LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 01 15/
Depuis mon analyse de vendredi sur l’alliance entre Ankara et Washington contre Damas en Syrie, beaucoup de nouvelles infos ont été publiées. Et vous êtes nombreux à m’avoir écrit sur le sujet. Je reviens donc sur le sujet …
* Voir sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
SYRIE D’UNE GUERRE A L’AUTRE (III):
USA ET ANKARA ALLIES CONTRE LA RUSSIE ?
I-
LA CONTRADICTION INTERNE DE L’ALLIANCE AMERICANO-TURQUE
La question centrale est la contradiction entre :
– la position turque en Syrie, qui appuie de facto les USA pour démembrer la Syrie,
– et l’hostilité d’Ankara à un état de facto kurde en Syrie, soutenue par l’Administration Trump.
C’est d’une part la raison de l’opportunisme d’ Erdogan, qui entend, à la fois :
– défendre son projet géopolitique néo-ottoman – une Grande-Turquie, basée sur le panturquisme ou pantouranisme (1) – qui passe par une Syrie éclatée -,
– et ses intérêt stratégiques immédiats, le redus d’un état kurde solide sur ses frontière.
D’où les coups de poker d’Erdogan, ses évolutions opportunistes. C’est la contradiction interne de l’Alliance américano-turque !
Mais précisément le Bataille d’Idlib agit comme un révélateur de ce double objectif d’Ankara :
– Utilisation des djihadistes « dits modérés » du Tahrir al-Sham (ex Jabbat al-Nosra, al-Qaida en Syrie), qui sont aussi soutenus par Washington et hostilité à l’offensive de Damas, soutenue par les Russes et les Iraniens, vers Idlib ;
– Tentation des turcs à contrôler définitivement Idlib et à étendre leur domination vers Alep. Précisément pour empêcher un Etat de facto Kurde viable allant jusqu’à la Méditerranée. Car Erdogan est un maître de la duplicité levantine et des entités kurdes faibles, du type bantoustans, ne le gêne nullement. Et Erdogan avait de bonnes relations avec le Kurdistan autonome d’Irak.
Examinons les données stratégiques du dossier, en allant au fond des choses …
LA TURQUIE FACE A CETTE CONTRADICTION INTERNE EN SYRIE
Selon l’éditorialiste du journal ‘Rai al-Youm’, « la Turquie est en proie à un dilemme en Syrie, ce qui rend difficile pour Ankara de choisir une stratégie ». Abdel Bari Atwan s’est penché dans un article intitulé « À Idlib, pourquoi la Turquie se trouve confrontée à deux grandes puissances » sur la « confusion de la Turquie concernant les opérations de l’armée syrienne et de ses alliés à Idlib, lesquelles ne sont pas en faveur d’Ankara ». Atwan a encore écrit que « l’avancée de l’armée syrienne, soutenue par les forces terrestres iraniennes et les forces aériennes russes, dans la province d’Idlib a été couronnée de succès, avec la prise de la ville de Sinjar et de dizaines d’autres villages dans le rif d’Idlib et la libération de la base aérienne d’Abu al-Duhur, dans le nord du pays ».
« Pour comprendre les aspects politiques et militaires des avancées majeures des troupes gouvernementales syriennes, il faut revenir en arrière et voir ce qui s’est passé les 5 et 6 janvier ; 13 drones ont attaqué les bases navales et aériennes de la Russie à Tartous et à Hmeimim, dans l’ouest de la Syrie, puis ces bases ont été visées par des tirs de roquettes et d’obus de mortier. L’attaque a entraîné la mort de deux soldats russes, sept soldats ont également été blessés à la suite de la frappe de mortiers, cependant les missiles ont été interceptés et les drones ont été abattus, bien que trois d’entre eux aient pris la fuite sans être endommagés ». (2) Selon les sources russes, « aucun avion de combat n’a été endommagé dans l’attaque », et les « images qui ont été diffusées sur les réseaux sociaux de sept avions détruits sont des fake news ».
La question est de savoir si les drones qui ont attaqué la base aérienne de Hmeimim ont décollé d’Idlib avec le consentement de la Turquie, ou à son insu ?
