LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 03 08/
« Il y a certes à travers ce projet une envie de résurrection de l’empire ottoman, mais surtout la volonté de faire partie du Grand Moyen Orient non pas comme proie des Américains mais surtout comme l’un des prédateurs »
– Fars (8 mars 2018).
Dans une analyse fouillée (que je partage et que je vous livre commentée), titrée « Afrin: Erdogan contre ou pour les USA? », publiée par l’agence iranienne d’Etat ‘Fars’, tout est dit sur les dessous de l’intervention turque en Syrie : oui, comme aux premiers jours de la guerre importée en Syrie contre Damas par les occidentaux et leurs complices, à Afrin, Erdogan roule toujours pour les américains et l’OTAN !
C’est une analyse qui rejoint les miennes sur « les coups de poker opportunistes d’Erdogan » (2) et qui consacre la faillite définitive de la « géopolitique de l’émotion » (1) (qui est tout sauf de la géopolitique). Ces fausses analyses qui confondent les chocs de l’actualité avec la véritable analyse géopolitique, à froid, sans passion ni illusions …
# « AFRIN: ERDOGAN CONTRE OU POUR LES USA ? »
(FARS, 8 MARS 2018)
« La Turquie annonce avoir éliminé depuis le début de son offensive contre Afrin, plus de 3000 « terroristes kurdes ». Certes, ces chiffres revendiqués par un Ankara qui affiche un air exagérément triomphaliste sont sujets à caution, surtout que l’armée turque a eu, les 50 premiers jours de son offensive, du mal à briser la ligne du front kurde. Alors que la Ghouta orientale monopolise l’attention des médias mainstreams il est peut- être grand temps de livrer une analyste de l’action militaire turque et de ses réels objectifs », dit Fazrs.
LE BILAN DE SEPT ANS DE PRESENCE ACTIVE DE LA TURQUIE AUX COTES DES ANTI-ASSAD ET DES ANTI-SYRIE DANS LE CAMPS AMERICAIN
« En effet, vu le bilan de sept ans de présence active de la Turquie aux côtés des anti-Assad et des anti-Syrie, il est difficile de se laisser berner par « l’argument kurde » (création d’un Etat kurde, NDLR) que ne cesse de brandir Erdogan et au nom de quoi il défend son offensive contre l’intégrité territoriale syrienne. Après tout aussi bien la Turquie que les Kurdes syriens font partie du camp des Américains, bien que cette alliance connaisse des hauts et des bas »
LE « RAMEAU D’OLIVIER » TURC (QUI DEVAIT S’APPELER, « SABRE DE L’EUPHRATE ») COMPLEMENT DU « BOUCLIER DE L’EUPHRATE » AMERICAIN
« Ce fut en août 2017 que la Turquie a décidé de lancer une action militaire contre Afrin et elle en a même choisi le nom , « Sabre de l’Euphrate ». L’appellation avait le mérite de rappeler aux observateurs la complémentarité qui irait s’établir entre cette offensive et « Bouclier de l’Euphrate » laquelle, rappelons-le, visait en son temps, le nord et le nord-est d’Alep. Ankara ne s’en est toutefois pas tenu à cette nomination et a placé son action militaire à Afrin sous l’appellation de « Rameau d’olivier ». En août 2017, Daech a commencé son déclin en Irak et en Syrie et a perdu une grande partie du territoire placé par le soutien US/Israël interposé sous sa domination. »
« Qu’est-ce qui inquiète la Turquie? L’Euphrate, entre autres.
Ce fleuve arrive en Turquie depuis le nord syrien avant de se diriger vers le sud-est, là où il entre en Irak, après avoir traversé la localité « Abou Kamal ». Or, de la rive-est, la Turquie est totalement absente. C’est une région extrêmement fertile aux vastes ressources pétrolières et hydrauliques. Les médias « mainstreams » ne cessent d’évoquer la dominance kurde de la rive-est du fleuve où sont présentes les FDS pro-US, sans toutefois souligner que les Forces démocratiques syriennes sont essentiellement composées d’arabes et pas de Kurdes. C’est à l’aide de ces mêmes forces que les Américains contrôlent Raqqa, Hassaké et surtout l’est de Deir ez-Zor, là où l’armée syrienne et ses alliés de la Résistance tiennent leurs positions. »
« Il aura suffit que les Américains annoncent vouloir créer une force de sécurité kurde composée de 30.000 personnes pour qu’Ankara comprenne bien le message et commence à agiter ses troupes en direction de la rive est. Afrin puis Manbij dont Ankara cherche « la libération » ne sont que deux étapes d’un plus vaste projet qui consiste à placer le nord , le nord-ouest, l’ouest de la Syrie sous l’occupation turque. »
UN « PONT SYRIEN TROP LOIN » :
L’OBJECTIF STRATEGIQUE D’ERDOGAN EXCEDE SES MOYENS MILITAIRES
« C’est l’objectif stratégique majeur qu’Erdogan s’est donné : mais la tache s’est avérée beaucoup plus difficile que prévue. les premiers contingents turcs à débarquer à Afrin ont été issus de l’ASL mais ils se sont montrés incapables d’avancer face aux Kurdes . Au bout d’une quinzaine de jours une intervention directe de l’armée turque s’est avérée nécessaire.
