LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 01 03/
Les États-Unis veulent développer des armes nucléaires tactiques « en réponse à Moscou », selon le Pentagone. Le Département américain à la Défense vient de publier, ce vendredi 2 février, un document baptisé « Posture nucléaire » (US Nuclear Posture Review) sur la situation atomique américaine qui détermine la nouvelle Doctrine nucléaire des États-Unis de Trump.
Dans sa nouvelle Doctrine nucléaire, Washington a annoncé son intention de se doter de nouvelles armes nucléaires sous prétexte de contrer une escalade nucléaire que risquait de provoquer la stratégie militaire russe. La nouvelle Doctrine américaine prévoit l’augmentation des dépenses militaires pour la modernisation de l’arsenal et le développement des éléments de la «triade nucléaire» américaine (missiles balistiques, sous-marins stratégiques et bombardiers). La nouvelle Doctrine nucléaire de Trump n’exclut pas le recours à l’arme atomique dans le cas d’une attaque non nucléaire contre les Etats-Unis …
QUE DIT LA NOUVELLE DOCTRINE NUCLEAIRE DES USA ?
L’administration américaine « n’exclut pas l’utilisation d’armes atomiques dans le cas d’une attaque non nucléaire contre les Etats-Unis », a indiqué vendredi le vice-ministre américain à la Défense, Patrick Shanahan, commentant la nouvelle Doctrine nucléaire américaine, dont « le but final est d’établir un équilibre des forces avec les Russes », comme le prétendent les Américains. « La doctrine nucléaire dispose que les États-Unis peuvent envisager l’utilisation d’armes nucléaires dans des circonstances d’urgence pour protéger leurs intérêts vitaux, ainsi que des alliés et des partenaires », a déclaré Shanahan.
Selon le site web américain, ‘Defense News’, le gouvernement américain s’est dit, dans ce document, « prêt à changer et moderniser son arsenal nucléaire pour s’adapter à leurs adversaires potentiels ».
La version 2018 de la doctrine nucléaire US cible également la Chine, la Corée du Nord et l’Iran, mais s’attarde plus largement sur la Russie et au défi de « l’équilibre des forces ». Le document nucléaire de Trump veut assurer que ce changement de cap est le résultat des « évaluations réalistes de l’actuelle situation sécuritaire dans le monde ».
« La Russie possède des avantages sérieux sur les États-Unis et leurs alliés en matière de fabrication des armes nucléaires », selon la Doctrine nucléaire américain,e dont la partie non classifiée a été publiée en janvier par le journal ‘Huffington Post’. Selon la nouvelle politique, les États-Unis peuvent donc « répondre avec les armes nucléaires aux attaques stratégiques à grande échelle telles les cyberattaques contre leurs centres de commandement nucléaire ou leurs infrastructures urbaines comme le réseau électrique ou le système du contrôle de trafic aérien ».
Des voix se sont déjà élevées contre cette nouvelle approche, qui augmente le risque de conflit nucléaire. Dans un communiqué, le président américain Donald Trump a salué ce document, qui « dissuade encore davantage les attaques stratégiques contre les États-Unis, leurs alliés et leurs partenaires ».
Réagissant à cette information, l’ambassadeur russe aux États-Unis, Anatoli Antonov, a commenté la nouvelle doctrine nucléaire américaine en ces termes : « Les États-Unis se servent de la Russie comme d’un « épouvantail » afin de justifier l’augmentation des dépenses militaires et l’accroissement du potentiel nucléaire américain ».
NOUVELLE DOCTRINE NUCLEAIRE AMERICAINE :
LA RUSSIE ET LA CHINE VOIENT ROUGE
La publication de ce document sur la nouvelle « Doctrine nucléaire » des Etats-Unis, ce vendredi 2 février 2018, a provoqué de vives réactions en Russie et en Chine. Alors que l’administration Trump souhaite doter le pays de « nouvelles armes nucléaires à faible rayon d’action » (clairement destinée à des frappes tactiques), Moscou dénonce le caractère « belliqueux » et « anti-russe » de ces annonces, et Pékin appelle Washington à sortir de sa « mentalité de guerre froide ».
« Dès la première lecture, le caractère belliqueux et anti-russe de ce document saute aux yeux », pouvait-on lire dans un communiqué de la Diplomatie russe samedi, après la publication la veille de ce nouveau texte de référence aux Etats-Unis, qui prévoit un « renforcement du dispositif américain face aux menaces ». Les Etats-Unis veulent notamment se doter de « nouvelles armes nucléaires à faible rayon d’action pour renforcer leur dissuasion », mettant en avant le « réarmement de la Russie » dans ce domaine précis « qu’il convient de contrer » selon Washington, mais aussi « le risque chinois et l’émergence de nouveaux acteurs comme la Corée du Nord ».
« Les mécanismes de contrôle des armements sont mis en cause », selon Moscou. Dénonçant les « clichés », Moscou rejette ses « accusations farfelues », notamment celles, « infondées », d’ingérences et de violations des accords sur le contrôle des armements. Et de dénoncer, de la part des Etats-Unis, « une tentative injuste de rejeter sur les autres leur propre responsabilité ». Aux yeux de la diplomatie russe, « la détérioration de la situation en matière de sécurité internationale et régionale et pour le déséquilibrage des mécanismes de contrôle des armements » n’est en effet pas de son fait, mais « le résultat d’une série d’actes irresponsables des Etats-Unis eux-mêmes ».
