Edité par Luc MICHEL
Et CENTRAFRICA-NEWS-TV/
2023 07 01/

« La Russie libératrice de l’impérialisme occidental ; ce récit se construit sans aucun doute sur le passé soviétique », relève Tatiana Smirnova (…) Un récit qui aujourd’hui trouve écho dans une partie de l’opinion publique africaine, frustrée par l’échec des processus démocratiques inaboutis engagés à la sortie de la guerre froide. »

« DE L’HERITAGE SOVIETIQUE AUX RESEAUX SOCIAUX, COMMENT LA RUSSIE S’EST IMPLANTEE EN AFRIQUE »

Le 2e sommet Russie-Afrique se tiendra les 27 et 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. Vladimir Poutine y a convié l’ensemble des chefs d’État et de gouvernements du continent. Son objectif, ouvertement affiché, renforcer le partenariat entre Moscou et le continent.

CENTRAFRIQUE, UN LABORATOIRE POUR LA RUSSIE

Depuis une dizaine d’années en effet, l’influence de Moscou en Afrique n’a cessé de croître. D’abord sur le plan militaire avec dès 2017 l’arrivée des paramilitaires en Centrafrique. Ce petit pays de cinq millions et demi d’habitants, sans accès à la mer, a servi de laboratoire à la Russie pour parfaire sa stratégie. Une stratégie à l’œuvre au Mali et qu’elle compte développer dans la région comme par exemple au Burkina Faso.

Nous sommes fin 2017. Profitant du départ des militaires français, la Russie prend pied en Centrafrique. La Rsussie intervient pour protéger le régime fragilisé du président Faustin-Archange Touadéra et fait rapidement de ce pays son laboratoire.

Dans son discours du 13 juillet 2016, devant les officiers français réunis à l’hôtel de Brienne à la veille de la Fête nationale, le président François Hollande annonce la fin de l’intervention militaire française en Centrafrique. « Nous avons pu conjurer le risque de désagrégation de ce pays, ose-til sans vergogne. Le chef de l’État précise : « En octobre prochain, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, se rendra donc en Centrafrique pour prononcer officiellement la fin de l’opération Sangaris ».

L’annonce du retrait militaire français est une opportunité pour Moscou qui veut accroître son influence en Afrique. Dès 2017, le Kremlin propose à Bangui une offre sécuritaire complète. « La question des livraisons d’armes a été la porte d’entrée pour Moscou, puisque la Centrafrique était sous un embargo de l’ONU ».

« UNE TRES MAUVAISE APPRECIATION DE LA POLITIQUE RUSSE PAR PARIS »

Pour que les Forces armées centrafricaines (FACA) reçoivent des armes, il fallait en effet un accord du Conseil de sécurité. « C’est là que la Russie est intervenue et a obtenu, en tant que membre du Conseil de sécurité, une exemption pour cette livraison d’armes », explique le chercheur qui souligne qu’avec cette livraison d’armes, s’est logiquement posée la question de la formation. « Les instructeurs paramilitaires sont alors arrivés. C’était un package : armes et formation ».

Paris était aussi engagé à l’époque au Mali avec l’opération Barkhane, et ne voulait pas, par conséquent, avoir la charge de deux missions en même temps. La France « a en fait sacrifié, il faut le dire, la Centrafrique à l’opération au Mali ».

Cinq ans après leur arrivée, les Russes ont rempli le contrat sécuritaire initialement proposé.

les paramilitaires sont parvenus à former et équiper certains bataillons de l’armée centrafricaine.

GUERRE MEDIATIQUE ET BATAILLE DE L’OPINION

En Afrique, ces dernières années, au fil des guerres et des coups d’État, des gouvernements pro-russes ont pris le pouvoir. En République centrafricaine, au Mali, les paramilitaires russes occupent aujourd’hui le terrain, demain peut-être au Burkina Faso.

En Afrique, la stratégie de la conquête russe repose sur deux piliers, la sécurité et l’information. C’est là qu’interviennent ces influenceurs. En une dizaine d’années, ils ont réussi à convertir une partie de l’opinion africaine au bien-fondé de l’arrivée de Moscou dans le pré carré français.

« En Afrique de l’Ouest, les gens avaient cette image extrêmement péjorative de la Russie comme un pays où lorsqu’on a la peau noire, on risque sa vie. Et en l’espace de quelques années, l’image de la Russie a complètement changé », explique Kevin Limonier, spécialiste du cyberespace russophone.

