LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 02 16/
Etat fantoche, « bantoustan » mafieux américano-atlantiste dans les Balkans, le Kosovo, qui célèbre demain samedi les dix ans de sa proclamation d’indépendance, est le fruit de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. Soutenue par Moscou, la Serbie ne le reconnaît toutefois pas.
De la mort de Tito en 1980 à l’indépendance du Kosovo en 2008, les principaux événements qui ont conduit à l’explosion sanglante de la Yougoslavie dans une série de conflits meurtriers dans les années 1990, sont l’œuvre planifiée de la politique américaine. Les guerres de Yougoslavie – dites encore hypocritement « Guerre des Balkans » pour dissimuler leur but véritable – n’ont pas répondu à une fatalité (1). Mais bien à un plan géostratégique des USA, soutenu par leur vassaux de l’OTAN et de l’UE, qui continuait les plans ayant conduit à l’implosion de l’URSS et à la victoire occidentale dans la Guerre froide.
L’indépendance du Kosovo en a été la dernière étape. Un abcès purulent au cœur des Balkans. Derrière lequel brûle toujours sous la cendre les feux d’un concept géopolitique opérationnel, agité périodiquement par les USA, la « Grande-Albanie » (2). Un dossier hélas pas clôturé pour le grand malheur des Balkans et de l’Europe …
I /
AU CŒUR DE LA GEOPOLITIQUE AMERICAINE :
POURQUOI ET COMMENT LES OCCIDENTAUX ONT CREE LE KOSOVO
Après la Seconde Guerre mondiale, le Kosovo, petit territoire enclavé des Balkans occidentaux, peuplé majoritairement d’Albanais musulmans (suite à l’occupation ottomane de la Serbie), mais berceau historique de la Nation serbe, est intégré à la Fédération de Yougoslavie du communiste Josip Broz Tito.
DESINTEGRATION DE LA YOUGOSLAVIE :
LE KOSOVO DE LA GUERRE A « L’INDEPENDANCE »
En 1974, il devient une « province autonome » de la Serbie, membre de la Fédération de Yougoslavie. Le Kosovo, qui abrite des monastères chrétiens orthodoxes historiques, est avec raison considéré par les Serbes comme le berceau de leur identité et de leur religion. En 1989, le nouveau président serbe Slobodan Milosevic réduit considérablement son autonomie, générant une contestation violemment réprimée. En 1990, les leaders albanais déclarent l’indépendance du Kosovo, rejetée par le gouvernement serbe. Ibrahim Rugova, « père de la nation » et agent occidental, installe une société parallèle.
Les guerres de Croatie (1991-95) et de Bosnie (1992-95) déclenchent le processus de désintégration de la Yougoslavie. Leur terme ne s’accompagne pas d’un apaisement au Kosovo, où les menées déstabilisatrices des USA, de l’OTAN et de l’Albanie américanisée obligent à la répression du gouvernement Slobodan Milosevic. Un processus qui s’accentue jusqu’à aboutir à un conflit ouvert.
Entre 1998 et 1999, la guerre du Kosovo entre séparatistes albanais (les terroristes maffieux de l’UCK organisés par l’OTAN et les maffias albanaises) et forces serbes fait plus de 13.000 morts, Kosovars albanais et serbes (massacrés par l’UCK). Presqu’un million de réfugiés affluent en Albanie et en Macédoine, affolés par les bombardements de l’OTAN et aussi la propagande des médias de l’OTAN, qui vise à créer un prétexte d’intervention humanitaire.
