LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Flash géopolitique – Geopolitical Daily/
2017 10 20/
« des méthodes dictatoriales que personne ne veut voir en Europe, importées par le gouvernement espagnol (…) Hier, un homme a perdu: Mariano Rajoy. Un concept, aussi: la démocratie »
– La Dernière Heure (quotidien de Bruxelles).
« Le Premier ministre espagnol, déjà en sursis politiquement, pourrait ne pas survivre à ce dimanche et à cette image, terrible, de cette dame d’un certain âge, les cheveux blancs maculés d’un épais filet de sang »
– La Libre Belgique (quotidien de Bruxelles).
« En Catalogne, l’irréparable a été commis, nous donnant à voir des images que l’on n’avait plus vues depuis plus de vingt ans en Europe et qui rappellent les heures sombres de l’Espagne franquiste (…) Pour l’opinion publique, même bien au-delà des frontières régionales, le gouvernement de Mariano Rajoy restera celui qui a opposé la violence des armes à l’expression démocratique des bulletins de vote »
– L’Avenir (quotidien wallon).
« Qui a vu les images d’hier, aurait cru à une dictature sud-américaine dans les années 70. Mais c’est bien l’Espagne en 2017 »
– Gazet van Antwerpen (quotidien flamand).
J’ai écrit dans une précédente analyse que la crise catalane avait lancé un processus irréversible. Et peu importe que Barcelone obtienne ou pas son indépendance cette fois. J’ai parlé de « bombe géopolitique à retardement ». Les médias de l’UE (qui sont ceux de l’OTAN) nous disent inlassablement que « le gouvernement catalan est isolé ». C’était oublier que l’UE avait sous cet angle un maillon faible : le gouvernement fédéral belge. Avec Charles Michel, un premier ministre libéral francophone. Mais une majorité où le grand parti dominant est la N-VA … nationaliste flamande et indépendantiste (qui arbore le drapeau catalan sur son siège). Une N-VA à qui le premier ministre doit tout, à commencer par ses ambitions de réélection (1) (2) …
CRISE DIPLOMATIQUE ENTRE MADRID ET LE GOUVERNEMENT FEDERAL BELGE
« L’Espagnol Mariano Rajoy ne digère pas les déclarations de Charles Michel sur la Catalogne », commente Belga …
L’ambiance était un peu tendue, ce jeudi soir, au sommet européen, entre le Premier ministre belge Charles Michel et son homologue espagnol Mariano Rajoy. Le second n’a pas du tout apprécié les propos tenus par le premier sur la Catalogne dans un entretien accordé le week-end dernier au «Soir» et au «Standaard ». Le « chef » (mais pas son homme fort) du gouvernement belge y disait que la crise catalane était » pas une crise juridique (l’argument de Madrid) mais politique » et appelait les deux parties au dialogue. Il justifiait son tweet condamnant les violences policières (espagnoles) le jour du référendum, expliquant qu’il avait exprimé spontanément sa conviction.
Des déclarations qui auront des conséquences, tonne Madrid !
Ses déclarations sont très mal passées à Madrid, où le gouvernement se dit « stupéfait » d’ « attaques » venant d’un d’un ‘ ‘pays partenaire ». Selon le quotidien flamand »Het Laatste Nieuws », qui a obtenu copie d’échanges de mails diplomatiques, l’ambassadeur belge à Madrid a été convoqué par le cabinet Rajoy. Il lui a été signifié que l’Espagne trouvait « inacceptable » que « la Belgique mette sur le même pied le pouvoir central espagnol et un gouvernement régional » (la Generalitat de Catalogne) et s’étonnait de ne « pas avoir encore entendu aucun appel de la Belgique appelant la Catalogne a respecter l’ordre constitutionnel espagnol ». Plus grave : selon Madrid, les déclarations de M. Michel compromettent gravement les relations bilatérales entre les deux pays et « ne resteront pas sans conséquences ». Le gouvernement espagnol menacerait ainsi de ne pas soutenir la candidature de la Belge Catherine De Bolle pour prendre la tête d’Europol.
Charles Michel et Mariano Rajoy étaient assis côte-à-côte lors du sommet européen. « Le Premier ministre Michel a exprimé la position belge (sur la Catalogne) devant le Parlement fédéral : elle est claire et non controversée » , a défendu une source diplomatique belge. Qui a précisé qu’aucune rencontre bilatérale entre les deux hommes n’était programmée lors du sommet européen de ces jeudi et vendredi, mais qu’ils pourraient toujours s’expliquer à la table des Vingt-sept : » M. Michel est assis à la droite de M. Rajoy » (ni l’un, ni l’autre n’ont de langue en commun, cela dit) ».
Il n’est pas non plus certain que M. Rajoy souhaite »exporter » la crise catalane qualifiée »d’affaire interne à l’Espagne » au niveau européen. Le sujet ne figure d’ailleurs pas au menu de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union.