Les enquêtes russes sur les drones et les conditions de leur envoi ont débouché sur des conclusions extrêmement graves qui ont été un choc pour les dirigeants russes :
Les deux gouvernements qui possèdent, produisent, contrôlent et envoient de tels drones sont les États-Unis et Israël, mais à ce stade de l’enquête, il est peu probable qu’Israël soit impliqué dans l’attaque parce que le régime israélien n’oserait jamais s’attirer l’hostilité et la colère de la Russie. Les experts estiment donc que « Washington est impliqué dans ces attaques de drones ».
Les drones ainsi que les roquettes ont été envoyés depuis la ville d’Idlib, où sont positionnés les terroristes du Front al-Nosra. Mais l’objectif de ces frappes sur la base russe de Hmeimim est « de créer une enclave kurde autonome dans le nord de la Syrie, ce qui permettra une présence militaire américano-israélienne ». Les radars russes ont repéré un avion américain à une altitude de 7 000 mètres au-dessus des bases de Hmeimim et de Tartous lors de ces raids nocturnes.
La Turquie, d’une part, s’oppose au plan américain visant à créer une région kurde, et d’autre part, elle ne cache pas son mécontentement quant aux avancées des troupes syriennes soutenues par l’Iran et la Russie qui cherchent à reprendre le contrôle de la ville d’Idlib, où sont déployées les forces de l’armée turque et les terroristes du Front al-Nosra ainsi que les éléments de l’Armée syrienne libre (ASL). Si l’armée syrienne reprend le contrôle de la ville d’Idlib, « la Turquie perdrait complètement son influence en Syrie », commente ‘Rai al-Youm’(3).
Nous verrons comment Ankara envisage de résoudre la question plus avant …
LE PRETEXTE DES FDS QUI CONSTITUENT UNE FORCE FRONTALIERE :
« ANKARA EN COLERE » … EN PROFITE POUR AUGMENTER SA PRESENCE EN SYRIE
La Turquie dit « fulminer » contre la décision des États-Unis de coopérer avec leurs alliés des Forces démocratiques syriennes (FDS) pour la formation d’une force frontalière près des frontières turco-syriennes. Le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a ainsi déclaré, le dimanche 14 janvier, que « son pays se réservait le droit de déployer de nouveaux contingents sur le sol syrien, au cas où la coalition internationale, dirigée par les États-Unis, mettrait sur pied une ‘Force de sécurité aux frontières’, comme l’a annoncé, plus tôt dans la journée, le service de communication de la coalition ». La coalition internationale a en effet annoncé sa décision de constituer une nouvelle « Force de sécurité aux frontières », composée de 30 000 hommes, pour contrôler les frontières séparant la Syrie et la Turquie et la vallée de l’Euphrate.
Cité par le quotidien turc ‘Cumhuriyet’, Ibrahim Kalin a souligné que « la Turquie allait entreprendre des mesures requises pour défendre ses intérêts et sa sécurité nationale ». C’est à dire renforcer sa présence militaire… face à Damas ! La Turquie, qui a déjà déployé des contingents militaires en Syrie (opération Bouclier de l’Euphrate), a menacé « d’acheminer un nombre plus grand de soldats sur le territoire syrien, en réaction à la nouvelle décision de la coalition américaine ».
Le gouvernement syrien, un gouvernement élu ayant le siège à l’ONU, a, à maintes reprises, dénoncé la présence des forces étrangères sur son territoire, la qualifiant d’« illégale », mais ses plaintes n’ont jusqu’ici mené nulle part.
II-
COMMENT ANKARA ENTEND RESOUDRE SON DILEMME SYRIEN
Si la Turquie est entrée dans la guerre en Syrie, c’est avant tout pour accomplir son projet gépolitique néo-ottoman et affaiblir les Kurdes, ses principaux ennemis installés non loin des frontières des deux voisins. Ankara a toujours relégué le combat contre Daech au second plan.
LES ALLIES DJIHADISTES D’ANKARA A L’ASSAUT D’IDLIB
« L’Armée arabe syrienne et ses alliés ont réussi à neutraliser une forte attaque conjointement lancée par le Front al-Nosra et le ‘Parti islamique du Turkestan’ sur deux axes dans la banlieue sud-est d’Idlib », lit-on ce dimanche 14 janvier dans le dernier rapport de l’agence de presse iranienne ‘Fars’.
À la faveur de la nuit, « les terroristes du Front al-Nosra et leurs alliés ont lancé un assaut qui se poursuit encore », mais l’Armée arabe syrienne, « qui avait déjà pris les devants en surveillant de près les points d’où les terroristes se déployaient, a promptement ouvert le feu sur eux grâce à sa DCA et à son artillerie », nous rapporte la chaîne de télévision ‘al-Elam al-Harbi’.
