PANAFRICOM/ 2017 11 19 (18h49 gmt)/

Contrairement aux analyses fausses de çà de là, Mugabe salue l’armée, les anciens combattants et les « valeurs de la ZANU-PF » et apparaît comme un homme apaisé … mais se rétracte !

Zimbabwe: Robert Mugabe a « accepté de démissionner » !

Depuis le début, l’Armée (qui est celle de la guerre de libération nationale) ne faisait pas un putsch mais une purge, menée avec les durs de la ZANU-PF. L’Armée a dès les premières heures affirmé qu’elle voulait « une sortie honorable », dans le respect, pour le vieux président …

Poussé vers la sortie par l’armée, la rue, son parti, après trente-sept ans au pouvoir, Robert Mugabe, 93 ans, sera parvenu à prolonger son bail à la tête du Zimbabwe jusqu’à ce dimanche soir. Mais la pression était devenue intenable et son clan risquait d’être dépossédé de ces dernières portes de sortie en cas d’entêtement. Le vieux président a donc dû annoncer qu’il rendait les armes, dimanche soir, en direct sur la chaîne de télévision d’Etat ZBC.

Plus tôt dans la journée, les événements se sont précipités et l’étau s’est définitivement resserré autour de Robert Mugabe, désavoué par son propre parti, la Zanu-PF qui a menacé de le destituer s’il ne quittait pas la présidence du pays “d’ici lundi”. Lors d’une réunion d’urgence, la direction du parti lui a en effet statutairement retiré son mandat de président du parti et l’a remplacé par Emmerson Mnangagwa, 75 ans, l’ancien vice-président dont le limogeage le 6 novembre a précipité la crise actuelle. Ce dernier, un dur surnommé “le crocodile”, a également été nommé candidat officiel de la Zanu-PF à l’élection présidentielle de 2018, en remplacement du chef de l’Etat, dont il a longtemps été le bras droit. L’ambitieuse et impopulaire épouse du chef de l’Etat, Grace Mugabe, 52 ans, a quant à elle été purement et simplement exclue du parti.

“ENFIN, LE BON CHOIX”

Ces décisions “marquent le début d’une nouvelle ère”, a lancé un cadre du parti, Obert Mpofu, qui présidait la réunion exceptionnelle de la Zanu-PF, et dont les annonces ont été vivement applaudies par les cadres du parti. Elles ont également été saluées par une population avide de changements. “Même si sa décision arrive tard, la Zanu-PF a enfin fait le bon choix”, se réjouissait Trymore Chabata, un vendeur de rue, pour qui “Mugabe est un problème depuis longtemps”.

Samedi, des dizaines de milliers de personnes ont déferlé dans les rues pour appuyer l’intervention de l’armée et demander au vieil autocrate de partir. “Repose en paix Mugabe”, “Non à la dynastie Mugabe” (visant sa femme Grace), proclamaient des affiches brandies lors de cette manifestation, l’une des plus grandes jamais organisées depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980.

LE MAUVAIS GENIE DU PRESIDENT : LE ROLE ET LE POIDS DE MME MUGABE

Les militaires ont décidé de passer à l’action après la destitution il y a deux semaines du vice-président Emmerson Mnangagwa, ennemi juré de la Première dame. Ils n’ont pas accepté la perspective que Grace Mugabe, dirigeante de la puissante Ligue des femmes du parti, se retrouve en position de favorite pour succéder, le moment venu, à son mari. Grace Mugabe “et ses proches associés ont profité ces cinq dernières années de la santé fragile” du président pour “usurper le pouvoir et piller les ressources de l’Etat”, a dénoncé Obert Mpofu. “Il est fâcheux que le président lui ait permis d’usurper son autorité, détruisant ainsi le parti et le gouvernement”, a renchéri la ligue des jeunes de la Zanu-PF. Jusqu’à présent, l’armée, qui dément avoir mené “un coup d’Etat”, avait multiplié les gestes de bonne volonté pour obtenir un départ à l’amiable du président Mugabe. Elle l’a même laissé se rendre vendredi à une cérémonie de remise de diplômes universitaires à Harare. Les militaires ont tout fait pour “le traiter avec respect et dignité”, selon Anthoni van Nieuwkerk de l’université de Witwatersrand à Johannesburg, afin de mettre au plus vite un terme à ce coup de force militaire.

La crise politique au Zimbabwe inquiète toute la région. Mardi, plusieurs dirigeants de pays membres de l’organisation de la SADC (Communauté de développement économique de l’Afrique australe), dont le président sud-africain Jacob Zuma (en fin de dernier mandat) et son homologue angolais Joao Lourenço (nouvellement arrivé), doivent se réunir à Luanda pour en débattre.

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