LE PREMIER MINISTRE BELGE :
« LA CRISE CATALANE MET L’EUROPE A L’EPREUVE »
« La crise catalane met l’Europe à l’épreuve », estime le Premier ministre Charles Michel, qui s’exprime sur le blocage espagnol dans un entretien accordé au Soir et à De Standaard samedi. Concernant le projet européen en général, le libéral revendique une démarche volontariste et plaide pour « l’Europe différenciée ». La situation en Espagne, depuis le référendum sur l’autodétermination organisé en Catalogne et remporté par les indépendantistes début octobre, est une crise « qui met l’Europe à l’épreuve », selon le Premier ministre belge. « C’est une crise institutionnelle et politique dans un pays qui met en jeu des questions fondamentales, l’expression d’un vote, des opinions, l’usage de la force… ».
Charles Michel estime que « le bon sens veut qu’il y ait dialogue ». « Il y a une guerre des nerfs, qui doit s’arrêter à un moment pour ouvrir le champ à un dialogue politique », assure-t-il. « Ce n’est que si on constatait un échec définitif du dialogue qu’il faudrait poser la question d’une médiation internationale ou européenne », poursuit-t-il. Il constate par ailleurs un élément neuf dans le contexte européen depuis quelque mois: « le volontarisme. Passer de l’Europe des crises, de l’Europe qui subit, à l’Europe qui entreprend, qui agit ». Il souligne avoir été le premier « à plaider pour l’Europe différenciée – qu’on a aussi appelée l’Europe à plusieurs vitesses -, c’est-à-dire pour l’unité à 27 si c’est possible, mais pas au prix du statu quo ».
CHARLES MICHEL « MAINTIENT » ET « ASSUME » SES PROPOS
Le Premier ministre Charles Michel a continué jeudi après-midi à appeler au dialogue entre le gouvernement espagnol et les autorités catalanes ainsi qu’à condamner toute forme de violence, à son arrivée au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 pays de l’Union européenne. Il a nié toute crise entre l’Espagne et la Belgique.
« Il n’y a aucun incident, aucune crise, il y a une dramatisation médiatique sur base de propos que je maintiens et que j’assume », a-t-il indiqué aux journalistes belges. « L’Espagne est un pays ami, nous avons toujours plaidé pour un dialogue, pour le respect de l’ordre national et international, de l’Etat de droit », a expliqué Charles Michel, assurant être « largement soutenu au niveau européen ». « Qui peut valider de la violence, d’où qu’elle vienne ? » S’il y avait un quelconque problème, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy « a mon numéro de téléphone, et le ministre espagnol des Affaires étrangères a le numéro » de son homologue belge Didier Reynders, a souligné le Premier ministre. Les deux Premiers ministres seront assis côte à côte durant tout le sommet, en vertu du protocole et du déroulé des présidences tournantes. Cette disposition permettra peut-être des contacts informels au cours de la soirée. Des contacts ont déjà eu lieu au plus haut niveau diplomatique, a précisé C. Michel. Le Premier ministre a également dit « ne pas pouvoir imaginer » que les tensions avec Madrid aient un impact sur la candidature de la patronne de la police belge, Catherine De Bolle, à la présidence d’Europol.
LA DEMOCRATIE ET L’EUROPE, LES AUTRES PERDANTS DU REFERENDUM CATALAN
Le référendum en Catalogne, remporté à 90% par les séparatistes selon les autorités de la communauté autonome, a engendré d’autres victimes collatérales que celles brutalisées par la police : la démocratie et l’Europe, s’accordent à penser les éditorialistes belges francophones, au lendemain du scrutin. Tous dénoncent le recours à la « force indigne » par le gouvernement de Mariano Rajoy, perdant « borné » du scrutin qui « pourrait ne pas survivre ».
« Triste journée pour la Catalogne, l’Espagne et l’Europe », entame Jurek Kuczkiewicz dans Le Soir, que celle de ce dimanche ensanglanté dans la péninsule ibérique. Il regrette que le Premier ministre espagnol soit « tombé dans le panneau des séparatistes ». « Victime de sa propre posture bornée, Mariano Rajoy a fait échouer à son pays le test démocratique le plus critique depuis 1981. » C’est à ses yeux aussi « l’Europe qui est perdante ». « Elle est belle, la démocratie européenne telle que l’ont mise en scène les dirigeants espagnols et catalans. Et telle que n’ont pas voulu l’influencer, même pas la commenter ! , les dirigeants européens et de l’UE. »
Dans La Libre Belgique, Hubert Leclercq, fait le même constat au lendemain du scrutin. « Le Premier ministre espagnol, déjà en sursis politiquement, pourrait ne pas survivre à ce dimanche et à cette image, terrible, de cette dame d’un certain âge, les cheveux blancs maculés d’un épais filet de sang ». C’est, selon l’éditorialiste, « toute l’Espagne qui a perdu. Une certaine image de l’Europe, aussi ». Dans La Dernière Heure, Alexis Carantonis fustige lundi « des méthodes dictatoriales que personne ne veut voir en Europe », importées par le gouvernement espagnol. « Hier, un homme a perdu: Mariano Rajoy. Un concept, aussi: la démocratie », conclut-il encore.