Au cours des 72 dernières heures, la banlieue sud-est d’Idlib a été le théâtre de combats acharnés entre les forces régulières syriennes et les terroristes, qui ont été contraints de battre en retraite. « 95 personnes ont été tuées au cours des 4 derniers jours dans les rangs des groupes armés dans la province orientale d’Idlib, dans le sud-est du pays, parmi lesquels 28 sont des membres de Tahrir al-Sham et de leurs alliés ».
Mais les analystes ont ignoré une info capitale : la présence du ‘Parti islamique du Turkestan’ aux côtés du Front al-Nosra. Cart il s’agit d’une formation islamiste radicale d’Asie centrale (Chine et Turkestan oriental, avec l’ethnie Ouïghour) (4) (5) alignée sur Ankara et issue du mouvement panturkiste au cœur du projet géopolitique néo-ottoman (6) (7) ! Encore une formation de la galaxie al-Qaida passée du statut d’ennemi absolu à celui d’allié en Syrie !
LE PANTURKISME AU CŒUR DES VISEES TURQUES EN SYRIE
Selon certaines sources syriennes officielles très récentes, « en avril dernier plus de 5000 djihadistes ont traversé la frontière turque en direction d’Idlib et d’Alep. Parmi ceux-ci se trouvaient un nombre inconnu – quoique considérable – d’ouïghours en provenance du Xinjiang chinois (Turkestan oriental). Le soutien technique et opérationnel à ce nouveau djihad aurait été fourni par les services turcs et des unités spéciales des forces armées turques, à savoir les « Bérets bruns ». Certaines sources parlent de 1500 djihadistes du Xinjiang, tandis que d’autres d’au moins 1000 militants djihadistes en provenance de cette région chinoise ».
« Le soutien pour l’organisation et la formation pour cette opération a été soi-disant fourni non seulement par les forces turques, mais aussi par les guérillas turkmènes elles-mêmes, qui avaient déjà contribué à abattre l’appareil Sukhoi Su-24M et à supprimer son équipage au sol en novembre 2015. Avant le début de la guerre en Syrie, les djihadistes turkmènes avaient toujours vécu dans les zones rurales à l’est d’Alep et dans le massif côtier près de Lattaquié du nom de djebel Turkmène ». Lors de la bataille d’Alep, la brigade spécifiquement « Turkmène » connue sous le nom de ‘Liwa al Mu’tasem Billah’ opérait, et y a été présente depuis le début des affrontements. Néanmoins, jusqu’à cettebataille, la population turque était représentée par « l’Assemblée des Turcs syriens », « fondée en 2013 par le gouvernement turc, précisément par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Davutoglu ». C’était « la véritable « porte pivotante » du passage de l’aide de la Turquie au djihad ouïghour et turkmène, à la fois à la frontière avec la Turquie et à l’intérieur de la Syrie ».
Depuis le début des hostilités, « le soutien à cette minorité, y compris l’assistance militaire évidemment secrète, est organisé par l’ONG turque IHH ». il y a une autre organisation « humanitaire » turque – plus pro-djihadiste que l’IHH, mais à dessein moins connue – appelé ‘Imkander’, qui « a été fondée en 2009 pour aider les veuves et les orphelins des Turkmènes et des combattants djihadistes dans le nord du Caucase, vivant maintenant en Turquie. À ce jour, elle a fourni jusqu’à 300 millions de livres turques (près de 100 millions de dollars) au djebel Turkmène (et donc aux ouïghours combattant souvent avec eux), en plus de convois d’aide « humanitaire » (et militaire) (…) En février 2014, le dirigeant d’Imkander, Murat Ozer, a assisté aux funérailles du chef du djihad tchétchène, Seifullah Al-Shishani (ie Ruslan Machalikashvili) qui, après la fin de la guerre islamique dans le Caucase russe, avait prêté allégeance au Front al-Nosra en Syrie. Parmi d’autres ONG turques, il soutient le front turkmène-ouïghour connu sous le nom de « Front islamique du Grand Orient » (IBDA-C), une structure déjà répertoriée comme organisation terroriste par le Département d’État des États-Unis en 1992 ».
La complicité turco-américaine est-elle avérée ? Un spécialiste des questions de l’Asie de l’Ouest révèle que « les forces américaines fournissent des aides logistiques au Front Fatah al-Cham via la base militaire d’Incirlik, en Turquie » (8).