Les Russes sont venus se fixer sur un certain nombre de malaises de mal-être des sociétés africaines qu’ils ont réussi de manière strictement opportuniste à amplifier. Et c’est à partir de ce moment-là que l’on va avoir un certain nombre de personnes, des gens qui vont surfer sur cette image positive que la Russie avait réussi à se construire sur les réseaux sociaux pour y rajouter du récit géopolitique, c’est-à-dire l’idée de dire que la Russie est la dernière grande puissance anticoloniale.

« La Russie livre-t-elle une guerre par procuration contre la France en Afrique? », interroge Le Figaro (ce 3 février) :
« En parallèle à sa guerre en Ukraine, Moscou prend position dans l’ex-pré carré français en s’inspirant des pratiques qui ont fait d’elle le maître du jeu en Syrie. Le Burkina Faso a demandé à la France de retirer ses forces spéciales engagées dans le combat contre le djihadisme dans le Sahel. Ce retrait s’inscrit dans une tendance au repli de l’ancienne puissance coloniale en Afrique alors que la Russie à travers le groupe Wagner mène une offensive idéologique sur le continent pour parachever son implantation militaire. »

« LA RUSSIE EST-ELLE EN TRAIN DE CHASSER LA FRANCE DU CONTINENT AFRICAIN? » (LE FIGARO)

« Oui. Avec un effet domino qui pourrait atteindre plusieurs pays. Après la République centrafricaine et le Mali en 2022, l’armée française quitte le Burkina-Faso, partout chassée par Wagner et les pouvoirs locaux. (…) Dans les trois capitales, les drapeaux russes fleurissent sur les bâtiments officiels et le sentiment anti
français s’enflamme. Depuis plusieurs années, les mercenaires russes de Wagner sont aussi implantés en Libye, aux côtés du maréchal Haftar. »

Le 15 août 2022, poussés dehors par la junte au pouvoir à Bamako, les derniers soldats de l’opération Barkhane quittaient le territoire malien. Nouvel affront pour Paris : le 24 janvier 2023, la junte burkinabè demandait le retrait sous un mois des forces spéciales françaises de l’opération Sabre stationnées au Burkina Faso… Deux pays dirigés par des putschistes, deux pays où Moscou avance ses pions via les mercenaires de Wagner.

Quelles sont les leçons à tirer de cette guerre «anti-terroriste» menée par Barkhane au Sahel pendant 9 ans ? Pourquoi cette montée du sentiment anti-français dans la région ? Est-ce un épiphénomène ou le signe qu’une page se tourne, que l’Afrique veut désormais être maîtresse de son destin et de ses alliances, même si elles déplaisent aux Occidentaux. Dans ce contexte, quelle stratégie à présent pour la France au Sahel et y a-t-elle encore un rôle à jouer ?

LES RESEAUX PRO-RUSSES, DONT LE PRINCIPAL EST « RUSSOSPHERE » ‘BBC) SONT AUJOURD’HUI BIEN UTILE POUR LE KREMLIN

« Plusieurs médias russes sont interdits depuis que Moscou a envahi l’Ukraine et cela permet à Moscou de contourner cet obstacle. Un des objectifs de « Russosphère » est ainsi de briser les liens entre la France et les pays africains, dans la continuité de ce que faisait déjà la Russie », écrit le grand hebdo belge TéléMoustique.

« CETTE STRATEGIE SEMBLE PORTER SES FRUITS »

« Si son influence réelle est difficile à estimer avec précision, cette stratégie semble porter ses fruits. Le Mali a déjà expulsé les soldats français qui avaient pourtant aidé Bamako à se débarrasser des indépendantistes islamistes de l’Azawad. Dernièrement, après un coup d’État au Burkina Faso, les forces spéciales françaises viennent d’y être déclarées persona non grata. Au même moment, les drapeaux russes flottaient dans le pays. »

Entre-temps, les régimes militaires du Mali et du Burkina Faso ont intensifié leurs contacts diplomatiques avec la Russie et le groupe Wagner, de plus en plus influent, dont la présence et l’influence augmentent de manière significative dans la région du Sahel. Le Tchad, le Niger et d’autres pays du Sahel et des régions voisines sont également ciblés par le gouvernement russe, qui cherche à renforcer ses liens diplomatiques en Afrique dans le contexte de la poursuite de sa guerre en Ukraine.

L’UE a récemment lancé une série de programmes visant à lutter contre ce que la Commission européenne décrit comme la « désinformation » russe sur les réseaux sociaux au Sahel (sic).