Après le soi-didant « massacre de Racak » (une provocation médiatique occidentale), l’OTAN intervient au Kosovo avec une campagne de bombardements de 78 jours, visant des cibles militaires serbes. Mais selon l’organisation Human Rights Watch, 500 civils, serbes et kosovars albanais, ont été tués dans ces frappes, qui restent une humiliation et un traumatisme pour les Serbes. Les forces serbes se retirent du Kosovo le 10 juin 1999. L’ONU et l’Otan le placent « sous protection ». Comme le IIIe Reich nazi avait placé sous protection la Bohême-Moravie en 1938, après avoir disloqué la Tchéchoslovaquie après les « accords de Munich »…
Après la guerre, des tensions persistent entre la majorité albanaise kosovare et la minorité serbe, notamment dans la ville divisée de Mitrovica (nord). En 2004 des émeutes anti-serbes font 19 morts, avec des victimes dans les deux communautés.
QUELS ETAIENT LES BUTS DE GUERRE DES USA ET DE L’OTAN CONTRE LA YOUGOSLAVIE ?
La destruction de l’URSS, but ultime de la première Guerre froide (de 1945 à 1990), continué en opération de démembrement de la Fédération de Russie (de 1991 à nos jours), passait par le démembrement de la Yougoslavie, la IIe de Tito et la IIIe de Milosevic.
« De 1991 à 2008, une seule et même logique a animé les stratèges américains: la destruction de la Serbie, afin que celle-ci soit la plus faible possible a l’avenir, au moment historique inévitable ou elle allait de nouveau se tourner vers la Russie. Bien sûr, il fallait dans le même temps une Russie également affaiblie au maximum. Si de 1991 à 2000 une guerre militaire et médiatique a été menée contre la Serbie de Milosevic en vue de son anéantissement, dans le même temps, c’est une guerre économique et morale qui était menée contre la Russie d’Eltsine », analyse un historien serbe.
« La croisade contre le monde communiste s’est transformée en croisade contre le monde orthodoxe, et contre son centre névralgique et politique le plus souverain : la Russie ». Le théoricien du « containment » russe en Eurasie, Zbigniew Brezinski, affirmait lui-même en 2007 que « Le principal ennemi de l’Amérique était désormais l’église orthodoxe russe ».
La création de la grande Albanie (2) peut sans doute être vue dans ce sens historique et géostratégique. « Elle est une nouvelle allumette jetée, une allumette qui pourrait créer une étincelle et déclencher un nouvel incendie dans le brasier balkanique. Cet incendie aurait pour conséquence d’affaiblir un peu plus l’Europe, mais aussi de déstabiliser un peu plus le monde orthodoxe (Macédoine, Grèce, Monténégro, Serbie…) et de freiner son rapprochement avec la Russie ». Par ricochet, « c’est donc l’influence russe en Europe de l’Est qui serait remise en cause, et donc son rapprochement avec l’Europe de l’Ouest. Ce faisant, l’Amérique aurait atteint une nouvelle fois son objectif essentiel : éviter un rapprochement continental et européen entre les mondes catholiques et orthodoxes ». Avec à la clé la « Grande-Europe de Vladivostok à Reykjavik » qu’annonçaient Jean Thiriart et notre Ecole de Géopolitique « euro-soviétique » des Années ’80 (3) …
UNE INDEPENDANCE VIRTUELLE POUR UN ETAT FANTOCHE
Le 17 février 2008, le Parlement du Kosovo, sur les ordresde Washington et de l’OTAN, déclare « l’indépendance », immédiatement reconnue par les Etats-Unis et de nombreux pays européens. En revanche elle est rejetée par la Serbie, la Russie. Mais aussi d’autres pays comme l’Espagne, qui y voient un précédent inquiétant pour leurs propres régions aux velléités indépendantistes.
En 2009 le Kosovo, parrainé par les USA, devient membre du FMI et de la Banque mondiale. En 2010, la Cour internationale de justice considère son indépendance « conforme au droit international » (on s’en souviendra à Moscou en Crimée en 2014). La Serbie ne la reconnaît toujours pas, mais participe à partir de 2011 à des discussions sous le parrainage de Bruxelles, alors que le Kosovo et la Serbie veulent adhérer à l’Union européenne. Leurs Premiers ministres se rencontrent pour la première fois. Depuis environ deux ans, les discussions de normalisation entre Belgrade et Pristina sont au point mort. Comédie insincère organisée sous la pression de l’UE ! Et leurs relations connaissent des épisodes de tensions récurrents.
