LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2017 12 21/
La Russie va s’installer au Soudan. « Un pion que Poutine pourrait avancer intelligemment en s’installant au Soudan à la demande d’Omar el-Béchir », commente la presse iranienne. Décision qui fait suite à des mois de pourparlers diplomatiques et à la visite du président el-Béchir à Moscou et à Sotchi …
MOSCOU VA S’IMPLANTER AU SOUDAN :
UN COIN ENFONCE DANS LA COALITION AMERICANO-SAOUDIENNE CONTRE LE YEMEN
La Russie s’installe au Soudan. « Un pion que Poutine pourrait avancer intelligemment en s’installant au Soudan à la demande d’Omar el-Béchir », commente la presse iranienne. Décision qui fait suite à des mois de pourparlers diplomatiques et à la visite du président el-Béchir à Moscou …
« Le Soudan en passe de quitter l’axe anti-iranien ? » s’interrogeait la presse iranienne le 22 novembre dernier. Alors qu’après des années de tensions diplomatiques, les relations entre Washington et Khartoum semblaient être embellies, le président soudanais, Omar el-Béchir, a fait soudainement des révélations sur « les projets militaires du Pentagone » pour la région du golfe Persique. Omar el-Béchir va plus loin, en disant « non à une guerre éventuelle des Arabes contre l’Iran ».
Au seuil de sa visite à Moscou, le président soudanais levait soudainement le rideau sur différents projets du Pentagone pour lancer une guerre dans la région du golfe Persique :
« Je savais en personne pourquoi j’avais été formé aux États-Unis comme l’un des officiers des forces armées soudanaises à l’époque de l’ex-président, Jaafar Nimeiry », a indiqué le président el-Béchir dans un entretien donné à Russia Al-Yaum. Concernant la guerre d’Irak, el-Bachir expliquait : « J’étais contre le déploiement des forces américaines dans le golfe Persique. Le Pentagone prétendait qu’il avait l’intention d’implanter ses forces dans la région pour préserver les intérêts américains et de ses alliés, ainsi que protéger les détroits maritimes et les exportations pétrolières via les eaux du golfe Persique. Les Américains projetaient quelques scénarios pour mettre main sur le Moyen-Orient. Le meilleur en était l’invasion irakienne contre le Koweït. Ils guettaient la moindre occasion pour pénétrer dans la région et Saddam Hussein a rendu possible leur rêve ».
« La meilleure solution pour avoir une coexistence pacifique entre l’Iran et les pays arabes, c’est le dialogue. Donc, il ne semble pas logique que ces derniers s’affrontent dans la région. Le Soudan est donc opposé à l’option militaire contre l’Iran », a-t-il précisé.
Le président soudanais a effectué une visite de 3 jours à Moscou, à partir du 22 novembre dernier. C’était la première visite d’el-Béchir peu après la levée des sanctions américaines visant Khartoum.
A MOSCOU LE PRESIDENT SOUDANAIS A EXCLU TOUTE PAIX EN SYRIE SANS BACHAR AL-ASSAD
Lors de sa rencontre avec son homologue russe, le président soudanais avait affirmé que « la paix en Syrie était impossible sans Assad », tout en mettant l’accent sur « la nécessité de la prise de position commune des deux pays sur la Syrie » et en mettant en garde « contre les ingérences des États-Unis qui sont à l’origine des tensions dans la région ».
« Le Soudan est contre les ingérences de Washington qui sont à l’origine des tensions dans la région », avait-il ajouté. El-Béchir a également fait état du souhait de son pays de coopérer avec la Syrie en mer Rouge.
« Omar el-Béchir est à la tête d’un gouvernement dont la légitimité dépend fortement des Frères musulmans, un mouvement qui avait un rôle majeur dans le déclenchement de la guerre en Syrie et qui avait pour but de renverser le gouvernement syrien. Tout cela fait partie d’un processus de révision idéologique au sein des Frères musulmans soudanais, lequel devrait aboutir à une modification des politiques qu’ils mènent depuis sept ans envers la Syrie. Ce processus de révision pourrait même s’inscrire dans un autre processus destiné à imposer une révision des positions des Frères musulmans au niveau international, processus déjà entamé en Turquie par le président Recep Tayyip Erdogan, qui compte redonner une nouvelle image à ce mouvement « , estime Press TV (Iran).