Le point de départ de cette nouvelle Doctrine, c’est « le constat d’une dégradation brutale de l’environnement stratégique depuis 2014 ». Les Etats-Unis « ne peuvent plus continuer à réduire le rôle de l’arme nucléaire dans leur stratégie, en raison de la réémergence de tensions avec des grandes puissances, en particulier la Russie et la Chine, en raison de l’émergence d’adversaires nucléaires régionaux, par exemple la Corée du Nord ». En ce changement réside l’explication de la nouvelle Doctrine, qui est très différente dans l’esprit de celle qui avait été mise en avant par Obama en 2010.
Le ministère russe des Affaires étrangères se dit « profondément déçu » de cette évolution et promet une réaction : « Nous devrons bien entendu prendre en compte les approches qui sont désormais en circulation à Washington et prendre les mesures nécessaires pour assurer notre sécurité. » Même son de cloche du côté de Pékin …
Dans la nouvelle Doctrine américaine, la Chine et la Russie se voient placées au centre des préoccupations de la défense des Etats-Unis. « Nous espérons que Washington reste conscient du niveau de danger élevé que représentent ces directives d’un point de vue de planification militaire pratique », répond encore la diplomatie russe.
DES OPTIONS DE FRAPPES LIMITEES ENVISAGEES
« On avait déjà, dans l’arsenal stratégique américain, de manière générale, une assez grande flexibilité dans les options de frappes limitées. Mais l’administration a considéré que cette flexibilité n’était pas suffisante. Elle s’appuyait beaucoup sur les bombardiers stratégiques ou sur l’aviation de manière générale, ce qui posait des problèmes en termes de réactivité, de réponse rapide, en termes de discrétion et en termes de vulnérabilité aussi, d’où l’accent qui a été mis dans la posture actuelle sur les capacités portées par les sous-marins », analyse Corentin Brustlein de l’Ifri (sur RFI).
MOSCOU MET EN GARDE CONTRE LE DANGER DE LA DOCTRINE NUCLEAIRE US
La Russie accuse avec raison l’OTAN et les États-Unis de l’entraîner vers une course «frénétique» aux armements (qui était inscrite dans le programme de Trump en 2016 et que les naïfs partisans de la « géopolitique de l’émotion » n’ont pas vu venir) (1) (2) et de rompre l’«équilibre militaire» en vigueur en Europe depuis la chute de l’URSS.
Réagissant à la publication de la nouvelle doctrine nucléaire des États-Unis, un haut membre de la Commission russe de défense et de sécurité du Conseil de la Fédération a déclaré que « ce document autorisait un autre génocide des civils tout comme ce qui s’était passé à Hiroshima et Nagasaki ». Le sénateur russe Frants Klintsevitch a souligné que « le monde entier se souvenait de la catastrophe d’Hiroshima et de Nagasaki et que la nouvelle posture nucléaire américaine renforçait sérieusement la part de confrontation dans la politique étrangère de Washington ».
« La nouvelle posture nucléaire des États-Unis n’exclut pas la récidive d’Hiroshima et de Nagasaki c’est cela qui préoccupe le plus », a déclaré Frants Klintsevitch, vice-président de la Commission russe de défense et de sécurité du Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe), cité par la presse russe. Il a rappelé que la nouvelle Doctrine nucléaire américaine « se basait sur la confrontation avec la Russie ». « Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que les États-Unis jouent une carte extrêmement dangereuse et dépourvue de toute perspective réelle, visant à démolir l’équilibre stratégique des forces du monde en sa faveur », a encore déclaré Frants Klintsevitch. Le sénateur russe ajoute que dans le cadre de cette doctrine, « les États-Unis essayent de modifier l’équilibre stratégique mondial en leur faveur », « tout en accordant une attention toute particulière à la mise à jour par la Russie de ses armements nucléaires ». Sous prétexte de la crise dans la péninsule coréenne, rappelle-t-il, Washington a suspendu ses négociations avec la Russie sur les dangers nucléaires.
Fin 2016, le président Poutine a ordonné un renforcement de la force de frappe nucléaire russe et une modernisation des armements, justifiés précisément par le renforcement de la présence militaire de l’Otan à ses frontières. Mais les dépenses militaires de Moscou, bien que conséquentes, sont encore très loin de celles des Etats-Unis.
Des experts estiment que « la nouvelle doctrine nucléaire US permet aux Américains d’avoir l’initiative dans leur confrontation avec la Russie ».
Le ministère russe a dénoncé dans son communiqué que le texte de la nouvelle doctrine nucléaire américaine prétendait que la Russie refusait de respecter l’Initiative nucléaire présidentielle (Presidential Nuclear Initiatives (PNIs), signée en 1991 entre la Russie de Gorbatchev et les États-Unis de Bush, alors que la Russie a détruit, conformément à cette initiative, une grande partie de ses armements nucléaires. Le reste des armes sont stockées dans des dépôts à l’intérieur de la Russie, selon le communiqué de la diplomatie russe. Le communiqué avertit, alors, les États-Unis en soulignant que la Russie pourrait recourir à des « mesures nécessaires » pour assurer sa sécurité.