« Bantoustan » américano-atlantiste, le Kosovo, qui n’a pas d’armée, reste sous « protection » de l’OTAN.
DIX ANS APRES LE KOSOVO EST TOUJOURS UN ETAT MAFFIEUX VIRTUEL
Le Kosovo, qui « fête » samedi les dix ans de sa proclamation d’indépendance, a une « souveraineté toujours en construction » (dixit l’AFP) et obstinément rejetée par sa minorité serbe et Belgrade. Ils sont désormais quelque 115 pays à reconnaître le Kosovo indépendant, dont 23 des 28 membres de l’Union européenne, ainsi que les Etats-Unis, indéfectibles soutiens de Pristina Pas de fête dans les secteurs où vit la minorité serbe dont l’allégeance va toujours à Belgrade même si elle a désormais des députés au Parlement et compte des ministres au gouvernement kosovar.
Avec le soutien de la Russie, la Serbie mène une guérilla diplomatique, légitime, parvenant à fermer à son ancienne province albanaise la porte des Nations unies et de nombreuses institutions internationales, comme l’Unesco ou Interpol.
Au cœur de la question kosovare, le rejet d’une autonomie serbe ! Ce rejet sans appel « limite de facto l’exercice de la souveraineté kosovare dans des secteurs entiers du Kosovo ». C’est le cas dans le nord du Kosovo, notamment à Mitrovica, ville toujours divisée près de deux décennies après la guerre entre forces serbes et rebelles indépendantistes kosovars albanais de l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Un accord dit « de normalisation des relations », prévoit un statut pour les municipalités où vit la minorité serbe. Il n’a toujours pas été dessiné, Pristina rejetant avec force toute autonomie, projet caressé par Belgrade. Les Serbes représenteraient 120.000 du 1,8 million d’habitants, une estimation puisqu’ils ont refusé de prendre part au dernier recensement de 2011.
« L’intégrité territoriale du Kosovo est intangible, indivisible, et reconnue internationalement », les a prévenus cette semaine le président Hashim Thaçi. Un des chefs maffieux de l’UCK, lié au crime transnational. Dans un récent entretien avec l’AFP, l’homme fort du pays, ancien chef politique de la guérilla terroriste indépendantiste, a toutefois souhaité la conclusion en 2018 d’un « accord historique », « seul chemin possible pour que le Kosovo et la Serbie aillent de l’avant ». S’il devait être conclu, « la communauté internationale devra accepter » cet accord, avait-il ajouté.
Les relations entre Pristina et ses alliés occidentaux se sont tendues depuis un an. Sa volonté de doter unilatéralement le Kosovo d’une armée a d’abord été accueillie froidement par les chancelleries. La sécurité du Kosovo est toujours assurée par une force internationale menée par l’OTAN.
II :
LES SYMPTOMES DE LA FAILLITE DU NON-ETAT KOSOVAR
S’ils reconnaissent celle-ci, les Occidentaux insistent sur les progrès qui restent à accomplir. Selon le « Rapport de 2016 de l’UE sur le Kosovo », la corruption « prévaut toujours dans de nombreux secteurs et continue d’être un grave problème ».
L’ECHEC POLITIQUE ET ECONOMIQUE D’UN ETAT FANTOCHE CORROMPU ET NON VIABLE
La réaction a été encore plus vive quand des députés kosovars ont en vain tenté en décembre d’abroger le Tribunal international notamment chargé de juger les crimes de guerre imputés à l’UCK maffieuse, dont les anciens commandants restent aux commandes du pays. Pour beaucoup d’élus, cette instance, composée de magistrats étrangers et installée à La Haye, « viole la souveraineté de ce pays ».