Mais là aussi les unités d’infanterie ne se sont manifestées à la hauteur pour cause sans doute de l’état dans lequel se trouve l’armée laïque de la Turquie. Celle-ci n’a jamais entretenu de bonnes relations avec le gouvernement d’Erdogan, ce qui s’est bien reflété à travers le coup d’État de 2016 auquel s’est succédé une purge sans précédent (3). Toujours est-il que si Erdogan parvient à s’emparer d’Afrin, il y procédera à un important changement démographique à renfort des milliers de réfugiés syriens qu’il irait déployer dans cette région . Ce sera alors un une arabisation du nord de la Syrie avec des conséquences stratégiques de court et de moyen terme. Très curieusement les 1000 combattants des FDS que les Américains viennent d’envoyer de Deir ez-Zor à Afrin pour aider les Kurdes sont eux aussi arabes plutôt que kurdes.
« Dans la perspective de la présidentielle de 2019 qui fera officiellement d’Erdogan le président élu, ce dernier a besoin d’une victoire stratégique. ne serait-ce que pour effacer tous les échecs subis depuis 2011 en Irak et en Syrie. Une telle victoire permettra au clan » frériste » (Qatar, Soudan, Turquie) de reprendre la poile de la bête et d’avoir son mot à dire. Il y a certes à travers ce projet une envie de résurrection de l’empire ottoman, mais surtout la volonté de faire partie du Grand Moyen Orient non pas comme proie des Américains mais surtout comme l’un des « prédateurs » (4). »
NOTES :
(1) La « géopolitique de l’émotion » – qui est tout sauf de la Géopolitique ! – est celle qui base ses analyses sur les discours électoraux, la rhétorique, les coups de dés opportunistes. Elle ne conduit qu’à des théories fumeuses, qualifiée de « tournants géopolitiques » (sic). D’un côté, une analyse géopolitique rationnelle, de l’autre des farfeluteries idéologiques emplies d’émotion et d’irrationalité (du style « Trump, Erdogan et Poutine qui seraient unis dans le camp des nationalistes » – sic – ).
Dans le cas du dossier syrien, depuis le mois d’août 2016, je parle de « gesticulations diplomatiques opportunistes » à propos des critiques d’Erdogan contre les USA et du soi-disant « rapprochement avec la Russie » avancée par les « géopolitologues de l’émotion immédiate » des médias russes. La diplomatie d’Erdogan (car c’est bien d’un pouvoir personnel qu’il s’agit) n’est ni atlantiste ni eurasiste (sic), elle est foncièrement opportuniste. Et l’actualité le démontre une fois de plus. Quelques jours après avoir participé au « processus d’Astana », qualifié par la presse russe de « nouveaux Yalta, d’où les USA ont été exclus » – et où Moscou a marqué sa volonté de maintenir Bachar al-Assad au pouvoir -, voici Erdogan qui prétendait « chasser le président syrien du pouvoir ». Et qui dans la même foulée se rapprochait de Trump. La diplomatie néo-ottomane d’Erdogan ce ne sont plus des « tournants » mais le « grand 8 » des parcs d’attraction !
(2) Cfr. sur EODE THINK TANK/ GEOPOLITIQUE/
Luc MICHEL, QUEL SOI-DISANT ‘RAPPROCHEMENT TURCO-RUSSE’ ? ERDOGAN REUSSIT SON COUP DE POKER OPPORTUNISTE !
Et sur PCN-TV (sur YouTube) :
LUC MICHEL/ COUP DE POKER GEOPOLITIQUE D’ERDOGAN CONTRE LES KURDES ET DAMAS
sur https://www.youtube.com/watch?v=hXuCP3BgGug
(3) Voir Luc MICHEL, Les 3.000 Justes de Turquie : qui sont les auteurs kémalistes du coup d’état manqué ?,
sur http://www.palestine-solidarite.org/analyses.luc_michel.170716.htm
(4) Il s’agit d’une réponse aux déclarations fallacieuses de l’ancien chef d’état-major de l’armée turque, ce 28 février, le général İlker Başbuğ, qui assure « que la Turquie fait effectivement partie du projet du Grand Moyen-Orient », transformant le prédateur turc, complice essentiel du projet américain en victime.
Que dit ce général :
« Que l’on s’imagine que le projet du « Grande Moyen-Orient » n’englobe pas la Turquie, cela témoigne d’une totale ignorance du passé » a déclaré l’ancien chef d’état-major de l’armée turque le général İlker Başbuğ. Selon le général turc, la Turquie est incluse dans le projet américain qui vise à démembre les pays de la région. Prenant la parole devant une assemblée composée de patrons et d’investisseurs à Antalya, l’ancien chef d’état-major de l’armée turque a affirmé que la Turquie faisait partie du projet mais qu’elle était capable d’en échapper avec du bon sens. »
(Sources : Fars – Press TV – EODE Think-Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie –
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