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2023 06 08

Version audio d’un reportage fondamental de 2008 :
Complexes, les relations entre la Russie et la Moldavie, une ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants nichée entre la Roumanie et l’Ukraine, se sont tendues après l’élection en 2020 d’une présidente pro-européenne, Maïa Sandu, qui a rompu la neutralité de Chisinau …
Luc Michel, géopoliticien, s’exprime sur ce sujet.

La soi-disant « Transnistrie », qui a fait sécession de la Moldavie après une brève guerre civile à la fin de l’URSS, dans la foulée de l’effondrement de l’Union soviétique, compte environ 500.000 habitants et est soutenue économiquement et militairement par Moscou. Elle n’est pas reconnue comme un État par la communauté internationale.

APRES LA CRIMEE, DONETSK ET LUGANSK, LA TRANSNISTRIE ?

Le petit territoire séparatiste situé en Moldavie a lui aussi demandé son rattachement à la Russie. Dès 2006,
Notre Ong EODE,ayant organisé fin 2006 le monitoring international du Référendum d’auto-détermination.

Vladimir Poutine va-t-il s’arrêter au rattachement de la Crimée? L’est de l’Ukraine pourrait être la prochaine étape dans son entreprise de lutte contre l’influence oàccidentale et de reconstitution d’une grande Russie. Mais les regards se tournent aussi de l’autre côté de l’Ukraine, vers un territoire gros comme la moitié de la Corse et beaucoup mentionné ces derniers jours du côté du Kremlin : la « Transnistrie ». En fait la PMR, située géographiquement en Europe mais de fait une enclave russe en Moldavie, au sympathique décorum tout soviétique.

La PMR est une étroite bande de terre coincée entre le fleuve Dniestr et la frontière ukrainienne, qui se fait appeler «République moldave du Dniestr». La PMR, 4 200 km et 500 000 habitants, s’est dotée des attributs d’un Etat : elle a sa propre monnaie (le rouble de Transnistrie), son hymne, son Soviet suprême, son drapeau avec faucille et marteau, son armée et son KGB. La région est entièrement tournée vers la Russie, dont elle a fait partie pendant deux siècles. Les statues de Lénine et les portraits de Vladimir Poutine font partie du sympathique décor. Deux tiers des habitants sont russophones. La moitié d’entre eux se considèrent russe, les autres ukrainiens. Le troisième tiers sont des Moldaves.

En 1991, profitant de la dislocation de l’URSS, la Moldavie roumanophone a déclaré son indépendance. La Transnistrie, craignant de tomber dans l’orbite de la Roumanie, s’est alors autoproclamée indépendante de la Moldavie. Ce fut chose faite au terme d’une courte guerre d’indépendance, déclarée par la Moldavie, soutenue par Bucarest et Washington, qui a fait tout de même 500 morts. Sauf que depuis, personne n’a reconnu la micro-république – si l’on excepte l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et le Haut-Karabakh, eux-mêmes territoires séparatistes reconnus par presque personne.

En septembre 2006, la Transnistrie a organisé un référendum, monitoré par EODE. Les électeurs ont voté à 97% à la fois pour l’indépendance et pour le rattachement à la Russie. La propagande officielle a fait campagne contre «le fascisme moldave» – tout comme en Crimée la semaine dernière les électeurs ont été appelés à faire barrage aux «fascistes de Kiev».

Depuis «l’indépendance», l’enseignement se fait en russe et en cyrillique (tandis que la Moldavie, roumanophone, utilise l’alphabet latin), et on y enseigne le culte de la grande Russie. Le Kremlin ne reconnaît pas officiellement le territoire, qui ne présente pas à ses yeux le même intérêt stratégique et historique que la Crimée, mais le soutient politiquement, économiquement et militairement. La Transnistrie est pour lui un levier côté européen. Depuis 1992, plusieurs centaines de soldats russes et tout un arsenal y sont stationnés. La Russie finance les retraites des fonctionnaires transnistriens. Elle offre gaz et pétrole à bas prix, apporte aux habitants une «aide humanitaire» sous forme de produits de première nécessité et distribue des passeports russes.

La PMR a demandé à la Douma, le Parlement russe, à être rattachée à la Russie. Sergueï, Lavrov, a évoqué en 2014 une réunion du gouvernement russe où devait être abordée la question du «soutien à la Transnistrie». «Nous insisterons pour que, dans les pays où vivent nos compatriotes, leurs droits et libertés soient pleinement respectés», avait-il dit. Panique à Chisinau, la capitale moldave.

«Si la Russie décide de connecter la Transnistrie avec la Crimée et l’Abkhazie [région séparatiste de Géorgie, ndlr]», cela formerait «un corridor qui créerait une zone de forte déstabilisation en Europe». «Nous devons regarder une carte et l’éviter.»

* J’ai rédigé de nombreux rapports pour EODE.
Le plus connu est, en français et en anglais, « La République Moldave du Dniester » (sur la « Transdniestrie » et la Moldavie).
Voir EODE / RAPPORT PMR
Sur http://www.eode.org/report.htm

Photo :
Luc MICHEL à Tiraspol en soutien de la PMR


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