LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2017 08 25/

LE PRIX DE LA GUERRE AMERICAINE EN UKRAINE : « LA FIN DE L’INSOUCIANCE » DE MACRON

Emmanuel Macron a pris la parole ce mercredi 24 août en ouverture du conseil des ministres de la rentrée politique. Ses propos faisaient écho à ceux prononcés à Bormes-les-Mimosas, quand il avait demandé aux Français « d’accepter de payer le prix de la liberté ». « Nous assistons à une grande bascule, nous vivons la fin de l’abondance, la fin de l’insouciance », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Notre régime de liberté (sic) a un coût, qui peut exiger des sacrifices. »

« Le moment que nous vivons peut sembler être structuré par une série de crises graves […] et il se pourrait que d’aucuns voient notre destin comme étant perpétuellement de gérer les crises ou des urgences. Je crois pour ma part que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule ou d’un grand bouleversement », a déclaré Emmanuel Macron lors de cette allocution devant les ministres, exceptionnellement retransmise.

Alors que, face à cette situation, « nos compatriotes peuvent réagir avec beaucoup d’anxiété », il a appelé les membres du gouvernement à « dire les choses », à « nommer avec beaucoup de clarté et sans catastrophisme ». « J’attends du gouvernement le respect de la parole donnée et des engagements que nous avons pris à l’égard de la nation », a-t-il ajouté.

Face à « la montée des régimes illibéraux » et « le renforcement des régimes autoritaires », le président a appelé les ministres au « sérieux », à « la crédibilité » et à ne pas céder à la tentation de la « démagogie ».

« Il est facile de promettre tout et n’importe quoi, parfois de dire tout et n’importe quoi. Ne cédons pas à ces tentations, c’est celle de la démagogie. Elles fleurissent dans toutes les démocraties aujourd’hui, dans un monde complexe qui fait peur. Cela peut toujours sembler séduisant de dire ce que les gens veulent entendre […], mais il faut d’abord raisonner en se demandant si c’est efficace et utile », a-t-il ajouté, sans citer d’exemples concrets.

LE COMPLICE DE MACRON, FRANÇOIS BAYROU, CONFIRME LE PRIX DE LA GUERRE AMERICAINE EN UKRAINE : « NOUS ALLONS VERS LA CRISE LA PLUS GRAVE QUE LA FRANCE AIT CONNUE DEPUIS LA GUERRE »

Le haut-commissaire au Plan, président du MoDem et maire de Pau, devrait jouer un rôle clé dans la relance présidentielle. Il s’explique au « Point ».

Le soutien du patron du MoDem, trois fois candidat à la présidentielle – avec un score de 18,5 % en 2007 et 9,1 % en 2012 – fut décisif pour l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. François Bayrou devrait jouer cette fois l’un des rôles clés dans la relance annoncée par le chef de l’État au début de ce second quinquennat, dans un contexte national et international très tendu : Emmanuel Macron a demandé que le Conseil national de la refondation, installé à partir du 8 septembre, démarre ses travaux en s’appuyant sur les études du haut-commissariat au Plan, que dirige François Bayrou. Celui qui est également maire de Pau a accordé au Point son premier grand entretien depuis des mois, sans rien éluder de sa forte inquiétude, de ses relations avec le président, des dossiers chauds de la rentrée …

GUERRE EN UKRAINE: LES PROSTITUEES DE SWASHINGTON HAUSSENT LE TON

La France a ainsi appelé à ne rien céder à Moscou ! Le président français Emmanuel Macron lui aussi a haussé le ton mardi, exhortant la communauté internationale à ne faire montre d' »aucune faiblesse, d’aucun esprit de compromission » face à la Russie. Les Européens sont prêts à soutenir le « combat » de l’Ukraine « dans la durée », a-t-il ajouté à l’attention de Volodymyr Zelensky, s’adressant au sommet de la « plateforme de Crimée », qui réunit les principaux alliés de l’Ukraine et qui existait déjà avant l’invasion du 24 février.

Dans leurs messages, les autres dirigeants occidentaux ont également continué à fermement condamner l’offensive russe.

« Nous ne reconnaîtrons jamais aucune tentative de changement de statut de quelque partie de l’Ukraine que ce soit », a ainsi martelé le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le pays en crise économique va livrer à Kiev pour environ 500 millions d’euros de nouveaux armements.

« Nous devons continuer à fournir à l’Ukraine toute l’aide (économique, militaire, etc.) nécessaire jusqu’à ce que la Russie mette fin à cette guerre et retire ses troupes de toute l’Ukraine », a renchéri le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Le président russe Vladimir Poutine mise sur « la réticence » des Européens à supporter les conséquences de la guerre et l’unité des Etats membres doit être « maintenue au jour le jour », a dans ce contexte souligné le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, au cours d’un entretien avec l’AFP.

