrin et que les drapeaux de la Turquie et ceux de la soi-disant Armée syrienne libre (ASL), dont les bannières djihadistes salafistes, flottaient déjà à Afrin. Un défi pour Damas, mais aussi Téhéran et Moscou.
Mais à Afrin, les Kurdes vont passer à la guérilla !
Un responsable kurde syrien a déclaré que « la guerre contre les Turcs était entrée dans une nouvelle étape ».
ANKARA REORGANISE L’ASL ET LA DOTE DE FORCES SUPPLEMENTAIRES
Le journal ‘Star’ a rapporté que « l’Armée syrienne libre a été réorganisée dans le but de continuer les opérations turques à Afrin et de les étendre à d’autres villes de la Syrie, et qu’elle dispose désormais de 25.000 soldats ». La milice, à composante djihadiste majoritaire, de l’Armée syrienne libre, qui lutte contre le gouvernement central syrien, a été soutenue dès sa formation en 2011 par les pays occidentaux, par certains pays arabes et enfin et surtout par la Turquie. Malgré ces soutiens tous azimuts, les effectifs de l’ASL diminuaient régulièrement à mesure que l’armée syrienne accédait à de grandes victoires sur le terrain, passant ainsi de 40.000 à 20.000 environ.
Or, le journal ‘Star’ vient d’écrire que « du sang neuf va être injecté dans les éléments armés de l’ASL, qui atteindront ainsi le nombre de 25.000 », en justifiant ce changement de la sorte : « La région d’Afrin est beaucoup plus étendue que ce que peuvent couvrir les forces de l’opération Bouclier de l’Euphrate et il sera nécessaire de déployer la police locale pour résoudre les problèmes de sécurité qui se poseront sans aucun doute à Afrin. » « Le fait que l’Armée syrienne libre ait assisté les forces turques dans les opérations Bouclier de l’Euphrate et Rameau d’olivier montre la nécessité de transformer cette milice en une force régulière », ajoute le journal. Celui-ci prétend par ailleurs que « Selon des informations provenant de sources locales, il y a 80 unités de l’Armée syrienne libre dans les régions perdues par le gouvernement syrien, dont 40 sont concentrées en un seul endroit. »
En février, Kemal Kiliçdaroglu, président du Parti républicain du peuple (kémaliste), a qualifié avec raison l’Armée syrienne libre de « force terroriste ». Loin du prétexte kurde, c’est bien Damas et ses alliés qui sont visés. Pour le plus grand profit des USA et de l’OTAN …
NOTES :
(1) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
L’APPEL DE L’EURASIE EN MARCHE :
L’ADMINISTRATION TRUMP EST-ELLE EN TRAIN DE PERDRE LE PAKISTAN AU PROFIT DE PEKIN (ET DE MOSCOU) ?
Et : L’APPEL DE L’EURASIE EN MARCHE (II) :
LE PAKISTAN SE TOURNE VERS L’ORGANISATION DE COOPERATION DE SHANGHAI
(Sources : al-Mayadeen – SANA- Fars – Star – Sky News – EODE Think-Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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