À l’issue du sommet tripartite de Sotchi où les présidents iranien, russe et turc se sont rencontrés, Erdogan a surpris tout le monde en n’excluant pas des contacts avec son homologue syrien Bachar al-Assad. « Ce message bien clair et explicite pourrait être à l’origine de cette volte-face des Frères musulmans et des récentes déclarations d’Omar el-Béchir en faveur de Bachar al-Assad. »
OMAR EL-BECHIR DEMANDE LA PROTECTION DE MOSCOU CONTRE WASHINGTON !
Le président soudanais Omar el-Béchir, depuis Moscou, a déclaré que les deux parties avaient signé « d’importants accords de coopération », sans manquer de dire que sa rencontre avec Vladimir Poutine avait été « positive et constructive ». Interviewée par RIA Novosti, le président soudanais a déclaré que les « deux pays partageaient des visions communes sur certaines questions, ce qui a contribué à l’établissement de relations diplomatiques solides entre Khartoum et Moscou ».
Khartoum veut aussi renforcer sa coopération militaire avec Moscou et se fournir en armes.
El-Béchir a précisé que Khartoum souhaitait renforcer la coopération militaire avec Moscou en vue de rééquiper ses forces armées. « Les armes dont nous disposons, elles sont de fabrication russe », a-t-il rappelé.
Mais surtout, le président soudanais a sollicité la protection de Vladimir Poutine face aux actes agressifs des Etats-Unis : « Nous estimons que ce qui s’est passé avec notre pays, c’est aussi le résultat de la politique américaine et nous avons besoin d’être protégés contre les actes agressifs des États-Unis », a déclaré Omar el-Béchir depuis la résidence du président russe à Sotchi, sur les bords de la mer Noire.
Selon un communiqué du ministre soudanais des Affaires étrangères, Ibrahim Ahmed Ghandour, « el-Béchir a remercié la Russie pour son soutien aux Nations unies et au Conseil de sécurité et a déclaré à Poutine que si le Soudan ne bénéficiait pas du soutien de la Russie, il y aurait beaucoup de problèmes ». M. Ghandour a ajouté que les deux présidents avaient discuté de la coopération entre le Soudan et la Russie dans les domaines économique, militaire et politique et pour renforcer leur coordination aux niveaux régional et international.
AU-REVOIR RIYAD ?
EL-BECHIR DESIGNE L’ENNEMI AMERICAIN …
« Le Soudan lâche le front américano-israélien, dans l’espoir de d’approcher de l’axe de la Résistance », commentait la presse iranienne le 26 novembre dernier. Un analyste politique arabe estimait que « les déclarations du président soudanais à l’issue de sa rencontre avec son homologue russe à Moscou mettent en évidence la frustration de Khartoum vis-à-vis de l’alliance américano-israélienne qu’il avait rejointe pendant un certain temps ainsi que sa volonté à intégrer le front de la Résistance ».
Abdel Bari Atwan, analyste politique et rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, a publié son analyse sous le titre « La désobéissance d’Omar el-Béchir à ses alliés saoudiens et les évolutions au sein des Frères musulmans ». « Les nouvelles prises de position d’Omar el-Béchir constituent l’un des signes de l’effondrement du jeu de domino de l’alliance américano-saoudienne et d’une évolution majeure au sein des Frères musulmans ».
À l’issue de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, à Moscou, Omar el-Béchir a exprimé sa vive opposition à toute confrontation militaire ou politique entre les pays arabes d’une part et l’Iran de l’autre. Il est même allé plus loin en accusant les États-Unis et l’Europe « d’être derrière les crises sévissant dans la région, par leurs ingérences, en disant que les Américains et les Européens avaient contribué à la partition du Soudan ». Ce revirement soudain du président soudanais prouve à quel point il est enclin à modifier ses positions, et ce parce que son adhésion à la coalition militaire de l’Arabie saoudite au Yémen et son ralliement au front américain, dont le but est de démembrer la région, avaient mis le Soudan sous une importante pression ».
J’avais moi même analysé bien avant le « piège géopolitique » qu’était devenu l’alliance saoudienne pour Khartoum :
* Voir sur EODE-TV/
LA MORT DE HASSAN AL-TOURABI :
COMMENT A T’IL DETOURNE LE SOUDAN DE SES INTERETS GEOPOLITIQUES
(MARS 2016)
sur https://www.youtube.com/watch?v=R3i2Wp8qTvY
Le président soudanais a pensé pendant des années, à tort, que Washington et ses alliés arabes trouveraient un remède à tous les problèmes du Soudan et au marasme dont lequel il était plongé. Il a donc commencé à se soumettre à leurs injonctions et à défendre leurs politiques. Il a même demandé à son ministre de l’investissement, Moubarak al-Fadel, de s’exprimer en public au sujet des avantages d’une normalisation avec Israël et de l’établissement des relations commerciales et politiques avec cette région. Cependant, les déclarations de Moubarak al-Fadel se sont avérées très impopulaires auprès de l’opinion publique soudanaise.