Avec le règlement d’un litige frontalier avec le Monténégro, l’établissement d’un Etat de droit répondant à ses critères, est une condition fixée par l’UE à la libéralisation des visas. On est fort loin ! Pour les Kosovars, ce serait pourtant une priorité. Près d’un tiers de la population (700.000, selon les estimations) vit déjà à l’étranger, apportant des devises précieuses à un pays qui reste un des plus pauvres d’Europe. Beaucoup d’autres aspirent au départ d’un pays où le chômage touche un tiers de la population active (30,6%), la moitié des moins de 24 ans (50,9%), selon les chiffres officiels. D’après l’agence nationale des statistiques, un Kosovar sur six (17,6%), vit sous le seuil de pauvreté.
La diaspora a son ministère. Ils sont 700.000 Kosovars albanais à l’étranger, surtout en Allemagne et en Suisse, pour environ 1,8 million d’habitants. Elle joue un rôle économique majeur. Durant les dix premiers mois de 2017, elle a apporté quelque 620 millions d’euros de devises.
UNE SOUVERAINETE VIRTUELLE SUR LEQUEL PESE L’ULTRA-NATIONALISME DE LA « GRANDE-ALBANIE » ET LA DOMINATION AMERICAINE
« Le Kosovo, qui fête samedi les dix ans de son indépendance, a un drapeau dont peu se préoccupent, quatre codes téléphoniques », explique l’AFP. « Les Kosovars sont convaincus que le drapeau du Kosovo – son territoire et six étoiles jaunes sur fond bleu -, surnommé « la serviette » (sic), a surtout été adopté pour satisfaire les Occidentaux ».
Le drapeau qui flotte partout, c’est celui de l’Albanie: l’aigle bicéphale noir sur fond rouge. Pour les Kosovars albanais, il ne faudrait pas y voir un rêve de « Grande Albanie » (sic), juste l’attachement à la nation albanaise (resic), au concept d’« albanité » (4).
« Un autre drapeau à la cote: la bannière étoilée s’affiche jusque dans les bâtiments officiels » avoue l’AFP. « Reconnaissants du soutien de Washington dans la lutte pour l’indépendance, les Kosovars se décrivent comme le peuple le plus pro-américain du monde ». Une statue de Bill Clinton s’élève à Pristina, des rues sont baptisées aux noms de George W. Bush, Hillary Clinton ou Madeleine Albright.
Rien de tel dans les zones où vit la minorité serbe: à Mitrovica ou à Gracanica, ce sont les couleurs serbes qui flottent.
Résultat de la guérilla diplomatique menée par la Serbie pour s’opposer à toute reconnaissance internationale de son ex-province, le Kosovo a trois codes internationaux en usage (+381, +377 et +386). Aucun n’est celui officiellement attribué au Kosovo (+383) … Le +381 est le code de la Serbie. Le +377 et le +386 sont les codes… de Monaco et de la Slovénie que les opérateurs du Kosovo utilisent (contre paiement).
MITROVICA « CITE DE L’ANGOISSE » (AFP) ET SYMBOLE DE L’ECHEC DU KOSOVO
« Dix ans après l’indépendance du Kosovo, Albanais kosovars et Serbes de la ville divisée de Mitrovica gardent la peur en partage, renforcée par le récent assassinat d’un politicien serbe modéré », explique l’AFP. Quelque 70.000 Kosovars albanais vivent là, pour la plupart au sud de la rivière Ibar. Au nord, 12.000 membres de la minorité serbe refusent cette indépendance célébrée samedi.
Les deux communautés se toisent plus qu’elles ne se côtoient. « Vous trouverez des jeunes qui n’ont jamais vu un Serbe ou un Albanais… », dit Besim Hoti, un Albanais, chef-adjoint de la police du nord du Kosovo (majoritairement serbe) depuis la création en 2013 d’une force de police intégrée. Ceux qui parlent la langue de l’autre sont de plus en plus rares, dit-il. Pour faire se rencontrer des jeunes, Afërdita Sylaj-Shehu, de l’ONG Community Mitrovica Building (liée aux USA), raconte qu’elle les appâte avec un « outil »: des cours d’anglais pour qu’ils se comprennent. Elle-même répugne à passer le pont qui relie nord et sud, où sont disposés des blocs de béton. Surveillé par les forces internationales, l’ouvrage reste symbole de division. S’ils ne sont plus accueillis par des pierres, les piétons l’empruntant restent peu nombreux.