LA TURQUIE SOUHAITE ETENDRE SON HEGEMONIE MILITAIRE AU SUD D’ALEP
Dans le cadre d’une interprétation turque de son accord à Astana avec l’Iran et la Russie, l’armée turque, qui a déployé à la mi-octobre des troupes dans la province d’Idlib, décide maintenant d’étendre son hémisphère d’influence dans les zones à majorité kurde, proches des frontières communes.
La Turquie a fait part le 28 novembre dernier d’une » probable extension de sa zone de mission en Syrie, en déployant des troupes militaires dans d’autres zones de désescalade en Syrie ». Le Conseil pour la sécurité nationale de la Turquie avait alors annoncé dans un communiqué qu’Ankara « avait effectué avec succès sa mission à Idlib et qu’elle pourrait étendre son champ d’activités jusqu’à l’ouest de la province d’Alep et à Afrine (base des Kurdes syriens) pour créer une zone bien sécurisée ». Ankara cherche régulièrement à limiter au maximum les percées des Kurdes syriens. Dans ce cadre, le président turc, Recep Taiyyp Erdogan, a aussi affirmé début novembre qu’Ankara « devait nettoyer la ville d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, des Kurdes des YPG ».
« Toutes ces declarations ne sont que des Leurres , commenteun expert iranien, prétendant toutes opérer ces soi-disant actions pour « Limiter le maximum des percées Kurdes » alors réellement sur terrain jamais aucun combat entre les deux Parties n’avait été engagé sur Terrain ce qui montre la complicités mutuelles entre Ankara et FDS ou YPG , son seul est unique objectif c’est grignoter le;maximum de territoire Syrien afin d’avoir un Solide Atout pour faire chanter Damas au cours d’une préalable Négociation finale a Genève probablement pour l’acquisition d’une bande de sécurité sur les 900 Km de frontières avec la Syrie » !
LA TURQUIE MASSE SES TROUPES SUR LES FRONTIERES
Simultanément aux rumeurs circulées sur les opérations militaires turques à Afrin dans le nord de la Syrie, des sources d’information iraniennes ont fait état « de l’envoi par la Turquie de nouveaux équipements militaires vers ses frontières avec la Syrie » ce 9 janvier. Selon le rapport de ‘Fars News’ , « la Turquie a envoyé de nouveaux équipements vers ses frontières avec la Syrie pour d’éventuelles opérations militaires dans la localité d’Afrin ».
Afrin est situé dans la province d’Alep dans le Nord de la Syrie, où se trouvent plus de 300 villages. Elle couvre une superficie de 2.033 km² et compte plus de 50.000 d’habitants. Lors de la crise syrienne, elle était contrôlée par les Kurdes syriens. Le quotidien syrien ‘al-Watan’ a écrit, ce mardi 9 janvier, « qu’Ankara avait envoyé de nouveaux équipements à Kilis, une ville frontalière avec la Syrie et dans la localité de Lawa Eskandaroun ». La chaîne d’information libanaise ‘al-Mayadeen’ a pour sa part annoncé que « ces équipements étaient destinés à des opérations militaires à Afrin ». Les sites d’information proches des opposants syriens ont confirmé cette information en annonçant « qu’un convoi d’engins et de véhicules militaires de l’armée turque avait traversé le point frontalier de Kfar Lawsin dans le rif d’Idlib pour se diriger vers Jabal Samaan près de la cité de Darat Izza dans le rif ouest d’Alep ».
Selon l’accord politique conclu entre les parties négociatrices à Astana, sur la création de zones de désescalade, Darat Izza fait partie des passages par lequel les forces turques entrent sur le sol syrien. Cet accord a été conclu le 4 mai 2017 à Astana, où se sont déroulées les négociations sur la Syrie entre l’Iran, la Russie et la Turquie en tant que pays garants du cessez-le-feu en Syrie (entre l’armée et les forces de l’opposition). Le processus de paix d’Astana a abouti notamment à la mise en place de quatre zones de désescalade en Syrie : dans les régions d’Idlib (nord-ouest), de Homs (centre), dans la Ghouta orientale, près de Damas, ainsi que dans le sud du pays. Ankara s’en sert pour étendre son influence en Syrie.
A la grande colère de Damas … Qui se souvient qu’au début des hostilités en Syrie Erdogan a fait voler toute l’infrastructure industrielle de la ville d’Alep, pour l’installer au Sud de la Turquie.