LA CHINE APPELLE LES USA A RENONCER A LA MENTALITE DE GUERRE FROIDE
La Chine, elle aussi visée, a réagi à la nouvelle doctrine nucléaire américaine, appelant les États-Unis à renoncer à leur « mentalité de Guerre froide ». Le ministère chinois de la Défense a publié un communiqué, ce dimanche 4 février, dans lequel il a souligné que la paix et le développement sont des dynamiques mondiales irréversibles, recommandant à Washington de prendre l’initiative de suivre cette tendance au lieu d’aller à son encontre.
La Chine accuse les États-Unis de « spéculations insolentes » sur ses objectifs, déclarant qu’elle avait toujours fait preuve de retenue face au développement des armements nucléaires et qu’elle maintenait son arsenal à son plus bas niveau. « Nous espérons voir les États-Unis renoncer à leur mentalité de Guerre froide, prendre au sérieux leurs responsabilités sur la question du désarmement et corriger leur perception des intentions stratégiques de la Chine », a affirmé le ministère chinois de la Défense, cité par l’AFP.
« LA DOCTRINE NUCLEAIRE US DETRUIT L’HUMANITE »
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a déclaré, de son côté, que le document rapprochait l’humanité d’une extermination. « La nouvelle doctrine nucléaire américaine viole le Traité de non-prolifération des armes nucléaires et mène l’Humanité vers les abysses du néant », selon le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif.
RETOUR A LA CRISE DES « EUROMISSILES » DES ANNEES ’80 :
LES USA ET L’OTAN NE PROTEGENT PAS L’EUROPE, ELLE EN FONT UNE CIBLE NUCLEAIRE !
Retour aux Années ’80 pour l’Allemagne (2) !
L’Allemagne a réagi au dernier rapport du Pentagone sur la politique nucléaire américaine intitulé « US Nuclear Posture Review ». La volonté des États-Unis de se doter de nouvelles armes nucléaires à faible rayon d’action risque de déclencher « une nouvelle spirale de la course aux armements », selon le chef de la diplomatie allemande. « La décision du gouvernement américain concernant de nouvelles armes nucléaires tactiques démontre qu’une nouvelle spirale de la course aux armements nucléaires est déjà en cours. Comme à l’époque de la guerre froide, nous, les Européens, sommes particulièrement vulnérables. C’est pourquoi c’est à nous qu’il revient de lancer de nouvelles initiatives relatives au contrôle des armements et au désarmement », a déclaré le chef de la diplomatie allemande cité par la presse russe.
Selon lui, le développement de nouvelles armes « envoie de faux signaux », et « les accords actuellement en vigueur concernant le contrôle des armements doivent être préservés ».
NOTES :
(1) Cfr. Luc MICHEL, EODE THINK TANK/ LA PRESIDENCE TRUMP : VERS UN NOUVEAU STADE DE L’IMPERIALISME AMERICAIN …
Et :
Luc MICHEL, EODE THINK TANK/ LES MEDIAS OCCIDENTAUX ET ‘STRATFOR’ CONFIRMENT MES ANALYSES. TRUMP CE SERA LE MILITARISME ET LA GUERRE !
(2) Voir sur Voir sur PCN-TV/
GEOPOLITIQUE/ LUC MICHEL:
ACTUALITE DE LA NOUVELLE GUERRE FROIDE !
TRUMP OU PAS TRUMP, LA ‘GUERRE FROIDE 2.0’ CONTINUE DE PLUS BELLE …
sur https://vimeo.com/205791102
Et :
Sur PCN-TV/ LUC MICHEL:
TRUMP RELANCE LE MILITARISME US (SUR AFRIQUE MEDIA)
sur https://vimeo.com/195383189
(3) La première Guerre froide, celle de 1943-91 a connu deux grandes crises liées aux missiles :
– La crise de Cuba, au début des Années 60, où l’installation de missiles nucléaires dans le Cuba anti-américain de Castro et du Che, avait conduit les deux blocs au bord de la guerre nucléaire ;
– La crise des « euromissiles » au début des Années 80, où l’installation des SS20 soviétiques et des Pershing américain en Europe, jointe à la doctrine des « frappes nucléaires tactiques » lors des batailles terrestres, avait été une immense crise au sein de l’OTAN. En Allemagne, mais aussi en Belgique ou en Grande-Bretagne, des foules immenses anti-américaines contestaient l’OTAN au nom du « National-neutralisme » anti-américain (j’ai été un des protagonistes de ces manifestations entre 1981 et 1983, notre PCN y est né et est l’enfant du « National-neutralisme ») …
(Sources : Office Of The US Secretary Of Defense – Huffington Post – Defense News – AFP – EODE Think-Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie –
Néoeurasisme – Néopanafricanisme (Vu de Moscou et Malabo) :
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