Côté serbe, les drapeaux rouge-bleu-blanc flottent face à une statue monumentale érigée en 2016: le roi Lazar, incarnation de la geste nationaliste serbe, pointe un doigt impérieux vers le sud. « Le Kosovo c’est la Serbie », lit-on sur un mur proche. En face, Kalachnikov dans le dos, un bronze d’un guérillero de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), Shemsi Ahmeti, monte la garde près de la mosquée. A chaque communauté son vieux cimetière, situé dans le camp d’en face: peu s’y risquent seuls.
Mitrovica est divisée depuis la guerre entre forces serbes et rébellion indépendantiste de l’UCK, qui avait fait plus de 13.000 morts, dont 11.000 Albanais (1998-99). L’ère des émeutes comme celles de 2004 et 2008 semble révolue. Mais « quand on vient ici, il y a toujours la peur de quelque chose de mauvais et d’inattendu », dit Hamdi Pllana. Décrivant une angoisse semblable à celle ressentie face à « une meute de chiens errants », ce retraité albanais de 61 ans traverse une passerelle enjambant l’Ibar pour rendre visite à sa fille dans le quartier des « Trois tours », rare poche mixte de Mitrovica-nord. « Tu vas au lit la peur au ventre, tu te réveilles la peur au ventre. Les Albanais vont-ils attaquer? Ou certains des nôtres? », dit Natalija, 28 ans, qui refuse de donner son nom. Mitrovica « vit sous le régime du cessez-le-feu, pas de la paix », dit-elle.
« La situation est meilleure, mais ça peut basculer en une nuit », dit sa soeur Elmaz Hasani qui a emménagé en 2012: son propriétaire albanais avait fui après la mort d’un homme, tué chez lui par une grenade jetée par des inconnus. Seul son loyer modeste de 130 euros la retient. Comme tout le monde à Mitrovica-Nord, elle ne paye ni impôts, ni électricité, les institutions kosovares renonçant à recouvrer ces sommes. Mais pour ses courses, elle évite le marché serbe proche et emprunte la passerelle sur l’Ibar.
III /
LE VRAI BUT DE GUERRE DES USA AU KOSOVO :
LE ‘CAMP BONDSTEEL’, 2e PLUS GRANDE BASE U.S. D’EUROPE
La deuxième plus grande base américaine d’Europe, le Camp Bondsteel (du nom d’un vétéran de la guerre d’agression contre le Vietnam), a été construite au Kosovo immédiatement après la fin des bombardements de la Yougoslavie, à l’époque où le Kosovo a été placé sous contrôle international. Soit dit en passant, les Américains ont choisi pour leur base un endroit peu peuplé que les avions de l’Otan n’avaient pratiquement pas bombardé et dont le sol n’était pas, par conséquent, contaminé par les armes à uranium appauvri (largement utilisé lors des guerres deYougoslavie par l’OTAN).
« En moins de trois ans, un camp de tentes a été transformé en un centre de commandement hautement technologique doté des systèmes de surveillance et de protection les plus modernes. Sa superficie est de 360.000 mètres carrés. La base est divisée en secteurs. On y circule comme dans une petite ville, la vitesse autorisée variant entre 30 et 50 km/h en fonction des secteurs », explique une journaliste bulgare. « A l’entrée, les visiteurs sont scannés comme dans un aéroport, tous les objets sont inspectés et les portables retirés. Sur le territoire, le visiteur est partout accompagné par deux militaires ».