LA SYRIE FULMINE CONTRE LA PRESENCE DES TROUPES TURQUES ET US SUR SON TERRITOIRE
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal al-Mekdad, a qualifié « d’inadmissible la présence des troupes turques et américaines sur le territoire syrien ». Damas exige le retrait immédiat des forces turques déployées à Idlib. Fayçal al-Mekdad a appelé le gouvernement turc à « retirer ses forces de la Syrie et à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures syriennes ».
Quant à la position de Damas envers l’installation des bases américaines, ce diplomate a déclaré : « Damas estime que la présence de n’imposte quelle base étrangère en Syrie constitue une agression flagrante. Il adoptera une position appropriée en la matière. » Quant à l’ONU, elle s’est dite sceptique quant à la participation aux prochaines négociations syro-syriennes de Sotchi en Russie. « Nous ne sommes pas surpris par cette suspicion, car l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, n’est pas assez sérieux pour trouver une issue à la crise syrienne », a déclaré Fayçal al-Mekdad.
En allusion au fait que Damas participera aux négociations inter-syriennes de Genève, il a annoncé que son pays « accepterait ce qui débouchera sur une solution politique ». Soulignant que « la nouvelle Constitution syrienne devait être élaborée en Syrie », Fayçal al-Mekdad a réaffirmé « qu’il fallait respecter l’actuelle Constitution, faute de quoi, le chaos prendrait le dessus ». « Il est très dangereux de gommer le rôle d’un gouvernement, ce qui contredit la résolution de 2254, et nous ne permettrons jamais que la souveraineté syrienne soit transgressée », a-t-il renchéri.
NOTES :
(1) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ LE SOI-DISANT ‘RAPPROCHEMENT RUSSO-TURC’(II) : COMMENT LES PROJETS GEOPOLITIQUES NEOEURASISTE RUSSE ET TURC (INTEGRATION DANS L’UE OU PANTOURANISME) SONT ANTAGONISTES !?
(2) Crr. # LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ SYRIE D’UNE GUERRE A L’AUTRE (II): LA BATAILLE POUR IDLIB OU LE PASSAGE D’UN CONFLIT A L’AUTRE
(3) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ SYRIE D’UNE GUERRE A L’AUTRE (III): USA ET ANKARA ALLIES CONTRE LA RUSSIE ?
(4) Le ‘Parti islamique du Turkestan’ est proche d’al-Qaïda. Son objectif est « d’établir un État islamique ou un califat dans le Turkestan oriental ». Il est en conflit avec l’organisation État islamique, qui dans une vidéo publiée le 27 février 2017 — la première adressée aux Ouïghours du Xinjiang — qualifie le Parti islamique du Turkestan d’« apostat ». En juin 2016, Abdul Haq al-Turkistani, l’émir du Parti islamique du Turkestan, annonce dans une vidéo qu’il rejette le califat de l’État islamique qu’il qualifie d’« illégitime », il condamne également ses anciens alliés du Mouvement islamique d’Ouzbékistan, ralliés à l’EI.
Le ‘Parti islamique du Turkestan’ (PIT), aussi appelé le ‘Mouvement islamique du Turkestan oriental’ (Doğu Türkistan İslâm Hareketi, MITO, anglais : East Turkestan Islamic Movement, ETIM) est une organisation militaire et terroriste, d’idéologie salafiste djihadiste, active en Chine, au Pakistan et en Syrie lors de la guerre civile syrienne. Le Mouvement islamique du Turkestan oriental est fondé en 1997. Dès 1998, le groupe se réfugie en Afghanistan, alors dominé par les talibans, et noue des liens avec al-Qaïda et le Mouvement islamique d’Ouzbékistan1. Les combattants du MITO bénéficie alors d’une instruction militaire dans les camps d’entraînement afghans1. En 2002, le gouvernement chinois affirme qu’il a obtenu un financement d’Al-Qaïda pour ses activités terroristes après une rencontre avec Oussama ben Laden en 1999. Le rapport dit également que le MITO commandait une formation connue sous le nom d’« armée du Turkestan » qui incorporait notamment « un bataillon chinois de 320 terroristes du Xinjiang ». La plupart des experts s’accordent à dire que des centaines d’Ouïghours ont quitté la Chine pour rejoindre les rangs d’Al-Qaïda et les Talibans en Afghanistan. En 2001, lors de l’Operation Enduring Freedom, des combattants du MITO combattent aux côtés d’al-Qaïda4. Lors du conflit afghan, 22 combattants ouïghours sont capturés par l’armée américaine et transférés à Guantanamo Bay. Ces 22 Ouïghours ont tous été libérés par les États-Unis car aucune charge n’avait été retenue contre eux. Les derniers libérés, deux frères ouïghours, ont été accueillis dans le Jura en Suisse au printemps 2010. Selon un rapport chinois publié en 2002, 200 attaques ont été menées dans le Xinjiang par le Mouvement islamique du Turkestan oriental entre 1997 et 2001, causant la mort de 162 personnes et ayant fait 440 blessés.
