2023 08 16
À la fin de leur sommet extraordinaire organisé à Abuja, au Nigeria, les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest ont ainsi annoncé jeudi soir la mobilisation et le déploiement de « la force en attente de la CEDEAO pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger », comme l’a déclaré le président de la Commission, le Gambien Omar Touray. Et d’ajouter, néanmoins, que « la priorité est donnée à la résolution pacifique » de la crise.
L’intervention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Niger pourrait déboucher sur un état de guerre dans toute l’Afrique, a déclaré Antinekar al-Hassan, conseiller politique du Président nigérien déchu Mohamed Bazoum. « Je ne pense pas que la CEDEAO commette cette erreur en intervenant militairement au Niger, car si elle intervient militairement, cela signifie que toute l’Afrique sera en guerre », a-t-il indiqué.
Luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d’explications et la chronologie du dossier.
NIGER: LA CEDEAO COMMETTRA-T-ELLE UNE ERREUR DE TROP ?
Ce jeudi 10 août, les quinze pays d’Afrique de l’Ouest réunis au sein de la CEDEAO ont pris une décision qui les rapproche d’une intervention militaire au Niger.
La CEDEAO menace donc clairement le Niger d’intervention militaire.
En effet, dès les premières heures du coup d’état nigérien, dans des courriers communs adressés à l’ONU et à l’Union africaine (UA), les ministres malien et burkinabè des Affaires étrangères ont appelé les organisations internationales à leur responsabilité pour empêcher toute intervention militaire au Niger.
Dans leur courrier, les chefs des diplomaties malienne et burkinabè « réitèrent leur ferme condamnation de toute intervention militaire de la CEDEAO ». Ils estiment, sans citer nommément de pays, que cette perspective « cache mal les agendas de puissances étrangères prêtes à aggraver une situation sécuritaire déjà précaire. »
Les représentants de Ouagadougou et Bamako dressent un parallèle avec l’intervention occidentale de 2011 en Libye, qui « a causé l’effondrement de l’État et la déstabilisation du Sahel ». Côté CEDEAO, le 8 août, le porte-parole du président nigérian Tinubu a assuré que la diplomatie est la meilleure voie à suivre pour résoudre la crise au Niger, mais aucune option n’est écartée par les pays de la région.
Pour les ministres malien et burkinabè des Affaires étrangères, la persistance de l’organisation ouest-africaine, « dans cette approche contre-productive », « conduirait à la dislocation de la CEDEAO ». Ils en appellent donc « à la responsabilité de l’ONU et l’Union africaine » pour empêcher, disent-ils, « une action armée contre un État souverain » dont « l’ampleur des conséquences serait imprévisible ».
Les heures à venir sont donc décisives dans cette affaire.
La CEDEAO commettrait-elle l’erreur de trop à savoir mener une intervention militaire au Niger au risque de faire effondrer toute l’Afrique dans une nouvelle crise ?
LES SANCTIONS DE LA CEDEAO, UN «DESASTRE» POUR LA POPULATION NIGERIENNE
Le Niger est capable de « surmonter » les sanctions imposées à la suite du coup d’État, a assuré ce lundi 14 août le Premier ministre nommé par la junte au pouvoir, alors que l’Union africaine (UA) annonce sa réunion à Addis Abeba.
Ali Mahaman Lamine Zeine, désigné Premier ministre le 7 août par les auteurs du coup d’État au Niger, a estimé que les mesures mêmes si « injustes » de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne devraient pas poser de problème et qu’ils seront « capables de les surmonter ».
Ali Mahaman Lamine Zeine a par la suite fait allusion au Nigéra et à la CEDEAO, en tant partenaires importants du Niger précisant qu’il y avait tout intérêt à préserver la relation historique et essentielle et de faire en sorte à ce que la CEDEAO travaille d’abord sur des questions purement économiques.
Néanmoins, il n’a pas manqué de prévenir qu’il serait regrettable qu’au lieu de cette solidarité économique, le plan militaire et politique venait à passer au premier plan.
La junte a dénoncé « les sanctions illégales, inhumaines et humiliantes de la CEDEAO », prises lors d’un sommet de l’organisation le 30 juillet après le coup d’État du 26 juillet qui a renversé le président Mohammad Bazoum.
La CEDEAO a suspendu entre autres toutes les transactions financières et a fermé les frontières du pays, empêchant ainsi l’importation des articles nécessaires au Niger, qui est l’un des pays les plus pauvres du monde.
Ces sanctions « vont jusqu’à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires » et « d’approvisionnement en courant électrique », ont déploré les militaires dans leur communiqué lu à la télévision nationale.
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