LES GUERRES AMERICAINES

Des « guerres de Yougoslavie » (1991-1999) jusqu’à l’Ukraine en 2022, les USA, servilement suivi par les politiciens de l’OTAN, se sont engagés dans une série de guerre contre les intérêts de la Grande-Europe (1). Après la Yougoslavie, il y aura l’Afghanistan, l’Irak, le soi-disant « printemps arabe » et aujourd’hui l’Ukraine. Où les valets européens de Washington ont contribué directement à la destruction de leurs alliés géopolitiques potentiels, aux systèmes socio-politiques les plus proches d’eux. Des jeunes européens – et notre cœur saigne devant leur sacrifice inutile au service d’intérêts qui ne les concernent en rien – sont allés et vont mourir toujours pour Washington !

LES GUERRES AMERICAINES CONTRE LA ‘GRANDE-EUROPE’

Les guerres des USA sont en effet des guerres contre la « Grande-Europe » (de Vladivostok à Reykjavik, le concept géopolitique d’où est issu le Néoeurasisme) et pour la domination de l’Eurasie au XXIe siècle. Ce qui implique aussi le contrôle des sources d’énergie (Pétrole, Gaz, Uranium) et de leurs voies d’acheminement.

Le grand théoricien de l’impérialisme américain au XXIeme siècle est Zbigniew BRZEZINSKI (2) dont le domaine est la géostratégie et la géopolitique et qui publie “The Grand Chessboard” en 1997, titré en français “Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde” pour son édition française. La réflexion de BRZEZINSKI est centrée sur les conditions géopolitiques de la puissance américaine et de son contrôle sur l’Eurasie, le “grand échiquier” où Washington doit éliminer tout rival potentiel ou réel.

Pour maintenir leur leadership, qui n’est rien d’autre que la domination mondiale, les USA doivent avant tout maîtriser le “grand échiquier” que représente l’Eurasie, où se joue l’avenir du monde. Cette maîtrise repose sur la sujétion de l’Europe occidentale, étroitement liée aux USA dans un ensemble politico-économique occidental, la communauté atlantique cadenassée par l’OTAN. Le géopoliticien de la « Grande-Europe » Jean THIRIART (3) parlait de l’OTAN « non comme d’un bouclier mais d’un harnais pour l’Europe ». Elle repose aussi sur l’isolement de la Russie qu’il faut affaiblir irrémédiablement et démembrer.

Le danger mortel pour les USA, puissance extra-européenne à l’origine de par sa situation même, serait d’être expulsée d’Europe occidentale, sa tête de pont en Europe. Dans cet objectif, tout rapprochement de l’Europe et de la Russie, toute union eurasienne, sans même parler de fusion comme l’évoquait THIRIART et notre « Ecole Euro-soviétique » de Géopolitique (1982-1992), doit être empêchée par tous les moyens.

Zbigniew BRZEZINSKI écrit : “L’Europe est la tête de pont géostratégique fondamentale de l’Amérique. Pour l’Amérique, les enjeux géostratégiques sur le continent eurasien sont énormes. Plus précieuse encore que la relation avec l’archipel japonais, l’Alliance atlantique lui permet d’exercer une influence politique et d’avoir un poids militaire directement sur le continent. Au point où nous en sommes des relations américano-européennes, les nations européennes alliées dépendent des Etats-Unis pour leur sécurité. Si l’Europe s’élargissait, cela accroîtrait automatiquement l’influence directe des Etats-Unis. A l’inverse, si les liens transatlantiques se distendaient, c’en serait finit de la primauté de l’Amérique en Eurasie.” Tout ceci est plus que jamais actuel. Et les discours simpliste sur le « recentrage géopolitique sur le pacifique » sont une erreur grave d’appréciation. Ce qui fait la superpuissance américaine, depuis 1945, c’est l’addition des deux économies nord-américaine et européenne.

UN IMMENSE CHAOS GEOPOLITIQUE

Les guerres au Sahel ou contre la Jamahiriya libyenne, comme celles contre l’Afghanistan et l’Irak, sans oublier celle en cours en Ukrainr et contre la Syrie ba’athiste, et avant elles, la guerre d’Afghanistan contre les soviétiques et les « guerres de Yougoslavie » sont avant tout des « guerres contre la Grande-Europe », pour reprendre les termes du Général Von Lohausen, le géopoliticien allemand ami de Jean Thiriart.