Luc Michel considère « que les pays africains ont tout intérêt à se détacher de leurs anciens colonisateurs européens et à développer des liens plus étroits avec la Russie. Le Belge a déjà participé à des campagnes similaires en Libye, en République centrafricaine, au Tchad, en Guinée équatoriale et au Burundi, où il a brièvement travaillé comme conseiller de l’ancien président Pierre Nkurunziza. Il a également pris part à des campagnes en ligne visant à légitimer les référendums non officiels dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie. » Il estime « que les pays africains doivent se libérer de leur ancien colonisateur occidental et renforcer leurs liens avec la Russie »

Dans les années qui ont précédé l’invasion russe de l’Ukraine, le nombre d’adeptes de Michel a augmenté régulièrement en Afrique, mais depuis février de l’année dernière, le nombre d’adeptes de la russosphère dans ces pays a explosé, à plus de 80 000.

Selon les experts de la Fondation Konrad Adenauer, une Ong liée aux services secrets BND de Berlin, l’effet de telles campagnes en ligne ne doit pas être sous-estimé. Ils disent que la désinformation russe a contribué à l’expulsion des troupes françaises du Burkina Faso et du Mali, également un objectif de Michel : « Je pense que la Russie devrait remplacer les Français dans toute l’Afrique », a déclaré le Belge. Des rapports diffusés par la Russosphère accusent les Français de « colonialisme moderne ».

Fin novembre de l’année dernière, il a déclaré à l’hebdomadaire Humo : « Je mène une guerre de communication avec un groupe de stations de radio et de télévision et tous les médias sociaux possibles. Et je peux vous dire : ça se passe bien. La Russie a gagné la guerre des communications en Afrique. »

SELON L’OFFICINE BRITANNIQUE LOGICALY, « ET LA BBC, L’INFLUENCE DE LA RUSSOSPHERE DANS LES PAYS AFRICAINS COMME LE MALI ET LE BURKINA FASO EST CONSIDERABLE »

« Il s’agit d’une opération d’influence à grande échelle avec des adeptes dans toute l’Afrique », a déclaré le chercheur Kyle Walter à la BBC. Le but de la campagne de propagande, selon les chercheurs de Logically, est clair : discréditer la France dans les pays africains avec lesquels elle entretient traditionnellement des relations étroites et empêcher les dirigeants africains de rejoindre l’alliance occidentale qui soutient l’Ukraine ».

Alain PIROT, Journaliste de France5, dit lui de Luc Michel :
« Nous réalisons (…) l’analyse du phénomène des Cyber Influences en France et dans le Monde. Notamment l’impact que peuvent avoir des vidéos, des informations, sur les opinions publiques, quand elles sont distillées à travers des canaux bien identifiés. Votre nom et vos comptes de réseaux sociaux, figurent parmi les 5 cinq premiers influenceurs sur facebook et sur twitter, autour d’une thématique centrale, celle de la présence française en Afrique, à travers notamment l’actualité de l’opération Barkhane et des dernières évolutions. Compte tenu de l’annonce du retrait français, il est évident que vos communications ont eu un effet concret sur les opinions publiques. Pour comprendre les raisons de votre engagement, votre organisation sur les réseaux sociaux, qui déterminent ainsi cette incroyable influence que vous pouvez avoir sur les opinions publiques au Mali, au Burkina Faso, au Cameroun et en Côte d’Ivoire. »

** voir Luc Michel dans l’émission « Cyber : la guerre est déclarée » de C’dans l ‘air du 09.10.2022 sur
https://www.youtube.com/watch?v=2zICKafh84o&t=17s

DES RESEAUX SOCIAUX A LA RUE AFRICAINE

« Il est difficile d’évaluer l’impact de campagnes de désinformation spécifiques, mais en Afrique, le message pro-russe est entendu – amplifié, selon les analystes, par des influenceurs locaux cultivés par la Russie ».

« Le succès de gens comme Luc Michel est dû à son opposition à la France. Il puise dans de vrais griefs sur le terrain », explique Kevin Limonier, maître de conférences à l’Université Paris-8 et agent d’influence du service secret de l’US Navy.

« La désinformation russe a été un facteur qui a contribué à chasser les forces françaises des pays du Sahel, en particulier du Burkina Faso », selon Ulf Laessing, de la Fondation Konrad Adenauer.

LUC MICHEL :
« JE PENSE QUE LA RUSSIE DOIT REMPLACER LES FRANÇAIS DANS TOUTE L’AFRIQUE »

Cela rejoint directement les objectifs de M. Michel. « Je pense que la Russie doit remplacer les Français dans toute l’Afrique », a-t-il déclaré à la BBC.

« Estimer l’impact des opérations d’information est quasiment impossible », explique M. Limonier, expert des campagnes d’influence du Kremlin.

Mais une chose est claire : de telles opérations inquiètent l’Occident.

A Paris, selon M. Limonier, « les diplomates et les militaires, ils le lisent, ils le voient et ils disent : ‘Oh mon dieu' ».

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