Philippe Martin dans L’Avenir, critique aussi Madrid pour son recours à la « force indigne », alors que plus de 90 personnes ont été blessées dans les interventions policières. « En Catalogne, l’irréparable a été commis, nous donnant à voir des images que l’on n’avait plus vues depuis plus de vingt ans en Europe et qui rappellent les heures sombres de l’Espagne franquiste ». « Pour l’opinion publique, même bien au-delà des frontières régionales, le gouvernement de Mariano Rajoy restera celui qui a opposé la violence des armes à l’expression démocratique des bulletins de vote », résume-t-il.
Même ton dur dans la presse flamande :
« Qui a vu les images d’hier, aurait cru à une dictature sud-américaine dans les années 70. Mais c’est bien l’Espagne en 2017 », observe aussi avec effroi la rédactrice en chef de la Gazet van Antwerpen, Kris Vanmarsenille. « Chaque coup de matraque de la police a rendu le fossé encore plus infranchissable », note Bart Eeckhout, le rédacteur en chef De Morgen. Les éditorialistes Jean Vanempten dans De Tijd et Luc Van der Kelen dans Het Laatste Nieuws dénoncent le silence européen au sujet des évènements en Espagne, et apprécient le commentaire du Premier ministre belge, Charles Michel, seul à condamner les scènes de violence dans un appel au dialogue politique. Une sortie à succès (16.000 retweets, ndlr) « brisant l’omerta », mais que « certains mettront sur le compte de l’obligation de faire un geste envers les indépendantistes flamands qui constituent le poids lourd de sa majorité », relève encore M. Kuczkiewicz dans Le Soir.
Rares sont en revanche les parallèles réalisés avec les aspirations séparatistes flamandes dans les éditos de l’autre côté de la frontière linguistique. Seul Bart Brinckman dans De Standaard estime que le gouvernement espagnol doit « avoir de la compréhension face aux aspirations catalanes à l’autonomie voire à l’indépendance », mais que « les Catalans doivent aussi réaliser que le séparatisme ne se fait pas sur commande ». Pour combien de temps encore ?
L’OMBRE DE LA CATALOGNE PLANE SUR LA FLANDRE
« En Espagne, l’organisation d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne attise les tensions entre la région autonome et le pouvoir central. Un face-à-face qui n’est pas sans rappeler les tensions communautaires qui agitent la Belgique (…) Et si l’ensemble de l’Europe suit avec appréhension l’escalade en Espagne, les tensions entre la Catalogne et le pouvoir central espagnol ont un goût amer pour la Belgique. Difficile d’oublier les tensions communautaires exacerbées de 2008, avec la revendication par une partie de la classe politique flamande de l’indépendance de la région », commente Paris Match …
C’est avec un « Avui som tots Catalans ! » (« aujourd’hui, nous sommes tous Catalans ») que Jan Peumans, président du parlement flamand, a accueilli sa consoeur du parlement catalan Carme Forcadell i Lluis ce mercredi. « Le pouvoir central à Madrid ferait mieux de traiter de manière démocratique les aspirations légitimes de la Catalogne et d’écouter la voix du peuple », a ajouté Jan Peumans. « Lorsque les résultats du referendum seront connus, tout le monde devra s’y plier, y compris l’Union européenne. Les forces conservatrices, et parmi elles un ancien président du Conseil européen issu de ce pays, ont proclamé dans le passé qu’un pays qui se sépare de la mère patrie quitte automatiquement l’Union européenne. Une telle menace peut uniquement être interprétée comme une épée dans les reins, soufflée par des hommes de pouvoir réactionnaires ». Et l’élu N-VA d’affirmer « reconnaître ses idéaux dans le combat catalan » !
Notes :
(1) Voir sur EODE/ OBSERVATOIRE DES ELECTIONS/
VERS LES ELECTIONS DE 2018-2019 EN Belgique (II) : POURQUOI LES ELECTIONS COMMUNALES A ANVERS SONT CAPITALES POUR LE PAYS TOUT ENTIER ?
(2) Voir sur EODE/ OBSERVATOIRE DES ELECTIONS/
VERS LES ELECTIONS DE 2018-2019 EN BELGIQUE (I) : COMMENT LE RESULTAT DES ELECTIONS EN FLANDRE CONDITIONNERA LA FUTURE MAJORITE FEDERALE …
(Sources : Belga – Presse belge – Paris Match – EODE Think Tank)
Photo :
Le drapeau catalan flotte en compagnie du drapeau flamand sur la présidence du Parlement régional flamand à Bruxelles.
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