Des guerres menées par les collaborateurs « européens » de Washington, les politiciens de l’OTAN et de son appendice politique, la pseudo UE. Une UE qui a échangé un projet pacifique (« plus jamais de guerre entre européens ») pour un environnement géopolitique chaotique et déstabilisateur, qui ne profite qu’à Washington, Tel-Aviv, leurs alliés « arabes » et quelques multinationales.

Le résultat de ce « grand jeu » (de dupes), de l’Afghanistan des Années ‘80 , en passant par les « guerres de Yougoslavie », au « printemps arabe » et à l’Ukraine c’est un immense chaos géopolitique :

L’Europe-croupion de l’UE – qui est devenue tout sauf l’Europe – qui participe avec le sang de ses fils et l’argent de ses économies en crise aux guerres des USA contre la ‘Grande-Europe’, c’est-à-dire contre l’avenir de ses peuples.

La Russie, encore plus encerclée, qui a perdu en 2011 son allié libyen (l’aveuglement de Moscou en Libye et les erreurs des libéraux au sein du gouvernement Medvedev n’a pas été une erreur mais un crime), et a du s’engager directement aux côtés de son allié syrien déstabilisé ; en Afrique, puis en Ukraine. Ce qui a plongé Moscou dans les sanctions occidentales, la guerre économique et l’a éloignée de l’UE, son complément géopolitique.

Les régimes nationalistes révolutionnaires arabes (les alliés géopolitiques naturels de la ‘Grande-Europe’) – Jamahiriya libyenne, Irak ba’athiste, Syrie ba’athiste, Algérie – détruits ou fragilisés.

NOTES :

(1) Le général et géopolitologue autrichien Lohausen (1907-2002), ancien membre de l’Etat major du Maréchal Rommel, proche des patriotes anti-nazis du 20 juillet 1944, s’inscrit dans la suite des thèses géopolitiques de Jean Thiriart sur « l’Europe de Vladivostok à Dublin ». Jordis VON LOHAUSEN a écrit des pages élogieuses sur le projet européen de THIRIART dans les Années 1960-75, sous le titre « REICH EUROPA », en Français « L’EMPIRE D’EUROPE ». Nous avons largement diffusé cette longue analyse publiée en Allemand et l’avons traduite en Français, Anglais, Italien, Espagnol et Russe.
Le livre principal de géopolitique du général, « MUT ZUR MACHT. DENKEN IN KONTINENTEN » (Vowinckel, Berg am See, 1979), traduit pour la petite histoire en Français par une des secrétaires de THIRIART, s’inscrit dans l’Ecole d’HAUSOFER, mais reprend aussi de nombreuses conceptions de THIRIART. LOHAUSEN parle notamment de « l’Europe de Madrid à Vladivostok ». Dans l’exemplaire offert par LOHAUSEN à THIRIART en 1983 (et qui m’a été légué avec sa bibliothèque en 1999) figure la dédicace suivante : « En respectueux hommage à un grand Européen ».
LOHAUSEN a aussi visiblement été influencé par le concept du « Grand Espace continental de Flessingue à Vladivostok » de Ernst NIEKISCH. Dont on méconnaît profondément l’influence sur les jeunes officiers allemands des Années 1930-34, qui recherchaient une alternative au Nazisme (notamment avec les initiatives du Général SCHLEICHER, le « général rouge » qui voulait barrer la route à HITLER avec un Front uni des syndicats, de la Reichwehr et des nationalistes à la gauche du NSDAP », le « Quer front », le Front Transversal).
Pour Lohausen, « l’Europe puissance passe par la réunion de la grande communauté de peuples européens au sein d’un espace continental allant de ‘Cadix à Vladivostok’, il s’agit donc de construire une ‘Europe grand-eurasienne’. »

(2) Disciple de Henry KISSINGER et adepte de la “real politique” comme lui, BRZEZINSKI, d’origine polonaise, est expert au Center for Strategic and International Studies (Washington DC) et professeur à l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Il fut conseiller du président des Etats-Unis de 1977 à 1981. Depuis 2007, il est – avec le financier Georgy Söros – l’un des deux mentors d’Obama.

(3) « A partir des années 1960, Jean Thiriart, le politologue et géopoliticien belge bien connu, a commencé à développer en détail cette thèse d’opposition des deux continents: de l’Europe et de l’Amérique. Plus tard, ses conceptions ont été approfondies par des théoriciens militaires allemands, en particulier, par Jordis von Lohausen (…) ainsi que par certains adeptes de Charles de Gaulle. Le principe de base de cette opposition est le suivant : l’Europe, ensemble avec la Russie, contre les Etats-Unis » (DYENN, n°2 (30), Moscou, 10-18 janvier 1992).

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