(5) Cfr. DJIHADISTES DU XINJIANG. LE PARTI ISLAMIQUE DU TURKESTAN, BRAS ARMÉ OUÏGHOUR D’AL-QAÏDA EN SYRIE
(6) Avant le XXe siècle, les villes du Turkestan oriental n’avaient guère d’identité nationale unifiée, accueillant les ethnies turcophones ouïghoure, kirghize, ouzbèke et kazakhe, mais aussi les Tadjiks persanophones. L’identité de cette région était fragmentée (ou locale), chaque ville ou village ayant ses propres racines, selon une cartographie composée d’« oasis » culturelles. Les contacts transfrontaliers avec la Russie, le Tibet, l’Inde et la Chine ont joué un rôle significatif dans le moulage de l’identité et les pratiques culturelles de chaque « oasis ».
Au début du XXe siècle, le panturquisme émergea avec pour but d »’unifier les peuples turcophones par la création d’un État panturc s’étendant de l’Asie centrale à la Turquie ». Le panislamisme se développa à la fin du XIXe siècle « en appelant tous les pays et les peuples islamiques à créer un État islamique universel placé sous la direction du sultan turc ». Au début du XXe siècle, Ahmet Kamel, natif de Turquie, vint au Xinjiang propager le panturquisme parmi la population locale, et certains Ouïghours éduqués en Turquie commencèrent à mener « des missions panislamiques dans la région ». Les idées induites par le panturquisme et le panislamisme devinrent rapidement « les forces motrices du mouvement d’indépendance du Turkestan oriental ». Sous l’influence de ces idées, les nationalistes se donnèrent pour objectif de « séparer le Xinjiang de la Chine et créer un État islamique indépendant appelé Turkestan oriental ». L’ethnonyme moderne « Ouïghour » s’est popularisé dans les années 1930 et a servi d’élément fondateur à l’identité ouïghoure moderne.
Dès 2012, des djihadistes ouïgours commencent à prendre part à la guerre civile syrienne. En février 2013, le Parti islamique du Turkestan lance un appel au djihad en Syrie. Début 2017, le mouvement compte environ 1 000 combattants dans ce pays. En plus des Ouïgours, le PIT compte également dans ses rangs des Syriens ainsi que des djihadistes étrangers, dont quelques Français. Il est essentiellement présent dans le gouvernorat d’Idleb. En plus de la région d’Idleb, les forces du Parti islamique du Turkestan sont présentes dans le gouvernorat d’Alep, le gouvernorat de Lattaquié et le gouvernorat de Hama. En 2013, elles combattent aux côtés du Front al-Nosra dans les gouvernorats de Raqqa, Hassaké et Alep. En mai 2016, le PIT intègre ‘l’Armée de la conquête’. Les forces du Parti islamique du Turkestan participent aussi à la bataille d’Alep, présentes à l’extérieur de la ville elles prennent part aux offensives menées par les rebelles pour tenter de briser le siège imposé par les loyalistes entre l’été et l’hiver 2016. Lors de ces combats, le groupe fait usage de kamikazes et d’enfants soldats …
(7) Cfr. Frédéric Pichon, SYRIE UNE GUERRE POUR RIEN, Les éditions du Cerf, Paris, 2015
(8) Cfr. http://www.presstv.com/DetailFr/2018/01/12/548678/Les-terroristes-appuys-par-Washington
(Sources : Sana – Fars Today – Presse iranienne – Presse turque – Presse libanaise – EODE Think-Tank)
Carte :
Le « Grand-Touran ». La zone concentrique réclamée par Erdogan en tant que « grand Touran » (rouge), constituée de populations prétendument turkmènes, allant depuis Istanbul jusqu’à la Chine et l’Asie centrale.
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