« Le camp Bondsteel évoque un croisement entre scènes de films de guerre américains et petite ville des USA: c’est 25 km de routes bitumées, environ 300 ouvrages et 11 miradors », explique-t-elle encore. « La rotation des effectifs a lieu tous les trois ou six mois, en fonction de la situation. Dans le camp Bondsteel, comme dans toutes les autres bases militaires des Etats-Unis, le sexe, l’alcool et les armes chargées sont interdits ». Hypocrisie typiquement américaine, car la base américaine a été impliquée dans divers trafics, dont des réseaux de traite des femmes et de pédophilie. Les soldats américains et les « contractuels » (mercenaires) y bénéficient d’une immunité judiciaire.
« Les militaires suivent même des cours d’histoire du Kosovo, car pour la majorité ils ont une idée très vague du pays dans lequel ils se trouvent. Les enseignants sont des Albanais et on comprend bien quelle version de l’histoire ils exposent ».
AU CENTRE DU « TRIANGLE MILITAIRE DES BALKANS-APENNINS »
Base centrale des USA en Méditerranée, au cœur de la logistique de leur déploiement, Camp Bondsteel s’occupe du traitement des données provenant des Balkans, mais aussi du Proche et du Moyen-Orient. Elle est dotée des systèmes de communication les plus modernes. Une unité spéciale est responsable des « guerres électroniques », elle est composée de spécialistes du renseignement ayant l’expérience de l’Afghanistan et de l’Irak.
Le camp Bondsteel est apparemment le polygone américain le plus puissant d’Europe grâce à sa situation stratégique: le contingent américain en Macédoine et en Bosnie et les bases d’Italie sont tout proches. Il est en quelque sorte au centre du soi-disant « triangle militaire des Balkans-Apennins ».
UNE ZONE DE NON-DROIT AU CŒUR DE L’EUROPE :
CAMP BONDSTEEL UNE « VERSION REDUITE DE GUANTANAMO »
L’armée des États-Unis a été critiquée pour l’utilisation de la base de Camp Bondsteel comme centre de détention, et pour les conditions de détention. En novembre 2005, Alvaro Gil-Robles, l’envoyé spécial des droits de l’homme du Conseil de l’Europe, a décrit le camp comme une « version réduite de Guantánamo » à la suite d’une visite surprise « L’endroit ressemblait à une reconstitution de Guantánamo, en plus petit », a déclaré Alvaro Gil-Robles au journal français ‘Le Monde’ daté du 26/27 novembre 2005. Les prisonniers du camp portent des combinaisons orange, à l’instar de Guantánamo et de nombreux autres sites de détention. Autre similitude avec Guantánamo, les prisonniers du camp Bondsteel n’ont pas accès à un avocat.
En réponse, l’armée américaine a déclaré « qu’il n’y avait pas de centre de détention secret dans le camp aujourd’hui » (sic). « Bien qu’il y ait un centre de détention sur le camp de Bondsteel, qui a été utilisé par le passé pour recevoir les détenus de la guerre en Irak et pour la guerre d’Afghanistan ».
Le camp Bondsteel n’est pas ouvert aux inspections du ‘Comité contre la Torture du Conseil de l’Europe’ (CPT), qui a pourtant le droit d’inspecter tous les lieux de détention dans les États parties à la Convention européenne contre la torture. Les négociations avec la KFOR étaient en cours, mais depuis l’indépendance unilatérale du Kosovo, elles n’ont plus lieu d’être car le Kosovo n’est pas reconnu par le Conseil de l’Europe, il est donc hors législation. Le camp restera donc fort opportunément hors d’accès des inspecteurs.
Le gouvernement de Serbie a souligné « l’importance de ce camp dans le soutien des troupes américaines pour leurs guerres en Afghanistan et en Irak » et affirme que « les États-Unis ont reconnu l’indépendance du Kosovo dans le but de le préserver dans l’avenir ».