« La concomitance du discours d’Omar el-Béchir, dans lequel il s’est opposé à une confrontation militaire contre l’Iran et a durci le ton contre les ingérences des Américains, et des récentes déclarations anti-iraniennes du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane n’est pas un simple accident. Cette simultanéité nous pousse à conclure que le président soudanais a riposté en quelque sorte au prince saoudien, annonçant implicitement son divorce d’avec le gouvernement saoudien et la coalition anti-yéménite qu’il dirige », analyse un expert iranien.
LA PRESENCE MILITAIRE SOUDANAISE AU YEMEN MISE EN CAUSE
Les saouds dans leur sale guerre du Yemen (1) utilisent sans réserve comme troupes au sol leurs alliés soudanais et égyptiens …
« L’opinion publique soudanaise est désespérée des promesses faites par l’Arabie quant aux dossiers yéménite et égyptien », commente Press TV. Selon le blogueur saoudien Mujtahid, qui est connu pour ses révélations intéressantes sur le régime saoudien, « le président soudanais, Omar el-Béchir sera contraint de retirer les effectifs soudanais du Yémen ».
« Les Soudanais sont insatisfaits de la mort des centaines de leurs militaires au Yémen (2). Lorsque le bilan de la mort des soldats soudanais a dépassé la barre des 1.000 personnes, l’opinion publique, le Parlement et les instances militaires soudanais ont mis en cause leur présence militaire au Yémen si bien que l’étau se resserre de plus en plus autour d’Omar el-Béchir », a conclu le blogueur de renom saoudien.
Sur 7.000 soldats soudanais opérant au Yémen plus de 1.000 d’entre eux ont été tués et « Khartoum n’a pas même touché une miette des milliards de rials promis par Riyad ». De même le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est de parti pris pour l’Égypte quant au dossier de la région de Hala’ib, sur laquelle se disputent Le Caire et Khartoum. Le jeune Mohammed ben Salmane met sous pression le Soudan d’une façon impolie pour couper les relations avec le Qatar. « Alors tous ces éléments sont suffisants pour contraindre le président soudanais à retirer ses forces du Yémen ».
L’alliance russe accélérera cette tendance.
L’EMISSION QUI COMPLETE L’ANALYSE :
COMMENT LE SOUDAN ENTEND SORTIR DU « PIEGE GEOPOLITIQUE » DE L’ALLIANCE SAOUDIENNE …
J’explique comment le Soudan tente de sortir du « piége geopolitique » dans lequel il s’est enferme avec son alliance saoudienne …
* Voir sur PANAFRICOM-TV/
LUC MICHEL INTERROGE PAR PRESS-TV (IRAN) :
CHANGEMENT DE CAP DU SOUDAN EN DIRECTION DE LA RUSSIE
sur https://vimeo.com/244561629
NOTES :
(1) L’Arabie saoudite et ses satellites ont lancé en mars 2015 une vaste agression contre le territoire yéménite tuant, depuis, plus de 13000 civils. Près de 40.000 civils ont été blessés et le nombre des déplacés dépasse les 2 millions. De même, les infrastructures du pays ont subi de très lourds dégâts. Du fait d’un manque crucial des moyens hygiéniques, le choléra fait rage dans le pays.
Cfr. mes analyses :
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
LE ‘VIETNAM’ DES SAOUDS: YÉMEN LA SECONDE GUERRE CHAUDE DU PROCHE-ORIENT APRES LA SYRIE.
(2) Le commandant des forces d’intervention rapide soudanaises a reconnu en septembre dernier le lourd bilan des pertes subies par ses effectifs au Yémen. Selon lui, plus de 400 soldats soudanais ont péri depuis l’agression lancée par Riyad contre le Yémen à laquelle a pris part le Soudan. Dans un entretien accordé au journal soudanais Al-Jarida, le général Mohammad Hamdan Hamidati a annoncé que figurait également parmi ces morts, 14 officiers de l’armée.
Photo :
El-Béchir avec Poutine à Sotchi ; Des militaires soudanais au Yémen.
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