NOTES :
(1) Sur les « guerres de Yougoslavie », cfr. :
sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOPOLITIQUE RETROSPECTIVE : LES GUERRES DE YOUGOSLAVIE (I)
LE DEFI DE LA YOUGOSLAVIE DE MILOSEVIC (LES GUERRES DE YOUGOSLAVIE II)
Et sur :
LES GUERRES DES USA SONT DES GUERRES CONTRE LA ‘GRANDE-EUROPE’ ET POUR LA DOMINATION DE L’EURASIE AU XXIe SIECLE. OU COMMENT LES POLITICIENS DE L’UE ET DE L’OTAN FONT CES GUERRES CONTRE LES INTERETS VITAUX DE LEURS PEUPLES … (LES GUERRES DE YOUGOSLAVIE III)
(2) Le terme de « Grande-Albanie » (ou « d’Albanie ethnique ») est un concept irrédentiste faisant référence à un territoire rassemblant l’ensemble des régions considérées par ses partisans comme albanaises, sur des critères linguistiques et historiques, mais ne tenant pas compte des autres populations présentes dans ces zones. Il s’étend donc en dehors des frontières actuelles de la République d’Albanie, et se heurte aux aspirations irrédentistes des pays voisins (Serbie, Grèce, Bulgarie). Les territoires revendiqués furent attribués aux pays voisins pendant la période des guerres balkaniques, au moment de l’indépendance du pays (1912), à la suite de la conférence de Londres.
Lors de la guerre des Balkans en 1913, les serbes constituent encore la majorité de la population. En 1941, le Kosovo est rattaché à la Grande Albanie (déjà) sous protectorat fasciste italien. Après la guerre, le maréchal Tito interdira l’immigration albanaise car « la Yougoslavie ne pouvait selon lui être forte qu’avec une Serbie la plus faible possible ». En 1974, c’est du reste lui qui attribue au Kosovo le statut de province autonome, statut qui sera supprimé par Slobodan Milosevic en 1989, alors que les Serbes ne représentent déjà plus que 15 % de la population.
(Voir les cartes 3 et 4)
(3) Au début des années 80, avec Jean THIRIART, nous lancions l’ « Ecole Euro-soviétique », qui prônait l’unification – contre les USA et l’OTAN – de la Grande-Europe d’Est en Ouest, ’URSS devenant le Piémont d’un « Empire Euro-soviétique », une thèse qui a fait depuis beaucoup de chemin à l’Est.
Notre soutien à Moscou, Piémont de l’Autre Europe, est l’adaptation de cette thèse fondamentale aux conditions géopolitiques du nouveau Siècle. Aujourd’hui la Russie, comme jadis l’URSS, est la seule puissance européenne réellement indépendante de Washington, la seule à mener une politique indépendante, réellement eurasienne et non pas atlantiste.
(4) Lorsqu’en 2008 le Kosovo « se déclare indépendant », près d’une décennie après l’intervention militaire occidentale, peu de commentateurs mettent le doigt sur « l’Albanité » dominante de ce nouveau petit état virtuel. Au sein de la plupart des pays Occidentaux et de l’Union Européenne, la reconnaissance est instantanée, sans que ne se pose la question du traitement de la minorité serbe et de l’avenir qui lui était réservé, malgré le terrible précédent de 2004, lorsque les chrétiens avaient été victimes de pogroms, les églises brûlées, et les droits humains les plus élémentaires bafoués. Il aura donc fallu seulement quatre ans pour que la farce de l’indépendance du Kosovo apparaisse enfin publiquement. Seulement quatre ans pour que le Premier ministre albanais donne raison aux nationalistes serbes qui ont eux toujours affirmé affronter non pas les Kosovars (les habitants de la région du Kosovo étant des serbes islamisés sous les Ottomans) mais bel et bien des « Shqiptars », dans un nouvel épisode du conflit ancestral qui oppose depuis prés de 6 siècles dans les Balkans les Slaves orthodoxes aux fils de convertis de l’empire Ottoman.
(Voir les cartes 3 et 4)
(Sources : AFP – Interfax – EODE Think-Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
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